Crédit photo : Géants de St-Jean
Pour Noël ou pour la nouvelle année – je vous laisse choisir le moment – j’aimerais un beau cadeau au sport québécois. Ce serait bien si vous preniez le temps de vous pencher sur le sport étudiant. Celui qui forme la jeunesse autant que les voyages. Il y a tellement de choses sur lesquelles je souhaiterais vous voir agir.
Je pourrais parler d’infrastructures et de subventions, mais je n’irai même pas dans cette direction. Je sais qu’il y a des investissements qui sont faits et qu’on ne peut pas tout faire en même temps. Mais, il me semble qu’une ministre peut faire bien d’autres choses en utilisant son influence et son leadership. Vous l’avez d’ailleurs prouvé en vous attaquant aux bagarres dans le hockey junior ainsi qu’en travaillant à mettre sur pied une plateforme pour gérer les plaintes.
Maintenant, il faut regarder de plus près le sport étudiant. Universitaire, collégial et scolaire. Il y a du travail à faire partout. Je suis certain que je ne vous apprendrai rien, mais tout à coup.
Au niveau primaire et secondaire, c’est là que nos jeunes développent l’amour du sport et se créent des habitudes pour la vie. Je n’ai pas besoin de dire ça à une athlète olympique.
Je veux commencer par vous féliciter toutefois. La mesure 15028 semble être un succès. Pour les humains comme moi qui ne parlent pas le jargon bureaucrate, la mesure 15028 est en gros de l’argent disponible pour les écoles secondaires afin d’offrir gratuitement au moins une heure d’activités parascolaires par élève. En 2019-2020, seul le quart des écoles pouvaient en bénéficier. C’est maintenant 100%. Et on me dit que c’est très utilisé. Bravo. Cependant, je pense qu’il faudrait plus de rigueur et de vigueur sur au moins un élément.
Les programmes Sport-études. Une magnifique affaire sur papier, mais qui manque cruellement d’encadrement. Des programmes qui devraient être validés et surveillés par nos fédérations sportives, mais qui dans les faits sont souvent laissés à eux-mêmes, donc qui peuvent agir en toute impunité. Si ça va bien dans la majorité des cas, il y en a où c’est la pagaille. Contactez-moi, je vous donnerai quelques noms.
Mais avant de m’appeler, je vous suggère de jaser avec les fédérations sportives. Oui, elles fonctionnent indépendamment de votre ministère, mais la Direction du sport, du loisir et de l’activité physique (DSLAP) qui regroupe les fonctionnaires sous votre responsabilité, leur accorde le droit d’exister et les supporte financièrement.
Bref, vous pouvez certainement aller jaser avec les fédés pour voir comment elles s’y prennent pour évaluer les centaines de programmes sport-études de la province. Elles ont peut-être besoin d’aide. Des ressources, mais aussi des règles pour exiger plus de transparence de la part des mandataires. Parce que les parents leur donnent pas mal d’argent. Ce serait bien de savoir où il va en plus de s’assurer que les services sont adéquats.
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Au collégial, il est temps de donner un sérieux coup de main. Parce que le Québec a décidé d’intégrer au parcours scolaire un niveau qui n’existe nulle part ailleurs, il faut en maîtriser toutes les subtilités pour lui permettre d’optimiser sa raison d’être. Évidemment, la priorité reste d’instruire. Néanmoins, on sait depuis longtemps à quel point le sport est un vecteur de réussite. Si c’est le cas au secondaire, ça l’est certainement encore au cégep.
Sauf que le sport au niveau collégial est plus que participatif. On commence à entrer plus sérieusement dans la performance et l’élite. Que pensez-vous de l’idée d’aider les départements de sports à se doter de professionnels bien rémunérés pour encadrer les étudiants-athlètes? Et je parle de vraie rémunération basée sur leur apport réel au développement de jeunes dans la fleur de l’âge. Du niveau de ce qui est accordé aux professeurs, disons. L’entraîneur d’une équipe de basketball D1 qui gagne moins de 20 000$ par année, c’est non seulement ridicule, c’est triste et dangereux.
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Il y a autre chose concernant le collégial. La compétition avec ce qui est offert à l’extérieur de la province. Il va falloir commencer sérieusement à réfléchir à cet aspect.
