Une perception bien ancrée dans la tête de plusieurs est qu’en s’expatriant aux États-Unis, un footballeur québécois augmente ses chances d’obtenir une place dans la NFL. Pourtant, les chiffres sont assez probants. Ceux qui sont repêchés ou obtiennent des essais avec des équipes de la grande ligue sont demeurés au Québec pour leur parcours collégial et même universitaire.
Avant tout, il faut mettre certaines choses en perspective. Le chemin vers la NFL – et ça se vérifie également pour une panoplie d’autres sports – est extrêmement difficile. Pas seulement physiquement et mentalement, mais tout simplement parce que l’entonnoir passe d’une mer de joueurs à un compte-goutte à l’autre bout.
Selon un rapport déposé en avril 2020 par NCAA Research*, il y avait 1 006 013 joueurs de football dans les high schools américains contre 73 712 au niveau NCAA. Soit 7,3%. Et quand on affine la recherche au niveau de la Division 1 seulement, le chiffre descend à 2,9%. On ne parle pas du niveau professionnel ici, on parle juste de passer de l’école secondaire à l’université. 97% des étudiants-athlètes qui jouent au football au secondaire aux États-Unis NE JOUENT PAS en D1 à l’université.
Parmi les 73 712 joueurs de football dans la NCAA répertoriés dans le rapport, 16 380 se sont déclarés admissibles au repêchage de 2020. Combien ont entendu leur nom au micro cette année-là? 254. 1,6% des joueurs admissibles. Bien sûr, des joueurs non repêchés ont eu des opportunités de participer à des camps et certains ont réussi à percer des formations. Mais il n’en demeure pas moins qu’on est rendu à la fine pointe de l’iceberg à ce niveau.

Bref, l’idée ici est de démontrer qu’en allant aux États-Unis, un joueur de football sera peut-être vu par des recruteurs d’une université de Division 1, mais il doit avant tout être plus qu’excellent pour se démarquer du lot. Ses coéquipiers aussi veulent atteindre les plus hauts sommets et eux aussi ont accès à l’environnement d’entraînement qu’on aime tant vanter.
Et je ne parle même pas du type de bourse qui est offert par la suite. Ça coûte cher étudier dans les grandes universités américaines. Même une demi-bourse est souvent bien insuffisante pour rendre le projet abordable.
Maintenant, si on regarde la liste de joueurs québécois qui ont évolué dans la NFL au fil des ans, on constate que la démonstration est loin d’être faite que le passage par les high schools ou les prep schools du sud de la frontière soit un avantage.
Matthew Bergeron (Le Boisé et Thetford) et Sidy Sow (JH Leclerc et Champlain-Lennoxville), deux joueurs de ligne offensive québécois repêchés en fin de semaine dernière par les Falcons et les Patriots ont évolué au football scolaire et collégial d’ici avant de s’expatrier dans la NCAA.
Avant eux, Benjamin St-Juste, demi de coin des Commanders de Washington, a été repêché en 3e ronde en 2021. Avant de jouer dans la NCAA, il avait évolué avec les Spartiates du Vieux-Montréal. Laurent Duvernay-Tardif et Antony Auclair ne sont même pas passés par la NCAA. LDT a été repêché par les Chiefs de Kansas City alors qu’il évoluait pour McGill après avoir évolué en au collégial D3 avec André-Grasset. Auclair a fait sa place après une carrière avec les Cougars de Champlain-Lennoxville et le Rouge et Or de l’Université Laval.
Les joueurs de ligne offensive Pier-Olivier Lestage et David Foucault ont eu l’occasion de revêtir un uniforme de la NFL après leur leur séjour universitaire avec les Carabins de l’Université de Montréal. Le joueur de ligne défensive Matthieu Betts (CVM et R&O) et le demi défensif Marc-Antoine Dequoy (Montmorency et Carabins) ont eu des essais sérieux avec les Bears et les Packers respectivement. Avant eux, le receveur Samuel Giguère avait vécu l’expérience de la NFL après son passage à l’Université de Sherbrooke.

Crédit photo : Presse canadienne
LP Ladouceur (Notre-Dame et John Abbott) et JP Darche (Grasset et McGill) ont connu de très belles carrières dans la NFL. Andy Mulumba a évolué trois saisons avec les Packers de Green Bay, puis a signé des contrats avec trois autres équipes. Il a joué son football collégial au Vieux-Montréal avant d’aller à Eastern Michigan. Deitan Dubuc et Mehdi Abdesmad, d’autres anciens Spartiates, ont aussi eu la chance de fouler les terrains du plus haut niveau de football au monde.
