Crédit photo : Yan Doublet

La saison 2021 avaient étonné plusieurs observateurs du milieu du football universitaire. Certains avaient souligné les résultats mitigés et l’étonnante discrétion du Rouge et Or de Laval au niveau du recrutement durant l’hiver qui a suivi. Mais la saison 2022 a été toute autre. La conquête d’une 11e coupe Vanier a évidemment été le haut fait d’arme, mais il faut s’arrêter pour mentionner l’excellent travail de Mathieu Bertrand dans ses nouvelles fonctions de responsable du recrutement.

Rappelons qu’il y a exactement un an, le président du Rouge et Or, Jacques Tanguay y était allé de commentaires publics assez clairs que des changements étaient nécessaires. On ne voulait plus laisser filer le talent de la région de Québec et de l’aveu du grand manitou, il fallait moderniser la structure de recrutement.

Ça n’a pas été long qu’on a pris la décision de confier le mandat à Mathieu Bertrand. Le responsable des unités spéciales et des centre-arrières a donc pris la charge d’organiser le travail. « J’ai pris ça très au sérieux. Le recrutement a un très gros impact sur le futur du club », nous dit d’emblée l’ancien quart-arrière étoile de l’Université Laval. « La première chose que j’ai faite a été de rencontrer tous les entraîneurs. C’était clair que ça allait être un travail d’équipe. Je n’allais pas prendre tout ça sur mes épaules.»

Avec raison, Bertrand a le plus grand des respects pour Glen Constantin et le travail qu’il a accompli au fil du temps pour bâtir le programme du Rouge et Or. Cependant, le temps était venu de construire une structure autour de l’entraîneur-chef pour l’appuyer. Selon les dires du nouveau responsable, une des forces du Rouge et Or réside dans la stabilité de son personnel d’entraîneurs. Il a donc voulu amener cette stabilité au niveau de recrutement.

Les choses ont évolué au niveau du recrutement. Les réseaux sociaux ont pris une nouvelle place, il y a plus d’équipes à surveiller et la compétition s’est agrandie. – Mathieu Bertrand

La stratégie de Mathieu Bertrand s’est axée autour d’une volonté de mieux connaître les jeunes joueurs. « On a commencé nos approches plus tôt cette année. Les jeunes veulent nous connaître avant de s’embarquer et nous voulons savoir si ils seront de bons candidats pour jouer avec nous. C’était donc important de faire nos devoirs et d’aller les rencontrer plus tôt. »

À quel point la présence d’anciens joueurs du Rouge et Or au sein des équipes d’entraîneurs de niveau collégial est-elle un avantage pour le recrutement? Selon Mathieu Bertrand, l’avantage réside surtout dans la dynamique que les jeunes observent entre les anciens membres de l’organisation. Mais il tient à souligner à quel point les entraîneurs ont d’abord pour priorité le bien-être de leurs jeunes. « Ce n’est pas vrai que les anciens du Rouge et Or poussent leur joueur chez nous. Ils protègent leurs joueurs et travaillent avec eux pour qu’ils poursuivent leur cheminement au meilleur endroit pour eux. C’est tout à leur honneur. »

En ce qui concerne la priorité ciblée, la rétention du talent de la région de Québec, a été entendue. « On ne peut rien faire quand quelqu’un veut aller vivre une expérience ailleurs, ou aller étudier en anglais, mais si on fait bien nos devoirs, qu’on établit de bons liens, on va les garder. Les joueurs de la région de Québec ont grandi en venant voir les matchs de l’équipe et il y en a plusieurs qui ont participé aux camps du mini Rouge et Or. L’appartenance est déjà forte. Mais on veut les meilleurs joueurs de partout. »

Parlant des meilleurs joueurs, le Rouge et Or a une récolte très fructueuse cette année. « On avait ciblé des besoins particuliers sur la ligne offensive et sur la tertiaire en défensive. Et ça adonne qu’il y avait des finissants de très bon niveau cette année à ces positions. » Ainsi, sept nouveaux joueurs de lignes offensives (dont trois élus sur l’équipe d’étoiles collégiale D1) viendront travailler sous les ordres de la sommité Carl Brennan alors que ce sont pas moins de dix demis défensifs (dont 8 étoiles 2021 ou 2022, D1 et D2) qui viendront gonfler les rangs de la brigade de Marc Fortier.

C’est sans compter une quantité de joueurs étoiles à d’autres positions comme le quart Victor Charland, le receveur Olivier Cool, le secondeur Justin Cloutier et l’ailier défensif Jacob Jinchereau. L’avenir est certainement brillant avec une telle cohorte. Il reste maintenant à continuer leur développement et à les intégrer au sein du groupe.

« Quand on les amène à Laval, les joueurs savent qu’ils devront se développer et compétitionner. On a un plan pour chacun d’eux. On ne prendrait pas un joueur dont on est persuadé qu’il ne pourrait pas faire sa place chez nous. Oui, on va chercher beaucoup de joueurs, mais on en a besoin. Il y a toujours des blessures et la compétition est aussi importante entre les nouveaux qu’avec les vétérans », nous explique l’ancien centre-arrière des Eskimos d’Edmonton.

Avant de raccrocher, Mathieu Bertrand tient absolument à réitérer le gros travail d’équipe derrière toutes les annonces de recrutement. « Je suis loin d’être tout seul là-dedans. Tous les coachs sont très impliqués et ce qu’on présente aux jeunes c’est aussi la notoriété du programme, son histoire. Gagner la coupe Vanier cette année a incité quelques joueurs à se joindre à nous, je te mentirais si je disais le contraire, mais c’est plus que ça. Il y a beaucoup de travail qui a été fait par tout le groupe. »

À voir maintenant qui de ce groupe extraordinaire fera sa place au soleil et permettra au Rouge et Or de poursuivre sa grande tradition. Mais peu importe, il faut lever notre chapeau à Mathieu Bertrand et son groupe.

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