Crédit photo : Radio-Canada.ca

Joé Juneau, président de la Ligue de hockey préparatoire scolaire depuis mars dernier, dénonce un manque de respect de la part du RSEQ dans les discussions qui ont cours pour l’intégration de sa ligue au Réseau du sport étudiant. Pourtant, Juneau n’a même pas encore parlé directement au Responsable du développement et des opérations hockey au RSEQ, Stéphane Auger et franchement, il ne se gêne pas pour mettre de l’huile sur le feu.

Un article du journaliste de Radio-Canada Martin Leclerc publié jeudi soir a fait réagir fortement le milieu du hockey scolaire québécois. Dans cet article, Joé Juneau demande l’intervention de la ministre Isabelle Charest pour dénouer l’impasse dans les discussions qui doivent mener à l’inclusion de la LHPS au sein du RSEQ avant la fin du mois de mai.

En parcourant le texte de Martin Leclerc, on comprend que la LHPS a l’impression qu’elle va perdre son intégrité en se faisant avaler par le RSEQ. Que tout son excellent travail accompli sera perdu dans des dédales bureaucratiques.

Je cite Joé Juneau dans l’article de Leclerc : « Ce sont des passionnés qui ont lancé les programmes de la LHPS. Ça fonctionne bien, ça paraît bien, et le RSEQ essaie de venir se l’approprier. Mais ils n’ont jamais été là comme bâtisseurs. Et ce qui ressort de nos discussions avec eux, c’est qu’ils veulent simplement prendre le contrôle de la LHPS et en changer l’identité. C’est un grand manque de respect et c’est inacceptable, pas juste pour les directeurs de nos programmes, mais aussi au nom des jeunes pour qui on travaille. On ne lâchera pas prise sur quelque chose qui est une énorme valeur ajoutée pour notre société. »

Alors Joé Juneau se plaint d’un manque de respect. Peut-on convenir qu’il manque de respect à son tour au membres du RSEQ? À la lumière des discussions que j’ai pu avoir de mon côté, je peux vous confirmer que l’intervention de Juneau en a piqué plusieurs au vif.

Un responsable du programme de hockey d’une école membre du RSEQ m’a mentionné qu’il en avait assez de se faire dire par des gens de la LHPS qu’ils n’ont pas à coeur le développement du hockey scolaire comme eux. « Nous sommes des passionnés nous aussi et nous croyons au développement des jeunes par le sport. La LHPS fait plein de bonnes choses dont le RSEQ a tout intérêt à s’inspirer, mais ça ne veut pas dire qu’au RSEQ c’est tout croche et géré par des gens qui n’y connaissent rien. Les gens du RSEQ passent pour les méchants, mais on a rien demandé au départ. »

Stéphane Auger, de son côté, en rajoute : « Au RSEQ, il y a des tonnes de personnes qui ont joué du hockey de haut niveau et qui ont des diplômes en gestion. Le Réseau a les compétences et l’expérience terrain nécessaires pour comprendre et améliorer les façons de faire. J’ai beaucoup de respect pour Joé Juneau, mais je ne le connais pas beaucoup. D’ailleurs, il n’a été présent dans aucune des rencontres entre la LHPS et le RSEQ. On ne s’est pas parlé encore depuis son entrée en fonction. »

Particulier comme situation. Le président nommé en mars dont le dossier le plus important à gérer concerne l’avenir de son circuit demande l’intervention de la ministre responsable sans même avoir pris le téléphone pour discuter de la situation avec le responsable au RSEQ.

La date butoir arrive à grands pas. À ceux qui voudraient se replonger dans toute l’histoire ayant mené à la situation actuelle, je vous invite à lire ces deux articles ( La LHIQ intègre le RSEQ et La LHPS osera-t-elle défier la loi?). Grosso modo, le RSEQ a le mandat du ministère de l’Éducation d’unir toutes les ligues de hockey scolaire québécois et la date limite pour y arriver a été arrêtée au 31 mai 2021. Sans entente, les ligues qui ne feraient pas partie du RSEQ n’obtiendraient pas de certification de Hockey Québec et, en conséquence, se retrouveraient en situation d’illégalité en regard de la Loi sur la sécurité dans les sports.

Mais où se situe le blocage exactement? Louis Simard, directeur général et président du C.A. de la LHPS m’a expliqué essentiellement que sa ligue craint que son intégration au sein du RSEQ dilue de manière trop grande son poids et qu’ultimement tout ce que la LHPS aura fait de bien en 11 ans finira par disparaître. « Il y a trois éléments majeurs qui nous préoccupent. La réussite scolaire, la gestion des classements/déclassements pour assurer la sécurité des élèves-athlètes et la structure d’excellence pour créer une vraie Division 1. Tant que nous n’aurons pas de garantie que nos façons de faire dans ces domaines ne seront pas intégrées et appliquées par le RSEQ, nous ne pouvons pas accepter d’intégrer leurs rangs. »

Sur ces points, Stéphane Auger a été clair : « D’abord, la réussite scolaire est l’affaire des institutions d’enseignement. La ligue comme tel ne peut pas exiger aux écoles de gérer les programmes. Par contre, il n’y a absolument rien au RSEQ qui empêche les écoles de gérer ça avec des exigences élevées comme celles des membres de la LHPS. Mais on ne peut pas demander à certaines écoles publiques d’injecter des ressources aussi importantes que celles investies par les écoles privées qui ont de gros moyens. »

« Concernant la sécurité et les principes de classement et déclassement des équipes, tout comme la structure d’excellence, le RSEQ veut se donner trois ans pour appliquer les meilleures pratiques. On veut se baser sur les propositions du comité d’experts indépendants (composé de Marc Denis, Stéphane Quintal, Dominic Ricard, Stéphane Fiset et Martin Raymond) qui a eu le mandat de justement proposer les meilleures façons de faire nonobstant d’où elles venaient. Ça me fera plaisir d’adapter la structure d’excellence de la LHPS au Réseau. Le nôtre est à peu près inexistant. Mais est-ce qu’on peut se donner le temps de le faire comme il faut et même l’améliorer si on peut? Les trois années qu’on propose servent à ça. »

D’un côté, on a une ligue qui a bâti un programme extraordinaire et qui tient à ce qu’il survive et se développe le plus longtemps possible et d’un autre côté, une organisation qui a un mandat du gouvernement pour intégrer cette ligue et qui veut en profiter pour revoir toute sa structure et améliorer l’offre de service en hockey scolaire aux élèves québécois. Toute négociation doit commencer par une dose de bonne foi, du respect et la volonté de trouver une solution gagnant-gagnant. La bonne foi est-elle au rendez-vous pour tout le monde? J’imagine que oui. Le respect? Visiblement, on commence à tester les limites. La solution gagnant-gagnant? Il aurait peut-être fallu que les deux parties aient envie d’amorcer ces négociations pour avoir plus de chance d’y arriver.

Maintenant, est-ce que l’intervention de la Ministre est vraiment la meilleure chose pour la LHPS? Rappelons-nous que c’est le gouvernement qui a imposé cette négociation. Mais comme me le mentionnait M. Simard, quand on ne voit pas d’issue, il faut s’en remettre aux instances supérieures.

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