Crédit photo : USports
Le Rouge et Or a offert une des performances les plus impressionnantes que nous ayons pu voir depuis belle lurette sur la scène du football universitaire pour mettre la main sur un des deux billets menant à la coupe Vanier. Une victoire de 27-20 qui restera dans les mémoires.
D’abord, rappelons les circonstances. L’équipe de Glen Constantin a vaincu ses grands rivaux les Carabins de Montréal par un petit point sur le dernier jeu du match à la coupe Dunsmore. Grande victoire, mais qu’il ne fallait pas célébrer trop longtemps. Le prochain adversaire était une équipe invaincue qui avait inscrit 360 points en huit matchs, n’en allouant que 115. De surcroît, ils étaient champions en titre de la coupe Vanier. Et pour en ajouter une couche, ça se jouait à leur domicile de London, en Ontario.
Il fallait donc que tout le monde fasse ses valises pour aller s’installer là-bas avant le match disputé samedi. Mais puisqu’un important tournoi de hockey se déroulait au même moment dans la ville des Mustangs de Western, le Rouge et Or a dû se loger à une heure de route du stade. Une situation racontée par le journaliste Jean Carrier du Soleil dans un article publié vendredi.
Le point de presse de la veille du match s’est donc tenu sans la présence physique des représentants du Rouge et Or. Disponible par écran cependant, le receveur tout étoile Kevin Mital a lancé les hostilités en suggérant que Western n’avait pas affronté une vraie offensive durant la saison. Ce que le capitaine de la défensive des Mauves a pris pour un manque de respect. Daniel Valente a promis de lui faire ravaler ses paroles.
Samedi, au stade de l’université Western, les partisans des deux équipes ont pris place pour, le souhaitaient-ils, un match épique entre deux grands programmes. Ils ont été servis.
La rencontre a débuté de façon catastrophique pour les visiteurs.
Après que la défensive ait stoppé Western sur la première séquence, Arnaud Desjardins et sa bande embarquaient sur le terrain pour faire la démonstration promise par Mital. C’était assez bien parti faut-il le dire. En alternant passes et courses Mital, Dansereau-Leclerc, Antoine et Duff faisaient bien avancer le ballon. Parti de sa ligne de 7, le Rouge et Or s’est méthodiquement frayé un chemin jusque dans la zone ennemie. Puis, la chaîne a débarqué comme dirait l’autre.
Le vétéran joueur de centre Nicolas Thibodeau s’est mis à rater ses remises à Desjardins. Une première lorsqu’un manque de communication a fait en sorte que Thibodeau a décoché le ballon alors que son quart regardait ailleurs. Le ballon a été récupérée par le joueur de ligne défensive Bruce Maas. Trois jeux plus tard, Evan Hillock rejoignait Savaughn Magnaye-Jones sur 36 verges. 7-0 Western.
Puis, à leur retour sur le terrain, Thibodeau a raté sa toute première remise alors que le ballon a passé par-dessus la tête de Desjardins. Une perte de 14 verges qui a forcé Laval à dégager deux jeux plus tard. Western a profité de sa bonne position et d’un vent favorable pour répliquer avec un placement de 45 verges. 10-0 Western.
Le Rouge et Or a alors repris le ballon avec l’espoir de replacer les choses. Mais est arrivé ce qu’on ne croyait pas possible, Nicolas Thibodeau a raté une troisième remise. Encore une fois, le ballon est passé au-dessus de la tête de son quart. Le secondeur Lourenz Bowers-Kane a ramassé le cuir pour courir dans la zone des buts. 17-0 Western et nous n’étions qu’au premier quart.
Carl Brennan, l’entraîneur de la ligne offensive, a procédé à un changement. Thibodeau a été déplacé au poste de garde à gauche et Nicolas Guay est venu prendre sa place au centre. À partir de là, le Rouge et Or a pris le contrôle complet de la rencontre. Kalenga Muganda et Kevin Mital ont montré au Canada en entier qu’ils étaient les meilleurs joueurs à leur position. La ligne offensive a montré qu’elle était encore une des grandes forces de cette équipe. Et la défensive a fait un travail extraordinaire pour contenir ce qui était jusque là considéré comme la meilleure attaque au sol au pays. Et les unités spéciales ont réussi des jeux spectaculaires.