On peut faire dire ce qu’on veut à bien des chiffres pour promouvoir le cégep, de nombreux étudiants-athlètes choisissent de l’éviter. En allant dans les Prep Schools ou en faisant une 12e année, par exemple. Oh, je sais que notre ministère de l’Éducation ne reconnaît pas la 12e année. Mais ce n’est pas une raison pour faire comme si ça n’existait pas. Parce que la majorité des universités au Québec reconnaissent ce niveau d’étude.
Qui plus est, il y a de plus en plus de Prep Schools américains qui paient des gens d’ici pour que ceux-ci incitent nos jeunes à aller là-bas. Et vous savez quoi? Ils gagnent sur tous les fronts en faisant ça. D’abord, ils ont déniché un bassin de talents sportif et académique auquel leurs compétiteurs locaux n’ont pas accès, ou pas encore. Un bassin assez bon pour faire en sorte qu’ils remportent des championnats d’état avec des dizaines de nos jeunes. Et je répète que ce ne sont pas que de bons athlètes, mais également de bons étudiants.
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Il faut trouver une manière de donner les ressources à nos cégeps pour offrir à ces jeunes un environnement qui leur donnera envie de rester ici. Dans la très grande majorité des cas, la seule chose que nos programmes sportifs peuvent offrir pour rivaliser est l’excellence des entraîneurs. Mais même eux, on ne les paie pas comme il se doit. Imaginez lorsqu’un jeune de 16-17 ans va visiter des installations comme on n’en voit que dans les films. Qui plus est, quand ils se sont fait montrer ça par des gens d’ici payés par ces Prep Schools qui rendent accessible ce qui ne pouvait qu’être un rêve.
Ce sont des opportunités extraordinaires pour ces jeunes, j’en conviens. On ne transformera pas nos cégeps en campus pour milliardaires de la Nouvelle-Angleterre. Mais on peut et on doit essayer de convaincre nos meilleurs étudiants-athlètes de rester ici pour poursuivre leur parcours. D’abord parce que nos coachs de soccer, de hockey, de basket, de football ou de volleyball sont assez bons pour les aider à se développer. Mais aussi parce que le Québec ne peut pas se permettre de simplement laisser aller autant de futurs citoyens de qualité.
Nos cégeps doivent devenir des milieux de vie attrayants. Les installations sportives, les vestiaires, les équipements, l’encadrement académique doivent être au top pour s’assurer que la voie collégiale demeure une option de premier niveau. Ça va au-delà du sport.
Et les universités. Je termine avec elles. On sous-estime, je pense, l’importance que les programmes sportifs universitaires peuvent avoir. À mon avis, ce sont des piliers de l’industrie sportive. Bien sûr, on met énormément d’emphase sur les équipes professionnelles nord-américaines dans nos médias et on a l’impression que les championnats qu’elles remportent déterminent la vitalité du sport dans une région. Mais ce n’est pas vrai. Le sport universitaire est encore plus structurant.
Regardez ce que les affrontements entre les Carabins et le Rouge et Or au football universitaire créént comme engouement. La fierté, les rivalités, mais aussi les avantages pour l’économie locale. Le rassemblement autour de symboles forts de notre société est pris pour acquis, mais il rapporte énormément à plusieurs niveaux. Maintenant, il faut prendre ce succès et chercher un moyen de l’amener plus loin. Vous avez, madame la Ministre, un rôle à y jouer.
Malgré les championnats de nos équipes de football sur la scène canadienne, notre football universitaire est fragile. Il y a trop peu d’équipes. S’il fallait que McGill par exemple fasse la même chose que Bishop’s et quitte la conférence québécoise, ou pire, cesse d’offrir un programme de football, ce serait une catastrophe. Parce que l’attrait du football universitaire québécois en serait tellement diminué. Une ligue à quatre équipes? On ne peut pas se permettre ça. Encore une fois, nos meilleurs auraient une raison de plus pour songer à quitter.
Marc-Antoine Dequoy, un ancien Nomade de Montmorency et Carabin de l’Université de Montréal a marqué le Québec pour longtemps cet automne. Mathieu Betts, un Spartiate du Vieux-Montréal et un Rouge et Or de l’Université Laval a été le meilleur joueur défensif de la Ligue canadienne en 2023. On va se l’avouer, leur accoler le nom des nos écoles rajoute une autre couche de fierté à leurs exploits.
