Drummondville était l’hôte des championnats provinciaux scolaires de flag football la fin de semaine dernière. De partout à travers le Québec, les meilleures équipes féminines et masculines de niveaux benjamin, cadet et juvénile se sont rassemblées pour une dernière compétition avant les examens de fin d’année. Pour des raisons familiales, j’ai suivi de près le parcours d’une équipe en particulier, les Dragons du Collège St-Jean-Vianney en juvénile masculin.
Les juvéniles, ce sont les plus vieux. Les gars de secondaire 5 dont la plupart jouent ensemble depuis la première année du secondaire. Ce sont aussi leurs parents qui se voient chaque semaine et qui ont développé une complicité et même une amitié. Et bien sûr, les entraîneurs, à qui ces parents confient leurs enfants, qui ont contribué à en faire une équipe soudée et en partie les jeunes hommes qu’ils sont aujourd’hui.
Le championnat provincial de flag football, c’était l’occasion d’être tous ensemble une dernière fois.
Chaque équipe a son parcours, ses histoires, ses anecdotes et ses moments qui la marquent. Pour cette équipe de flag football, qui n’avait pas pu jouer son championnat au cours des deux dernières années, Drummondville était l’occasion de prendre sa revanche après la finale de Trois-Rivières 2019.
À cette époque, les p’tits gars avaient 13 ou 14 ans. La claque qu’ils avaient reçue contre l’Amiral de Jean-de-la-Mennais les avait marqués. Parce qu’ils n’avaient jamais perdu un match de flag avant et qu’ils se sont jurés de revenir un jour prendre leur dû. Les joueurs ont dû attendre trois ans pour prendre cette revanche dont ils rêvaient chaque fois qu’ils accrochaient les drapeaux à leurs shorts. Affronter Jean-de-la-Mennais en finale, c’était le scénario qu’ils souhaitaient tous.
Cette saison, les Dragons ont remporté tous leurs matchs, terminant avec le titre de champions régionaux en battant les Béliers de Henri-Bourassa malgré l’absence de quatre de leurs piliers. Avec une défensive pratiquement impénétrable et une attaque menée par un quart-arrière qui sera d’Équipe Québec au football cet été, les Dragons ont passé la saison à terrasser leurs adversaires montréalais.

Toutefois, le championnat provincial, c’est autre chose. Il n’y a là que les meilleures équipes de toutes les régions. Et comme on ne joue pas contre les formations des autres régions, il est bien difficile de savoir où on se situe. Mais les Dragons avaient confiance. Cette confiance qui les a animés tout au long de la saison. Pour eux, c’était l’or ou rien et ça se passerait avec une finale contre l’Amiral.
En arrivant au Motel Blanchet vendredi soir, les joueurs n’avaient donc qu’une idée en tête… passer une bonne soirée avec l’équipe des filles. Parce qu’au-delà du championnat, c’est rare qu’on puisse profiter d’une fin de semaine en gang comme ça. La bonne humeur était au rendez-vous. Et c’est bien la marque de commerce de nos gars. Comme le démontre la fois où, lors d’un match en saison, un joueur du banc est venu s’occuper d’un temps d’arrêt. Question de garder l’atmosphère légère, au lieu de parler de stratégie, il leur a proposé une devinette. Les joueurs en sont sortis avec le sourire… et un touché.
Samedi matin, les choses sérieuses allaient commencer. Au parc St-Jean-Baptiste, les Dragons ont brisé la glace en battant les représentants de l’Outaouais, le Collège Nouvelles-Frontières, 19-6. Malgré la victoire, les joueurs ont compris de ce premier match qu’il faudrait vraiment bien jouer pour se faufiler jusqu’au bout.
Se déplaçant ensuite au terrain de l’école Marie-Rivier, St-Jean-Vianney allait affronter Marcellin-Champagnat. Un match significatif puisque ces derniers étaient les dauphins de Jean-de-la-Mennais dans la Montérégie. Ils s’étaient inclinés 13-7 en finale régionale.
Suite à une blessure subie par un joueur cadet de Mont St-Louis plus tôt en journée, le déroulement des matchs avait pris du retard. Les parents étions installés sur les abords du terrain, en profitant pour encourager l’équipe cadette masculine de St-Jean-Vianney qui jouait juste avant. Jasant de tout et de rien et pourquoi pas déboucher une bière froide sous le chaud soleil? Plus loin sur le terrain de l’école, les joueurs de Marcellin-Champagnat passaient le temps en jouant au volleyball de plage.
Nos gars, eux, étaient rassemblés à l’ombre de l’école. Un groupe uni, heureux d’être là, heureux d’être ensemble. L’un d’eux avait apporté un haut-parleur pour faire jouer de la musique. Puis à un moment, on a entendu notre gang de gars entonner à l’unisson l’Amérique qui pleure des Cowboys fringants, puis une autre chanson et une troisième. En nous retournant, nous les avons vus debout en cercle en train de danser et chanter. Eux qu’on voit habituellement avec leurs écouteurs dans les oreilles à écouter du rap. La moitié des parents ont pris leur téléphone pour filmer.
Ils étaient beaux et ce moment d’équipe valait autant qu’une célébration d’après-victoire. Quoiqu’il allait arriver, cette équipe avait créé des liens et des souvenirs qu’on ne pourrait jamais leur enlever. Mais ils voulaient plus.
Le match a enfin débuté et les Dragons n’ont laissé aucune chance à leurs adversaires. Une victoire de 33-6. Puis, pour leur troisième et dernier match de groupe, ce sont les Intrépides de Chêne Bleu qui ont été brûlés du feu des Dragons, cette fois par le pointage de 26-7. Des matchs marqués d’attrapés spectaculaires de Carmelo Mathurin, Nicolas MacDuff, Vinh-Khang Tran et Alexis Barbeau ainsi que de jeux fantastiques en défensive par Roubenz Guillaume (dont un de ses fameux « pick 6 »), Sébastien Gilles et Horeb Noutchogouin Houena.
La journée était donc complète. Mission accomplie avec cette première place du groupe et un accès direct à la 1/2 finale. De l’autre côté, on a appris que Jean-de-la-Mennais s’était incliné 22-20 contre Henri-Bourassa. Malgré des victoires convaincantes de 36-6 contre Keranna et 45-0 face à l’Assomption, l’Amiral allait donc devoir jouer un match quart-de-finale dimanche matin à 8 h contre Chêne Bleu. L’équipe gagnante serait l’adversaire des Dragons en demi.
Comme la veille, les gars des Dragons ont passé la soirée au motel. Passant d’une chambre à l’autre, jouant à des jeux et partageant d’autres bons moments. Ils sont allés au lit vers 1h. Ils pouvaient se le permettre grâce à leurs performances de la veille.
On n’aurait donc pas droit à la finale rêvée, mais le chemin vers la conquête du titre allait malgré tout passer par une victoire contre Jean-de-la-Mennais. Ceux-ci ayant vaincu l’équipe de Pincourt 13-0. L’attente était terminée. Le duel Amiral-Dragons pouvait enfin avoir lieu. À 11 h 45 dimanche, sur le terrain 2 du cégep de Drummondville, finalement, on allait pouvoir se mesurer. Déterminer qui était la meilleure équipe entre ces deux rivaux qui n’avaient pourtant qu’une seule confrontation dans leur histoire. Le temps avait su hausser la valeur de l’affrontement à venir.
Dès le début de la rencontre, Jean-de-la-Mennais a réussi à stopper l’attaque des Dragons sans accorder de premier essai. Un élément clé pour la confiance face à ce quart-arrière dont les parents de Jean-de-la-Mennais admiraient la technique et la puissance. À son tour en offensive, l’Amiral a profité de drapeaux échappés par la défensive – une rareté dans leur cas – pour gruger du terrain et réussir un touché prenant ainsi les devants 6-0.

