Crédit photo : Trevor MacMillan/USports
Un tournoi ne fait pas la réputation d’une équipe et encore moins d’une conférence, mais il peut semer la première graine d’un changement de perception. Les performances des Citadins de l’UQAM au championnat canadien de basketball universitaire masculin ont certainement démontré que l’équipe faisait partie de l’élite canadienne cette saison. Ça faisait un bout de temps qu’une équipe québécoise n’avait pas tenu son bout de cette manière.
En regardant le classement final, on voit l’UQAM en cinquième place sur huit équipes et on se dit que ce n’est pas mieux que ce qu’on voit depuis à peu près toujours de la part des équipes du RSEQ. Depuis 1971-72, les représentants du Québec n’ont participé qu’à quatre finales canadiennes et n’ont remporté que deux titres.
En fait, les représentants du RSEQ n’avaient pas gagné un match du championnat masculin de basketball universitaire canadien depuis 2017-2018. Huit défaites consécutives avant d’entrer dans le tournoi cette année. McGill avait été la denière à réussir l’exploit. En fait, depuis 10 ans, seuls les Redmen (maintenant Redbirds) ont gagné des matchs à ce niveau. Quatre au total sur les 23 derniers.
Sauf que dans toute évaluation, au-delà du quoi, il y a le comment. Et les Citadins ont démontré qu’ils étaient une des meilleures équipes au Canada en 2022-2023.
Arrivés à Halifax en tant que 6e favoris, les Citadins avaient devant eux l’adversaire le plus imposant qu’on pouvait leur offrir. Les Ravens de Carleton dirigés Taffe Charles – et par Dave Smart de 1999 à 2019 – avaient gagné 16 des 19 derniers, dont 10 des 11 derniers, championnats nationaux. C’est LA dynastie du sport universitaire canadien. Toutefois, leur défaite en finale ontarienne face aux GeeGees d’Ottawa leur a conféré le 3e rang. Le plus grand programme de basket canadien face au champion québécois? « A walk in the park », comme dirait l’autre.

McFadden Jean face à Wazir Latiff des Ravens de Carleton / Crédit : Trevor MacMillan
Pas si vite. L’affrontement Carleton-UQAM ouvrait les hostilités à Halifax et ceux qui avaient décidé de passer outre ce premier match peuvent s’en mordre les doigts. Les Citadins sont partis en force prenant les devants 13-6 avant que le joueur tout-étoile Aiden Warnholtz ne se mette au travail avec des tirs de 3-points. Carleton a ainsi repris les devants 18-17 après un quart. Au deuxième, Kevin Civil tentait de garder son équipe dans la rencontre, mais du jeu brouillon a permis à Carleton de prendre les devants par 8 avec 3:31 à faire. À partir de là, les Citadins se sont ressaisis défensivement et ont travaillé avec acharnement pour aller chercher des fautes. Avec pour résultat qu’ils ont marqué les 10 derniers points de la demie et repris les devants 36-34 avant la pause.
Au troisième quart, les Citadins ont continué sur leur lancée grâce à Élie Karojo notamment, mais le monstre de 6’10 Grant Shephard s’est organisé pour ne pas permettre à l’UQAM de se sauver. L’avance était tout de même de 4, 57-53, pour les Montréalais avec 10 minutes à jouer. Tous les espoirs étaient permis. Cependant, les Ravens ont amorcé le dernier quart en lions, gagnant les trois premières minutes 9-2 grâce à 5 points de Warnholtz. Puis, les choses se sont replacées jusqu’à ce que les Citadins prennent les devants 69-67 avec 3:31 à jouer. Toutefois, Carleton a réussi à inscrire six points consécutifs avant que Bahaide Haidara ne réduise l’écart à deux points avec un peu plus d’une minute à jouer. Les Citadins ont finalement tout tenté avec des tirs de 3-points, mais sans succès.
Une défaite crève-coeur devant les grands Ravens de Carleton. D’autant plus que l’excellent Alix Lochard n’était pas en mesure d’aider les siens, victime d’une blessure. Carleton, deux jours plus tard, allait mettre la main sur un 17e titre dans un match formidable contre St.Fx qui a nécessité deux prolongations. Un match que trop de gens n’ont pas vu parce que nos réseaux de télévision boudent le produit. Une triste décision que de plus en plus de gens décrient à la grandeur du Canada.
La formule du tournoi ne donne pas de deuxième chance. Malgré la performance mémorable, les Citadins ont été relégués en ronde de consolation. Ils auraient pu baisser les bras, mais ils ont plutôt choisi d’écouter le message de leur entraîneur Mario Joseph. « Il faut jouer avec fierté. L’équipe est déçue présentement, mais il faut se regrouper et bien finir l’année. Car ces matchs ont un impact pour le début de l’année prochaine. »