Si on recule dans le temps, Randy Chevrier (McGill) et Mark Montreuil (Concordia) ont été repêchés par des équipes de la NFL sans avoir joué dans la NCAA.
Et qui ne se souvient pas de l’extraordinaire Tshimanga Biakabutuka? Assurément le meilleur joueur issu du système québécois de l’histoire. Le porteur de ballon des Wolverines du Michigan avait auparavant porté les couleurs des Cheetahs de Vanier avant d’être repêché 8e au total en 1996.
Il faut aussi se rappeler de Richard Mercier qui a été sélectionné par les Ravens de Baltimore en 2000 après une carrière phénoménale à l’Université de Miami. Il avait aussi auparavant évolué avec les Cheetahs de Vanier. Brian Forde, secondeur montréalais qui a joué à Champlain-Lennoxville avant d’aller à Washington State. Il a été un choix de 7e ronde des Saints avec qui il a évolué quatre saisons.
La liste des joueurs passés par le football québécois repêchés dans la NFL comprend aussi Phil Yeboah-Kodie (Vanier/1995), Tom Nutten (Bishop’s/1995) et Michel Bourgeau (Grasset/1984).
Il y a aussi des Justin Senior (2017), Hisham El-Mashtoub (1995), Bill Hithcock (1990), Ian Beckles (1990), Tommy Kane (1988), Luc Tousignant (1982) et Justin Cross (1981) qui ont été repêchés dans la NFL. Parenthèse : dans le cas de Tousignant, il évoluait comme quart-arrière en plus d’avoir fait partie de l’équipe de handball du Canada aux Jeux olympiques de 1976.
Les chemins qui mènent à la terre promise sont divers et généralement parsemés d’embûches en plus d’avoir des sinuosités qu’on ne pouvait voir venir. L’idée ici n’est pas de dire qu’il ne faut pas aller dans le high schools ou les prep schools américains. Simplement que ce n’est pas LE chemin, bien au contraire.
Un jeune veut vivre l’expérience des Friday Night Lights? Il a l’opportunité de passer quelques années sur un campus comme on en voit dans les films? Il souhaite obtenir l’encadrement nec plus ultra qui est réservé à l’élite politique et financière de la société américaine? Alors GO!
Mais il ne faut pas penser que nos entraîneurs et notre niveau de jeu ici au Québec n’est pas d’un calibre suffisant pour former l’élite. Il ne faut pas penser que nos organisations n’ont pas les contacts ni les ressources pour faire reconnaître les meilleurs éléments au-delà de nos frontières. Et il ne faut surtout pas penser que les universités américaines et les équipes professionnelles n’ont pas d’yeux et d’oreilles chez nous.
Je terminerai en partageant les mots d’un entraîneur très chevronné du football québécois qui me mentionnait il y a quelques mois à peine à quel point les universités américaines aiment nos joueurs collégiaux. Leur préparation est excellente au niveau football, mais également sur le plan académique.
*https://www.ncaa.org/sports/2013/12/17/probability-of-competing-beyond-high-school.aspx
Effectivement, il est possible pour un étudiant-athlète québécois de se faire recruter par une université américaine. Alors quel est l’avantage de partir étudier dans un prep school américain?
Tout d’abord l’étudiant doit être de niveau Team Québec ou Team Canada, ou s’en rapprocher. Il doit aussi exceller au niveau académique. On lui demandera d’être multisport ( ce qui ne se fait pas au CEGEP ). Être impliqué dans sa communauté sera aussi un atout.
L’éducation dans un prep school américain est de loin supérieure aux écoles Québécoises. L’encadrement du jeune athlète y est omniprésente. Bref, on y retrouve une éducation incomparable. Le genre d’éducation qui pourrait ouvrir la porte des universités de la Ivy League.
La première raison pour aller aux USA est l’éducation. Être recruté en NCAA est la cerise sur le sundae. Tout comme au Québec, seul les meilleurs athlètes y parviendront.
Jouer au football près des universités américaines en étant dominant fait en sorte que le jeune étudiant-athlète aura plus de visibilité qu’en jouant au Québec. Il sera plus près des universités et pourra assister à leurs camps de football plus facilement.
Il n’y a pas qu’un chemin pour accéder aux universités américaines. Mais une chose est certaine, peut importe le chemin, l’étudiant doit exceller à l’école et dans son sport.
Si vous choisissez de vous faire aider comme famille, faites vos recherches. Ne vous fiez pas au premier venu.
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