Photo : Collège Stanstead / Wikipedia
On entend de plus en plus parler de Prep Schools au Québec. Un niveau d’étude qui n’existe pas dans le système québécois, mais qui fait quand même sa place un peu partout. Le cas récent du Collège Bourget a fait jaser quand on a appris que son équipe de hockey féminin Prep n’a pas obtenu son accréditation auprès de Hockey Québec. Bulletinsportif a voulu en savoir davantage sur ce phénomène. Dossier en trois volets.
D’abord, avant de se lancer dans les tenants et aboutissants du pourquoi et du comment, il faut comprendre ce qu’est un Prep School. Il s’agit d’un diminutif pour Preparatory School, école préparatoire en français. C’est en fait un niveau de scolarité qu’on voit aux États-Unis qui se situe entre le niveau secondaire et l’université. Ce niveau n’est pas obligatoire, mais il permet aux étudiants d’entrer dans l’antichambre des universités en espérant augmenter leurs résultats académiques et le nombre de leurs exploits sportifs afin d’obtenir une bourse d’étude.
Bien entendu, il n’y a pas que les sportifs qui s’inscrivent dans les écoles préparatoires, mais c’est l’élément qui m’intéresse.
Ceci étant, en quoi un modèle américain, qu’on trouve également au Canada, est-il pertinent au Québec qui mise sur les cégeps? Là est toute la question.

L’Arsenal de l’Académie St-Louis offre l’option « Prep School » à ses étudiants
Il faut d’abord comprendre que ce que certains programmes appellent « Prep School » est en fait une 12e année, tout simplement. Si les écoles préparatoires américaines offrent un environnement fastueux et un encadrement comme on en voit dans les films, ce qui est offert ici n’a rien à voir. Ce sont deux mondes.
Claude Trudel a participé à la création de la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS) au Québec et est aujourd’hui consultant auprès de familles qui souhaitent voir leur enfants faire le saut de l’autre côté de la frontière. Il aide de jeunes étudiants-athlètes québécois à se trouver une place au sein des institutions d’élite américaines. Parce que ça peut être compliqué d’être accepté à Choate Rosemary Hall, Woodberry ou St.Paul’s.
« Les Prep Schools, ce sont les meilleures écoles au monde. Les professeurs ont des maîtrises et des doctorats et vivent sur le campus avec leur famille. Ce sont des écoles qui te poussent au maximum et te forcent à sortir de ta zone de confort. Il n’y a pas tout le monde qui est fait pour ça. C’est l’élite. Les Kennedy sont allés à Choate Rosemary», nous explique-t-il.
« Remplir un dossier de candidature, c’est complexe. Je l’ai vécu avec mon propre fils. C’est pourquoi je veux aider les familles qui souhaitent choisir cette voie. Mais c’est moi qui choisis les jeunes avec qui je veux entamer ces démarches. J’observe ceux qui sont les plus talentueux, puis je leur fais passer une entrevue pour voir s’ils ont ce qu’il faut. »
Il ne tarit pas d’éloges envers l’encadrement offert et il faut avouer que ce qu’il raconte est plutôt extraordinaire. Des écoles avec un terrain de golf sur le campus. Des gymnases plus grands et modernes que ceux de l’Université Laval financés par de très grandes sociétés. Des classes de moins de 10 élèves. La possibilité de pratiquer plusieurs sports à la fois.

Chaote Rosemary Hall au Connecticut

Woodberry Forest en Virginie
Trudel explique que ce qu’on trouve au Québec, ce n’est pas la même chose. « Oui, il y a Stanstead et Bishop qui sont de vraies écoles préparatoires, mais ça demeure plusieurs coches en-dessous de ce qu’on peut retrouver aux États-Unis. Pour les autres qui se donnent le nom de «Prep Schools», c’est davantage du marketing que la réalité. Les parents aiment entendre ce mot-là, mais ce qui est offert ici, c’est une 12e année pour les équipes et les athlètes qui ont à voyager pour les compétitions.»
Et c’est effectivement dans la très vaste majorité des cas le modèle de la 12e année qui est proposé aux étudiants québécois quand on parle de «Prep Schools». Toutefois, cette 12e année n’est pas reconnue par le ministère de l’Éducation du Québec. Il faut donc être inscrit à un programme ontarien pour que les cours suivis soient reconnus par les universités canadiennes et américaines. Ici, les établissements du réseau des universités du Québec (UQAM, UQAC, ÉTS, etc.) ne reconnaissent pas ce niveau, les autres oui à certaines conditions.
Au Québec, celui qui fait le lien entre le réseau ontarien et les écoles québécoises qui proposent la 12e année est Scott McLeod, président de la Northern Pre-University (NPU). La NPU est en fait une division de la Ontario Virtual School (OVS) et offre trois curricula, les sciences humaines, le commerce et les sciences naturelles. En pratique, ce sont sept cours que les étudiants inscrits doivent suivre en mode virtuel et qui sont évalués par des professeurs ontariens.
Cependant, avec le réseau collégial québécois, quel est l’intérêt de suivre un programme de 12e année ontarien? Est-ce que ça incite des étudiants à quitter le Québec plus rapidement? Ou au contraire, ce modèle répond-il à un besoin qui permet en fait de les retenir?
De nombreux intervenants ont été consultés pour ce dossier. Le Réseau du sport étudiant, le ministère de l’Éducation du Québec, des responsables de programmes sportifs dans des écoles publiques et privées, la Fondation de l’athlète d’excellence. Leur point de vue sera exposé dans deux articles à venir afin de comprendre ce qu’il y a de bon et ce qu’il pourrait y avoir de moins bon dans cette offre.
Toutefois, nonobstant le côté sur lequel on peut pencher, il n’en reste pas moins que le Québec est entouré de voisins dont le système scolaire est différent. La possibilité d’y voir une avenue est bien réelle. Faut-il donc combattre cette voie, l’encourager ou trouver des façons de les faire cohabiter? À suivre…
Bonjour M.Malo, j’aime beaucoup vos articles en lien avec le sport à l’école. Il y a une phrase que M. Trudel me fait tomber en bas de ma chaise…..
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