La Coupe Dunsmore 2022 a offert tout un spectacle aux amateurs présents ainsi qu’aux centaines de milliers de personnes rivées à leur écran. Du football intense, des jeux spectaculaires en attaque comme en défense. Et une fin de match digne d’un film où les unités spéciales ont mis la touche finale à une victoire bien méritée de la part du Rouge et Or de l’Université Laval. Ce match a tout pour rester dans les annales comme un grand classique.

On en parlera longtemps notamment pour cette fin de match alors que le pointage était de 24-24 et que le botteur Vincent Blanchard s’est installé pour une tentative de placement de 48 verges. Poussé par un vent favorable, c’était mission possible pour le rouge et Or. Cependant, les Carabins devaient se préparer à sortir le ballon de la zone des buts en cas d’échec pour ne pas donner un point et concéder la victoire.

Blanchard a raté sa cible et c’est là que tout s’est joué. Un trio de joueurs incluant le botteur Philippe Boyer était installé dans la zone des buts. Une des options pour sortir le ballon était notamment de le botter à l’extérieur. Le ballon a d’abord rebondi à côté de Boyer avant d’atterir dans les mains de Carl Chabot. Celui-ci aurait donc pu botter le ballon, mais il a choisi de tenter de le sortir lui-même. C’était sans compter sur l’adrénaline qui coulait dans les veines de Charles-Lee Alarie-Tardif. Comme une locomotive sans frein, il a foncé sur sur les deux joueurs des Carabins qui tentaient de bloquer pour Chabot et il a littéralement tout défoncé pour mettre la main sur le numéro 13 qui a finalement été stoppé quelques pouces à peine avant de franchir la ligne blanche.

Carl Chabot / Crédit : James Hajjar

J’ai lu et entendu toutes les théories possibles pour tenter d’expliquer ce qui a pu passer par la tête de l’excellent Carl Chabot. Et je prends le temps d’écrire le mot excellent, parce que ce jeu, que ce soit une erreur de jugement ou non, ne définira pas ce qu’il est. Ça restera possiblement gravé dans sa tête, mais ce n’est pas la raison de la défaite des Carabins samedi. Chabot a été un vecteur positif toute sa carrière.

D’abord parce que rien ne dit que le Rouge et Or n’aurait pas gagné le match en prolongation. Ensuite parce qu’un match de football ne se détermine pas sur son dernier jeu, si marquant soit-il. Les Carabins ont concédé un point dès le botté d’envoi initial quand Iraghi Muganda a lui aussi été plaqué tout juste avant de pouvoir quitter la zone des buts avec le ballon. Deux placements ont aussi été ratés, dont un dès la première possession offensive. Ainsi, au moment où Arnaud Desjardins touchait au ballon pour la première fois de la rencontre, ça aurait très bien pu être 3-0 au lieu de 1-1. Ces points auraient aussi fait la différence à la fin.

On a eu droit à un peu de tout dans ce match. Mais surtout à un spectacle enlevant. Un match serré avec des points au tableau et au cours duquel, les vedettes en ont mis plein la vue.

Kevin Mital a été le récipiendaire du titre de joueur par excellence en 2022 et il a connu une performance digne de cet honneur. Neuf réceptions, 116 verges et trois touchés. Qui plus est, sa première réception l’a été pour une perte de deux verges. Mais ce fut le premier jeu de la séquence qui a mené à son premier touché, sur trois verges qui donnait les devants à Laval 10-1. Son deuxième a été un jeu de 50 verges alors que Desjardins l’a trouvé fin seul au centre du terrain. Laval reprenait alors les devants 17-14, mettant ainsi fin à une séquence de 14 points sans réplique des Bleus. Puis, le troisième est arrivé avec un peu plus de trois minutes à faire pour encore une fois redonner l’avance aux siens par trois points. Dans les moments clés, il faut pouvoir se tourner vers les meilleurs.