Kalenga Muganda / Crédit : Mathieu Bélanger
Une séquence offensive de 70 verges a d’abord mené au placement de 26 verges de Vincent Blanchard au début du deuxième quart. Puis alors que Western souhaitait répliquer, Hugo Larue a bloqué non pas une, mais deux tentatives de placement. Les deux équipes ont retraité au vestiaire à la demie avec un pointage de 17-4.
La deuxième demie a offert un spectacle hors du commun. D’abord le Rouge et Or a inscrit un touché sur une séquence fantastique. Partant de leur 54, les hommes de Glen Constantin ont couru avec force, mais ils ont dû se contenter d’une tentative de placement. Toutefois, Mathieu Bertrand, l’entraîneur des unités spéciales, a sorti un as de sa manche quand il a demandé à Vincent Blanchard de passer le ballon à Étienne Amiot qui a été excellent pour éviter un premier plaqué et donner un premier jeu aux siens. David Dallaire a conclu dès le jeu suivant sur une course de deux verges. 17-11
Après avoir profité de quelques ballons échappés par les receveurs de Western, le Rouge et Or a inscrit le touché qui allait leur donner les devants pour la première fois du match. La séquence a été marquée par des jeux en puissance de Mital et Muganda et par un jeu de passe de 41 verges de Desjardins à Andrew Menzies. Question d’ajouter à la trame dramatique, c’était la première réception en carrière au niveau universitaire pour l’ancien des Spartiates du Vieux-Montréal qui venait d’entrer pour remplacer Frédéric Antoine. Dallaire a terminé le travail grâce notamment à un bloc de Nicolas Thibodeau qui a décroché de son poste pour aller bloquer du côté droit de la ligne. 18-17 Rouge et Or. Un nouveau match.
Une séquence de 18-0 lors des quarts 2 et 3. Mais ce n’était pas terminé. Western a inscrit un placement sur le premier jeu du quatrième quart pour reprendre les devants après que le joueur de ligne de Western Vonmuehldorf ait levé les bras pour couper et récupérer une passe de Desjardins. On a été relativement chanceux chez le Rouge et Or quand Hillock a raté une passe à Magnaye-Jones qui était libre à quelques pas de la zone des buts.
Mais Laval n’allait pas échapper le match après tout ce travail. Muganda et Mital ont continué d’amasser les verges. Vincent Blanchard a réussi trois autres placements de 15, 9 et 28 verges. Et la défensive a continué de faire ce qu’elle avait réussi à faire tout le match, contenir Western.
À deux reprises au 4e quart, Laval a arrêté ses adversaires sur un troisième essai. Desgagné, Rouleau et Lavallée ont réussi de gros jeux pour empêcher la progression de Western.
Cependant, le plus prolifique de tous fut Alec Poirier. Avec 7 plaqués en solo et 10 assistés, le secondeur tout étoile a travaillé de concert avec la ligne défensive pour empêcher Keon Edwards de faire trop de dommages. Une performance qu’il pourra chérir longtemps et qui lui permettra peut-être de grimper de quelques rangs au repêchage de la LCF.

Alec Poirier / Crédit : Mathieu Bélanger
Le match s’est terminé quand le quart Evan Hillock a quitté le terrain sans tenter de passe alors qu’il ne restait plus de temps au cadran. Une erreur mentale du jeune homme qui a semblé ébranlé à certains moments du match.
Quel match, quelle remontée, quelle résilience! La force du mental était au rendez-vous. Et franchement, il faut souligner l’esprit de corps de ce groupe. On en parle depuis un bon moment, mais cette équipe se tient, les joueurs étoiles placent l’équipe avant tout et font leur travail. La façon dont tout le monde s’est relevé les manches après le début de match est phénoménal.
Je ne sais pas si on en a parlé ouvertement ou si c’était implicite, mais tout faire pour gagner avec et pour Nicolas Thibodeau, c’est un message très fort lancé à toutes les équipes et tous les athlètes de sports d’équipe. Quand il y en a un qui va mal, on se met tous ensemble pour l’aider, on ne l’exclut pas. L’équipe n’en sera que meilleure.
Maintenant, il reste la coupe Vanier contre la Saskatchewan. L’équipe est déjà installé pour la semaine dans son nouvel hôtel à London. Go Laval!