Crédit photo : Carl Rodrigue
Face aux Wesmen de l’Université de Winnipeg, tombeurs des puissants Bisons du Manitoba en 1/2 finale de l’Ouest et qui venaient de s’incliner face aux non moins puissants champions de l’Ontario Geegees d’Ottawa, les Citadins ont amorcé le match tranquillement. Tirant de l’arrière 26-19 après 10 minutes, 46-38 après 20 et 63-52 après 30, on croyait bien que la saison des représentants du RSEQ écoulait ses derniers instants.
Mais le joueur défensif par excellence au Québec Bahaide Haidara a pris les choses en main avec 11 points au dernier quart et permis aux siens de créer l’égalité 72-72 pour forcer la prolongation. Il en ajouté sept autres durant les cinq minutes de la première prolongation pour ainsi en forcer une deuxième. Enfin, les Citadins ont fini par avoir le dessus 90-85. Haidara a terminé le match avec 31 points et Élie Karojo 20 rebonds. Une preuve de leur détermination à ne pas rester sur une contre-performance.
Puis, dimanche matin, avec pour enjeu la cinquième place, les Citadins ont vaincu les Gaels de Queen’s, une des meilleures machines offensives au pays. Queen’s s’était incliné au premier tour face aux éventuels finalistes, les X-Men de St.Fx en tentant une remontée au 4e quart au cours duquel ils ont inscrit 39 points. Queen’s avait ensuite battu l’Île-du-Prince-Édouard avant d’arriver en finale consolation face à l’UQAM. Un autre match chaudement disputé. Après avoir pris les devants 47-38 à la mi-temps, les Citadins ont vu leurs adversaires rattraper le retard au 3e quart. Le pointage était de 62-61 en faveur des Gaels avec un peu plus de 12 minutes à jouer. Mais les Citadins ont ensuite inscrit 9 poins consécutifs et n’ont plus regarder derrière pour finalement gagner ce match 89-85.

Bahaide Haidara / Crédit : Carl Rodrigue
Une magnifique performance collective alors que cinq joueurs ont inscrit au moins 13 points. La recrue Karl-Tommy Laforest a été désignée joueur du match avec ses 14 points et 10 rebonds. « C’est vraiment triste d’avoir perdu comme ça contre Carleton en début de tournoi. On avait une chance », m’a confié Laforest après la victoire des Ravens en grande finale.
La qualité du jeu offert, la résilience des joueurs et les émotions qu’ont procurées les performances des Citadins à ce tournoi feront de 2023 un jalon important du basket universitaire québécois si les prochaines années peuvent en offrir autant. Avec ce qu’ont montré Bishop’s et Laval cette saison, il y a lieu de croire que ça peut se reproduire l’an prochain.
« On est plus proche que l’on pense. Il faut être capable de garder nos joueurs pour compétitionner à ce niveau. Je crois que c’est pour ça on a bien fait », a commenté Mario Joseph après le tournoi. Puis lorsque questionné sur ses impressions maintenant que tout est fini, il a ajouté : « On réfléchit à comment améliorer certaines choses pour l’an prochain, car l’expérience acquise durant ce week-end est très importante. On a gagné deux matchs et fini notre saison sur une bonne note. Et la grande majorité de nos joueurs reviennents l’an prochain ».

Fredlyne Verrier / Crédit : Carl Rodrigue
Les Citadins représentaient aussi le RSEQ dans le tournoi féminin. Elles ont donné toute une opposition aux éventuelles médaillées d’argent, les Gales de Queen’s. Elles menaient par quatre points à la mi-temps et par 6 avec 4:39 à jouer au 4e quart. Mais Emma Weltz et Bridget Mulholland ont été en mesure d’unir leurs efforts pour arracher la victoire 75-72 en prolongation. Qui sait ce qui aurait pu se produire en cas de victoire pour la troupe de Renaldo Maignan?
Le lendemain, face à Acadia, ça a été plus difficile. Des deuxième et troisième quarts à la traîne ont finalement mené à une défaite de 74-56. Ça n’enlève rien au travail des Verrier, Dufresne, Ibata-Pondza et compagnie. Elles ont joué du grand basketball en éliminatoires et donné des moments inoubliables au programme de basket des Citadins.
On a déjà hâte à l’an prochain.