Crédit photo : Greg Kolz

Le site 49 Sports, spécialisé dans la couverture du sport étudiant canadien, annonçait mardi soir que les universités de Carleton et d’Ottawa quitteront la ligue de hockey féminin du RSEQ pour rejoindre l’OUA à partir de la saison 2024-2025. Une décision qui a surpris le monde du hockey québécois et qui démontre la fragilité de notre réseau.

Au moment d’écrire ces lignes, les responsables des sports des université de Carleton et d’Ottawa n’ont toujours pas répondu à nos demandes. Selon le journaliste Ben Steiner, l’annonce officielle serait faite la semaine prochaine. On ne connaît donc pas les raisons officielles qui ont poussé ces universités à faire le choix de quitter le RSEQ. Cependant, le directeur du département hockey au RSEQ Stéphane Auger a confirmé que la nouvelle avait été annoncée très récemment par ces universités lors d’une réunion de la commission de secteur.

La première réaction est évidemment celle de la surprise, mais le RSEQ veut prendre le temps qu’il faut pour réagir. « Il faut d’abord recevoir et absorber la nouvelle. Il n’y avait absolument aucun signe avant-coureur de cette décision. Ça aura bien sûr des impacts, mais il faut d’abord bien évaluer la situation avant de commenter quoi que ce soit », déclare Auger d’entrée de jeu.

La surprise était la même pour des joueuses et des entraîneures à qui j’ai pu parler. Pour le moment, elles préfèrent ne pas commenter publiquement, le dossier étant entre les mains de plus hautes instances. Cependant, les questions sont nombreuses dans le milieu. Quel effet ça aura sur le recrutement? Est-ce qu’une ligue à quatre équipes sera viable? Est-ce que ça aura un impact sur le développement et la qualité du hockey universitaire québécois? Quel est l’avantage pour Ottawa et Carleton de retourner jouer en Ontario?

Jocelyn Thibault, directeur général de Hockey Québec, y voit là une décision qui met de l’avant la situation précaire du réseau universitaire de hockey québécois. « Chez les femmes, mais également chez les hommes, notre éco-système dépend de décisions hors de notre contrôle prises par des institutions en Ontario. Nous avons seulement quatre équipes féminines et nos trois équipes masculines qui jouent déjà dans la ligue ontarienne sont aussi à risque. »

Thibault mentionne que la situation avait été analysée et documentée dans le rapport du groupe chapeauté par Marc Denis. « On va maintenant voir avec le Ministère et le gouvernement ce qui peut être fait. Pour le moment, c’est un dossier qui est entre les mains du RSEQ et Hockey Québec sera là pour les soutenir. »

Du côté du ministère des Sports, on me mentionne que les informations sont trop partielles actuellement pour commenter. Il est clair que la ministre Isabelle Charest devra agir rapidement pour donner du souffle à un plan de match. Les élections et les histoires avec Hockey Canada notamment ont fait en sorte que le rapport Denis a été momentanément mis sur pause. Mais il faudra certainement se remettre au boulot dès que possible.

Pour Stéphane Auger, un autre dossier vient ainsi de s’ajouter à la pile. Le développement du hockey féminin était déjà un enjeu. Il se fragilise encore. « On va travailler fort et tout faire pour aider à garder ouvertes le maximum d’opportunités pour nos joueuses au niveau universitaire. »

Questionné sur la possibilité de voir de nouvelles universités offrir un programme de hockey, Auger confie qu’il y a eu des discussions informelles, des gens qui ont posé des questions, mais aucun projet concret ne serait en cours.

Est-ce qu’il est temps de travailler plus sérieusement avec des partenaires du monde des affaires pour aider à la création de nouveaux programmes? Est-ce que le gouvernement doit offrir un support financier à des entreprises intéressées? Jocelyn Thibault pense que oui. « Il y a déjà eu du travail fait auprès d’entreprises privées, mais il y a certainement lieu d’en faire encore plus. »

En bref, la décision encore non officielle de quitter le RSEQ fragilise grandement les équipes universitaires québécoises. Bien entendu, la réalité de la province est particulière parce que le Québec a des cégeps. Par défaut, cela fait en sorte qu’il y a moins d’institutions universitaires et qui plus est certaines n’ont pas les capacités d’offrir beaucoup de sports. Par contre, ça démontre aussi qu’il y a beaucoup de travail à faire pour que le sport – étudiant de surcroît – devienne un pilier de notre société.

Le Québec a besoin de son sport universitaire. Les universités québécoises doivent pouvoir prendre des décisions pour nos équipes sportives. Que fera-t-on si l’OUA décide d’indiquer la sortie aux équipes de hockey masculin de l’UQTR, McGill et Concordia? Ça prend un énorme soutien pour garantir les fondations de notre sport universitaire. Le départ des Gee-Gees et des Ravens a des implications bien plus grandes qu’une refonte d’un calendrier de hockey.

On entend aussi qu’Ottawa et Carleton pourraient retirer leurs équipes des ligues de volleyball féminin et de rugby. Quelle est la réelle volonté derrière ces choix? C’est à suivre, mais vivement un renforcement de nos ligues sportives collégiales et universitaires par l’ajout d’un maximum d’équipes. La qualité est là, mais la quantité nous met à risque. On en a là une preuve flagrante.

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