La pression est forte, très forte, sur la direction du cégep St-Laurent après l’annonce de la mise sur pause de son programme de hockey féminin. Des politiciens posent des questions. Des anciennes qui se mobilisent pour dénoncer la décision. La directrice des services aux étudiants est en train de voir comment récupérer ce qui peut l’être.

Selon une information que j’ai obtenue, Daniel Continelli, ancien entraîneur des Patriotes pendant 11 ans au début des années 2000 aurait contacté la directrice Danielle Malkassoff afin de discuter de ce qui peut être fait pour sauver le programme. Ou ce qui en reste. Parce que du gros dommage a déjà été fait.

Danielle Malkassoff, directrice des Services aux étudiants et des Communications du cégep St-Laurent

Après l’annonce de la semaine dernière, des joueuses qui avaient signé un bail pour un logement l’ont résigné. Trois étudiantes-athlètes françaises qui devaient se joindre à l’équipe la saison prochaine devront probablement revoir leur projet. Alors combien de joueuses reste-t-il? Combien de joueuses faudra-t-il greffer au noyau? On me dit qu’environ 14 étudiantes-athlètes, en comptant les Françaises, pourraient revenir. Elles le souhaitent toutes et n’attendent qu’une confirmation que le programme renaît. Mais le temps est compté. La décision doit être prise avant la fin de la semaine.

Au moins, on voit qu’il y a un intérêt de la part du cégep de retourner la situation. J’ai l’impression qu’on avait fortement sous-estimé les répercussions de ce choix malheureux. Mais cet intérêt soudain est dû à quoi? La mauvaise image que ça renvoie ou une incompréhension des enjeux? Comment la direction des services étudiants a-t-elle pu laisser un tel dénouement survenir sans poser plus de questions?

Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit. Du moins, c’est ce que je suis obligé de conclure. Si les raisons invoquées pour fermer le programme sont justifiées et de bonne foi, le cégep doit répondre et s’expliquer. Que des anciennes comme Caroline Ouellette et Isabelle Leclaire, pour ne nommer que celles-là, soient encore dans un brouillard presque total est inacceptable.

Il reste de sérieuses questions sans réponse. Le manque d’entraîneurs et de joueuses n’est pas suffisant pour convaincre les observateurs. Et tout ce qu’on demande, ce sont des réponses ou des actions claires. Danielle Malkassoff et Hugo Lamoureux ont la balle entre leurs mains. Ils doivent des réponses aux joueuses et à leurs parents.

Comment se fait-il que l’ancienne entraîneuse Marie-Claude Roy, qui a été à la tête du programme de 2010 à 2017, a reçu un laconique message sur Messenger lui demandant si elle voulait revenir coacher, sans aucune mise en contexte? Madame Roy avait quitté parce qu’après trois années à demander plus de ressources et plus de soutien, elle n’avait jamais vu de changement et la fatigue l’a rattrappée.

Elle a refusé l’offre parce qu’elle a d’abord jugé l’approche non professionnelle, mais aussi parce qu’elle ne savait pas que le programme était au bord du gouffre à ce point. « Je ne sais pas si les conditions m’auraient permis d’accepter le poste, mais j’aurais certainement pris le temps de discuter pour trouver une solution. Les anciennes, nous avons le programme très à coeur. Jamais je ne l’aurais laissé tomber sans réagir. »

Pourquoi est-ce que deux anciens entraîneurs-chefs de l’équipe m’ont déclaré sans hésitation qu’ils auraient été prêts à reprendre l’équipe demain matin, mais qu’on ne les a pas contactés avant d’annoncer qu’aucun entraîneur n’était disponible? J’ai écrit un article suite à une discussion avec Daniel Continelli.

Dany Brunet / Crédit photo : Elite prospect

Et à lui s’est ajouté Dany Brunet qui n’a même pas été appelé. Je rappelle qu’il a été entraîneur-chef des Canadiennes de Montréal durant 5 ans et était en charge du programme cet automne encore. Il savait très bien quoi faire. D’ailleurs, il avait amorcé un mandat clair à son arrivée, celui de remettre le programme sur les rails. Et il me jure qu’on répondait positivement à ses demandes pour créer les conditions gagnantes afin de ramener le programme parmi les meilleurs.

Pourquoi a-t-on fermé les valves avant même la fin du processus d’offre d’emploi pour la recherche de l’entraîneur? L’offre d’emploi donnait jusqu’au 13 mai pour soumettre sa candidature. L’annonce de la fermeture du programme aux joueuses s’est faite le 10.

Que répondra-t-on à Caroline Ouellette, Isabelle Leclaire et les autres qui sont en train de se mobiliser via les réseaux sociaux pour demander des comptes à la direction?

Comment a-t-on pu laisser aller la situation au point où on allait accepter sans trop s’en émouvoir de l’arrêt des activités d’un des programmes de hockey féminin les plus importants au Québec?

Et je ne parle pas de l’effet que fait la nouvelle voulant que les députés libéraux Enrico Ciccone et Christine St-Pierre souhaitent tenir un point de presse mercredi devant l’établissement de l’avenue Ste-Croix à Montréal. Disons que ce que j’entends me laisse croire que la direction n’a clairement pas envie d’avoir à faire avec un tel événement.

D’autres sujets mériteraient qu’on prenne le temps de s’y arrêter. Le financement du sport collégial, le processus de relégation d’équipes féminines collégiales du D1 au D2, la capacité du RSEQ ou de Hockey Québec de pouvoir venir en aide à des programmes en difficulté. Quand je parlais de boîte de Pandore…

Attendons encore les prochaines heures pour voir quelles seront les actions du cégep pour tenter de sauver la navire ou expliquer de bonne foi pourquoi le naufrage était inévitable. Des gens y travaillent fort actuellement. Il faut saluer ces efforts et par-dessus tout, espérer qu’ils porteront fruit. Pour le bien des étudiantes, du hockey féminin et du sport étudiant.

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