Tout au long de la première demie, l’attaque de l’Amiral a su avancer méthodiquement. Cependant, à deux occasions, à l’orée des buts, on a tenté une passe dans les zones profondes. Et chaque fois, la défensive des Dragons a réussi les gros jeux avec, notamment, deux interceptions dans la zone des buts par Alexis Malo et Edwin Senatus.
Avant la fin de la demie, le quart Marc-Antoine Charlebois a rejoint sa cible de prédilection, Vinh-Khang Tran, sur une longue passe. Tran est un marchand de vitesse. Il le faut pour se rendre au bout des roquettes décochées par le grand quart. Et son apport était d’autant plus nécessaire en l’absence de Liam Lauzon, blessé. Sur le jeu suivant, les Dragons ont égalisé le pointage et ajouté un converti. À la pause, ils détenaient une mince avance de 7-6.
La tension était palpable. Sur le terrain, mais aux abords aussi, alors que les parents des deux équipes y allaient de leurs plus hauts cris d’encouragement. La rivalité, toujours saine, commençait à dépasser les limites du terrain. Tout le monde connaissait l’importance du match.
Puis, la deuxième demie s’est amorcée et cette fois, la défensive des Dragons a retrouvé ses marques. Le « rusher » Antoine Nazair mettant toute la pression possible sur le quart adverse. Les séquences offensives de Jean-de-la-Mennais se succédaient, mais les succès de la première demie n’étaient plus au rendez-vous. On avait apporté les ajustements. Et comme ça a été le cas tout au long de la saison, avec cette défensive qui faisait le boulot, ce n’était qu’une question de temps avant que l’attaque ne se mette en marche. Tran, Mathurin, MacDuff, Barbeau, Joseph, Mebarki, Poirier et Noutchogouin ont tous à leur manière mis la main à la pâte pour faire rouler la machine.
Malgré le pointage qui demeurait serré, les Dragons avaient le contrôle du match. Lorsque l’arbitre a brandi son mouchoir orange au-dessus de sa tête pour annoncer la fin du match, la marque était de 15-6 en notre faveur. La revanche était prise. La tâche avait été ardue, la confiance attaquée, mais la cohésion des troupes et l’esprit de cette équipe qui sait qu’elle a toujours des solutions ont permis d’avoir le dessus.
Il restait toutefois une finale à jouer. Henri-Bourassa venait de vaincre Marcellin-Champagnat dans l’autre demi-finale. Les deux adversaires de la région montréalaise se connaissent par coeur. Ce serait leur cinquième affrontement de la saison. Les Dragons étaient 4 en 4.
La loi de la moyenne allait-elle les rattraper? Après tout, Henri-Bourassa avait dominé son groupe et venait de gagner sa demi-finale 20-0.