Crédit photo : Mathieu Bélanger

Arnaud Desjardins a bien distribué le ballon en complétant 65,6% de ses passes pour 253 verges. Il a subi deux interceptions, mais il a aussi pris les choses en charge à des moments opportuns. Notamment en courant avec le ballon, ce qu’il ne fait pas particulièrement souvent. Sa course de 12 verges sur un 2e essai et 7 à sa ligne de 54 a permis de poursuivre la poussée offensive qui a mené au premier touché de Mital. Même chose sur son troisième. Si Desjardins ne franchit pas au sol les 5 verges qui manquent pour le premier jeu alors qu’il reste environ quatre minutes à jouer, le Rouge et Or se trouve dans une drôle de position où il peut tenter un placement, mais il aurait tout de même tiré de l’arrière par un. À la place, on a pu continuer et ça a permis à Desjardins de rejoindre son receveur #1 sur 11 verges et donner les devants à son équipe.

Alex Duff, un porteur de ballon dont on ne parle pas assez a encore une fois été un important contributeur avec 51 verges en six courses. Ça fait trois fois dans les quatre derniers matchs qu’il mène son équipe pour les gains au sol en plus de faire du très bon boulot sur les retours de botté d’envoi.

En défensive, le jeu au sol de Montréal a été rapidement contenu et il est devenu assez évident, tôt dans la rencontre, que le plan de match offensif des Carabins serait de se fier entièrement sur les habiletés de Jonathan Sénécal. La ligne défensive menée par Jean-William Rouleau et William Quenneville a laissé des miettes au gros Bertrand Beaulieu. Sur les deux premières possessions des Carabins, le #48 a couru deux fois pour -7 et 2 verges.

Crédit photo : James Hajjar

Sénécal a joué un très bon match. Il était en contrôle et arrivait souvent à faire avancer le ballon. Il a terminé le match avec 374 verges de gain en plus d’en ajouter 59 au sol. On sentait qu’il était à son aise avec toutes ses armes à sa disposition, contrairement au dernier match au stade Telus. Au total, 10 joueurs différents ont capté au moins une de ses passes.

Mais la tertiaire des locaux a tout de même abattu de la grosse besogne face aux Dosso, Chabot, Mughanda et Jones. Desjardins n’a complété que 53% de ses 51 passes tentées. Sept passes ont été rabattues dont deux par l’excellent Maxym Lavallée. Et que dire du travail du maraudeur Félix Petit et du demi Francis Bouchard qui ont cogné durement les receveurs des Carabins? À la fin, la défensive du Rouge et Or n’aura accordé qu’un seul touché à l’adversaire.

Ceci dit, les Carabins ont eux aussi joué du gros football. Mis à part le long touché de 50 verges à Mital, les Bleus n’ont concédé aucun jeu aérien de plus de 18 verges. Pendant l’équivalent de deux quarts, de la fin du premier à la fin du troisième, la défensive n’a accordé aucun point. On a également réussi à intercepter Desjardins à deux reprises, lui qui n’avait été victime que de quatre larcins en saison régulière.

Également, il serait malhonnête de ne pas parler du botté bloqué par Philippe Lemieux-Cardinal qui a permis au demi défensif Julien Le Guéhennec de récupérer et transporter le cuir dans la zone des buts adverses. Ce faisant, les Carabins reprenaient les devants 21-17 sur le tout dernier jeu du troisième quart. C’était le dernier match de la carrière étudiante de l’ailier défensif des Carabins. N’ayant pas été repêché par une équipe de la LCF le printemps dernier, il est revenu pour une dernière saison afin de prouver qu’il avait ce qu’il faut pour se rendre au niveau supérieur. Si certains lui ont reproché un manque de combativité dans le passé, ce jeu prouve hors de doute qu’il a corrigé cette lacune.

Crédit photo : Rouge et Or

Bref, on en a eu plein les yeux dans ce match. Et ça promet pour la semaine prochaine alors que le Rouge et Or poursuivra sa route en tentant de défaire les champions en titre et grands favoris, les Mustangs de Western sur leur terrain. Oui, la tâche sera ardue, mais est-ce que Western a affronté une offensive du calibre de celle du Rouge et Or en Ontario cette saison? À suivre… avec grand plaisir!

En terminant, juste mentionner que TVA Sports a enregistré une moyenne de 191 000 téléspectateurs pour la diffusion du match sur ses ondes avec une pointe de 421 000 à la toute fin. Félicitations à ceux qui supportent le sport étudiant. Continuez de démontrer votre intérêt.

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