Si on ne veut pas envisager un drame pour notre football qu’on aime tant, il faut trouver une façon d’aider les universités à créer d’autres équipes. L’UQTR, l’UQAC? Et si on fait ça pour le football, il faut y penser pour tous les autres sports. À commencer par le hockey pour lequel une belle commission a été présidée par le brillant Marc Denis.
Pas normal qu’on n’ait que trois équipes québécoises chez les hommes et quatre chez les femmes. Le RSEQ n’a même pas de ligue masculine, nos équipes jouent en Ontario. La ligue féminine qui compte six équipes n’en aura que quatre la saison prochaine parce que les deux équipes d’Ottawa retournent évoluer en Ontario. Pourquoi laisser les autres former les prochaines Mélodie Daoust, Jade Downie-Landry, Tricia Deguire, Audrey-Anne Veillette, Emmy Fecteau, Gabrielle Santerre et Émilie Lussier et peut-être même les voir quitter le Québec pour toujours?
Le basketball est un sport en plein essor. Sa popularité et les succès de nos Québécois sur les plus grandes scènes se voient chaque semaine. Pourtant, ce n’est pas un sport qui nécessite le même genre de budget que le football ou le hockey. Malgré ça, il n’y a que cinq équipes universitaires masculines et féminines. Dont seulement deux francophones. Un non-sens. Surtout quand on sait que certaines universités aimeraient avoir leur programme de basket, mais que leur problème numéro un est qu’elles n’ont pas accès à des plateaux pour s’entraîner…
Le volleyball féminin va bien, très bien même. Encourageons-le. Et le soccer aussi va bien avec des ligues à sept et huit équipes. En athlétisme, en natation, au golf, au rugby, au flag-football, nommez-les il y a toujours plus et mieux à faire. Parce que nos universités doivent offrir les meilleures opportuinités possibles aux jeunes Québécois, il faut les aider à améliorer leur offre sportive.
Et dans ce cas-ci, je ne pense pas qu’il faille ajouter purement et simplement des deniers publics. Dans le cas des universités, comme pour les cégeps d’ailleurs, il faut intéresser les entreprises privées. Leur démontrer les avantages qu’ils retireront de s’associer aux programmes sportifs de ces établissements. Il faut les inciter à investir et s’investir. Un ancien Patriote de l’UQTR qui travaille dans une entreprise qui commandite les Patriotes de l’UQTR entretient et partage son sentiment de fierté et de loyauté.
Il faut aussi prendre le temps de rassembler les universités et les inciter à collaborer pour le bien des ligues sportives auxquelles elles participent. Oui, il y a une compétition entre elles sur le terrain. Oui, il y a une compétition entre elles pour attirer les meilleurs étudiants. Mais elles doivent trouver des moyens pour que le terrain de jeu soit attrayant pour de nouveaux joueurs. Qui voudra investir pour créer une équipe sportive qui n’aura peut-être jamais la chance de se battre à armes à peu près égales avec les autres? Je lance une équipe, je veux croire que je peux gagner. Il y a moyen de mettre des règles qui feront en sorte que le sport se développera tout en offrant une chance réelle à tous de ramener des trophées.
La Fondation Aléo fait de grandes choses depuis près de 40 ans pour aider les étudiants-athlètes via des bourses et des tas de services. C’est tellement inspirant de voir ces jeunes et brillantes personnes rassemblées pour recevvoir des bourses d’excellence. Ça l’est encore plus quand on voit d’anciens boursiers aujourd’hui bien installés dans leur carrière professionnelle qui redonnent au suivant.
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L’Alliance Sport-Études travaille d’arrache-pied pour créer les meilleures conditions aux étudiants-athlètes collégiaux et universitaires. Eux aussi ont des pistes à vous proposer.
Madame la Ministre, vous avez été une championne olympique et vous avez contribué à inspirer des tas de jeunes à se lancer dans le sport. Lorsque vous avanciez à toute vitesse patins aux pieds sans peur avec pour seul objectif de vous dépasser, vous avez réussi là où à peu près tout le monde ne fait que rêver. SVP, faites-le encore!