Si la première demie de la finale s’est conclue par une égalité de 0-0, les occasions n’en ont pas été moins nombreuses pour autant. À trois reprises, les Dragons se sont faufilés à l’intérieur de 10 verges de la zone des buts adverses. À chaque fois, Henri-Bourassa a réussi une interception. Oui, le CSJV avait le dessus, mais contre un adversaire aussi athlétique, ce n’était clairement pas la meilleure idée qui soit de laisser autant de points sur le terrain.
C’est alors que le grand leader qu’est Vincent Poirier s’est levé. Le secondeur étoile au football joue dans la même équipe que le quart-arrière Marc-Antoine Charlebois depuis qu’ils ont 7 ans. Cette finale était leur dernier match sous les mêmes couleurs. La saison prochaine, Poirier poursuivra son cheminement avec les Nomades de Montmorency alors que Charlebois ira prendre les guides de l’attaque des Nordiques de Lionel-Groulx.
À la reprise du jeu, le botté d’envoi a été capté par Charlebois qui a pris quelques pas d’élan avant de décocher une bombe au centre du terrain en direction de son vieux complice. – Il faut savoir qu’au flag, on a le droit à une passe avant sur les retours de botté. – Poirier, comme s’il n’avait jamais cessé d’être la cible de choix de son chum de toujours, courait avec toute l’adrénaline que le moment lui procurait. Tournant sa tête au-dessus de son épaule gauche, il a aperçu le ballon. Sans ralentir, il s’est glissé entre deux adversaires, a étiré ses longs bras et du bout des doigts a capté le ballon avant de s’échapper pour le touché. Un moment de grâce qui a soulevé tout le monde de son siège. 6-0 Dragons.
Les Béliers ont ensuite repris le ballon et dès leur premier jeu, le quart a vu sa passe être interceptée par nul autre que Vincent Poirier qui a ramené le ballon dans la zone des buts. Après deux jeux en 2e demie, sans avoir envoyé son attaque sur le terrain, Poirier avait rectifié les choses pour les siens qui prenaient les devants 12-0.
Le reste s’est déroulé comme prévu. La défensive a fait son travail. Nazair a mis la pression, Senatus, Malo, Poirier, Guillaume et Noutchogouin n’ont rien laissé aux receveurs et Gilles bloquait tout au centre. L’attaque est demeurée patiente et a retrouvé son opportunisme. Pointage final, 24-6. Les Dragons sont champions du Québec.
Une bannière à signer et à accrocher dans le gymnase de l’école pour la postérité. Une dernière raison de chanter, de danser et de se faire photographier ensemble, bras dessus, bras dessous. Des sourires francs, une fierté, mais aussi un sentiment du devoir accompli. Les gars l’ont fait ensemble. Ils ont gagné à leur manière, en étant heureux de fouler le terrain, avec confiance, en partageant leurs émotions et en se soutenant. Et ils l’ont fait malgré l’absence de deux receveurs de premier plan, Lauzon et le grand Delven Charles.


Ce n’est pas seulement la victoire d’une équipe performante sur le terrain, mais celle d’un groupe fort et uni au-delà des origines, du caractère et des forces de chacun. La victoire de gars qui s’aiment vraiment et qui adoraient être ensemble. Un superbe modèle pour les autres générations de sportifs du Collège et de partout ailleurs. En tout cas, nous, parents, on a adoré suivre ce groupe si spécial.
Ainsi se termine leur association. Il reste le bal des Finissants et après, chacun partira de son côté. Certains continueront de jouer ensemble au football collégial, mais cette cohorte en a fini avec les exploits en commun sur les terrains. Ne reste que les souvenirs, mais surtout une amitié et des liens indéfectibles à jamais.
Merci les boys!
Merci JF et Julie!
Au revoir, chers parents!

En bas : Vincent Poirier, Edwin Senatus, Alexis Barbeau, Roubenz Guillaume, Vinh-Khang Tran Absent : Delvin Charles / Crédit photo : Julie Bourassa
Résultats
Juvénile masculin
- Or : St-Jean-Vianney
- Argent : Henri-Bourassa
- Bronze : Jean-de-la-Mennais
Juvénile féminin
- Or : Bourget
- Argent : Clarétain
- Bronze : L’Assomption
Cadet masculin
- Or : Jean-Eudes
- Argent : Mont St-Louis (Félicitations Mathia!)
- Bronze : St-Jean-Vianney
Cadet féminin
- Or : Bourget
- Argent : Clarétain
- Bronze : Mont St-Louis
Benjamin masculin
- Or : St-Jean-Vianney
- Argent : Rosemere High
- Jean-Eudes
Benjamin féminin
- Or : Bourget
- Argent : Les Estacades
- Bronze : L’Assomption