Le Centre de services scolaires de la Rivière-du-Nord a annoncé cette semaine la transformation de certains programmes régionaux en profils particuliers. Présentée comme une abolition de la structure, la décision a mené des centaines de personnes à y voir la mort pure et simple des programmes de football, de cheerleading, de hockey, d’informatique et de musique touchés par la mesure. Le directeur général du CSSRDN ne voit pas les choses du même oeil.

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En entrevue téléphonique, M. René Brisson a voulu apporter des clarifications suite à ce qu’il lit et entend depuis quelques jours. « La décision a été prise en accord avec les politiques du ministère de l’Éducation, soit de redonner le pouvoir aux écoles d’établir les programmes et les critères d’admission qui s’y rattachent. Toutes les écoles de notre territoire auront maintenant la possibilité de créer leurs programmes en fonction des besoins et des demandes de leur clientèle. Avec les programmes régionalisés, nous allions à l’encontre de ces politiques. Nous n’avons que rétabli les choses. »

Selon M. Brisson, il y a une mauvaise compréhension des raisons et des objectifs de la décision. « Nous ne voulons pas voir la disparition d’aucun programme, au contraire, nous croyons que plus de jeunes vont maintenant avoir accès à des équipes sportives. Les arguments soulevés concernent beaucoup l’élite et la perte de ces programmes. Mais rien n’empêche une école d’avoir des programmes de haut niveau, si c’est ce que souhaite son conseil d’établissement. »

René Brisson, dg du CSSRDN

« Les écoles auront les moyens d’offrir tous les services de qualité qu’ils souhaiteront. Le principe étant celui de l’utilisateur payeur. Donc, les frais seront pris en charge par les parents », ajoute-t-il.

Je ne suis pas contre le sport, au contraire. Je veux qu’on puisse en offrir encore plus à un plus grand nombre d’élèves. Avec les programmes régionalisés on a fini par trop se concentrer sur l’élite et ce n’était pas l’objectif au départ. Comme centre de services scolaires, on vise d’abord la diplomation et le sport, comme la musique et l’informatique sont d’importants outils pour y arriver. En démocratisant l’accès, nous répondons davantage à notre mission.

René Brisson, dg du CSSRDN

Et pour les élèves qui ont besoin des programmes sportifs des programmes régionalisés pour les aider dans leur persévérance scolaire, que doit-on penser? Ont-ils été laissés pour compte? À cela, René Brisson rétorque : « Il y a de très nombreux élèves en difficulté qui auraient aimé avoir une place dans ces écoles. Mais on a refusé une place à plusieurs d’entre eux pour permettre à un bon élève de jouer. La raison était que ces élèves qui auraient fort probablement profité de cet encadrement n’avaient pas le niveau pour être retenus par les entraîneurs. En remettant le pouvoir dans les mains des écoles, celles-ci pourront bâtir leur programme et intégrer plus de joueurs. »

Est-ce que ce sera si simple de créer des programmes? Où va-t-on trouver les infrastructures pour permettre aux jeunes de pratiquer leur sport? La réponse n’est pas nécessairement claire. « Les programmes actuels vont continuer d’utiliser les arénas. Et en ce qui concerne le football à Saint-Stanislas, ils allaient devoir changer de terrain et jouer à l’école secondaire de St-Jérôme de toute façon parce qu’on agrandit l’école primaire de Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus. Mais, il faut d’abord voir d’où proviendra la demande. La prochaine année va servir à nous donner le temps nécessaire de revoir les options. »

Quant aux baisses d’inscription que craignent plusieurs, M. Brisson souligne le cas de l’école secondaire Mirabel qui avait des programmes de hockey D1 et D2. Il y a eu une baisse d’inscription qui a mené à l’élimination de l’équipe D1. « Ça n’avait rien à voir avec l’offre de service de transport. Simplement, la demande était moins forte. »

En soutien à la position du centre de services scolaires, notons le cas de l’école secondaire St-Jérôme. Le programme de soccer a connu un regain d’intérêt après avoir été transformé de programme régionalisé en profil l’an dernier.

Le DG du CSSRDN a également pris le temps d’ajouter que la décision n’était pas d’abord guidée par des raisons financières. Bien que ce soit un des constats mentionnés dans une communication aux parents pour expliquer ce qui a amené le C.A. à transformer les programmes. L’argent épargné touche essentiellement le transport offert aux élèves inscrits dans les programmes régionaux provenant de secteurs situés à l’extérieur du bassin normalement desservi par les écoles.

Il faut savoir que le budget de transport dédié aux programmes régionaux est de 877 000$ cette année sur un total de 11 M$ pour le transport en général. Sachant que les programmes d’études internationales et de sport-études sont exemptés de la transformation annoncée, le montant est encore plus bas. Sur un budget d’opération total d’environ 375 M$, on peut parler d’économies de bouts de chandelles.

À cela, M. Brisson répond justement que c’est une démonstration que ce n’est pas qu’une question financière. « Bien sûr, il y a de l’argent épargné, mais la décision nous permet surtout de revoir la gestion des services de transport en réponse à la forte augmentation de la population sur notre territoire. Dans les faits, c’est difficile d’établir le montant exact qui sera épargné parce que nous allons continuer d’offrir le service de transport aux élèves qui sont déjà inscrits dans les programmes et qui pourront le terminer, tel que prévu. Donc, le service ne va complètement cesser que dans 6 ans. »

En rétrospective, la décision du CSSRDN a peut-être été mal communiquée au départ. Aussi, peut-être aurait-on eu avantage à évaluer les impacts dans la population. Et j’irais même jusqu’à penser que de travailler à préparer la suite avec les intervenants avant de prendre la décision aurait été utile. Non seulement pour avoir une réelle idée de la demande à venir, mais aussi pour préparer les parents et les responsables des programmes. La décision leur a été transmises en même temps qu’aux parents, du moins pour certains.

On a ici deux visions qui s’opposent. Une qui veut conserver des acquis qui ont donné de bons résultats et permis à des centaines de jeunes de profiter d’un encadrement de haute qualité. Les tenants de cette position craignent que les jeunes auront moins de service au final. Et une autre qui veut donner aux écoles les coudées franches pour prendre les décisions qui correspondent le mieux aux besoins de leur clientèle. Cette dernière croit que cette approche permettra à encore plus de jeunes de profiter d’un encadrement sportif, ou autre.

Une rencontre du comité de parents avec le CSSRDN est prévue pour lundi le 4 avril. D’ici là, tout le monde aura affûté ses arguments. Il sera très intéressant de voir ce qui en ressortira. En espérant qu’on gardera en tête le proverbial bien de l’élève.

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