Daniel Continelli a été entraîneur-chef de l’équipe féminine de hockey des Patriotes de Saint-Laurent durant 11 ans au début des années 2000. Il se dit prêt à reprendre les rênes du programme. Il assure également qu’il aurait assez de joueuses pour former une équipe.

« J’aurais pu reprendre en charge cette équipe avec mon groupe d’entraîneurs. Mais les conditions imposées m’empêchent de le faire. Pour une raison que je m’explique mal, les filles doivent pratiquer le midi. C’est impossible pour moi de me libérer de mon emploi pour faire ça », déclare Continelli au téléphone.

Lors de notre entretien, celui qui est aujourd’hui directeur de structure pour le club des Amazones de Laval-Montréal dans la LHEQ, m’explique qu’il aurait aussi pu trouver rapidement des joueuses pour combler les départs. « Avec le club M18 AAA, il y a des filles qui auraient été prêtes à me suivre à Saint-Laurent.»

L’ancien entraîneur-chef de l’équipe du Québec féminine U18 en a long à dire sur la façon dont on gère le sport étudiant au Québec et notamment dans les cégeps. L’enseignant en éducation physique en a vu des vertes et des pas mûres dans son parcours de coach. Mais au sujet du programme des Patriotes, comme bien d’autres, il se pose de nombreuses questions. Notamment sur les raisons qui font qu’on n’est pas en mesure de réserver des heures de glace adéquates pour le programme féminin.

« L’aréna appartient au cégep. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Alors pourquoi choisir de mettre les pratiques sur l’heure du midi alors qu’on sait pertinemment que c’est un obstacle majeur pour attirer de bons entraîneurs? »

Daniel Continelli

Il avance l’hypothèse de la rentabilité des installations. « C’est sûr que de louer une glace à 200$ de l’heure à des organisations, ça rapporte plus que de faire pratiquer ton équipe qui ne paie pas. C’est un choix. Mais c’est un choix conscient. »

Il est reconnu dans le milieu du hockey féminin que ce n’est pas facile de trouver des entraîneurs d’expérience. Valérie Bois, qui a été joueuse et entraîneuse des Patriotes, souligne à grands traits à quel point il faut être passionné pour entraîner à ce niveau. « Ce n’est pas pour l’argent que les gens font ça, c’est certain. Il faut absolument avoir un autre emploi, alors ça exige des conditions particulières que tout le monde n’a pas nécessairement. »

Pour Bois, la question qui se pose est celle de l’argent. « Est-ce que l’enveloppe budgétaire du programme féminin est équivalente à celui des autres programmes D1 de l’école? C’est possible, mais c’est une question qu’il faut poser. » Je n’ai pas cette réponse, mais c’est effectivement une question très pertinente.

Enfin, d’après ce qu’on peut constater, les trois équipes qui ont terminé aux trois dernières places du classement sont dirigées par des entraîneurs qui ne sont pas des employés du cégep. Et elles pratiquent toutes le midi. Alors est-ce qu’on donne toutes les chances à ces programmes de réussir?

L’argent, l’organisation, l’encadrement. Des éléments qui font défaut dans le sport collégial en général. Quand on voit que dans la majorité des cégeps, le sport est inclus à l’intérieur du grand chapeau des services aux étudiants, il est possible qu’on n’accorde pas toujours suffisamment de ressources aux athlètes et aux entraîneurs.

Quant au cégep St-Laurent lui-même. Il faut aussi se demander quelles sont les priorités et les intérêts des gens en place. L’arrêt du programme de hockey féminin a frappé très fort dans la communauté des anciennes. Quand on peut lire les commentaires de personnalités aussi importantes que Caroline Ouellette, on constate l’impact que ça a.

Mais tout n’est pas terminé. Tel que rapporté par Jay Turnbull de CBC, les députés libéraux Enrico Ciccone et Christine St-Pierre seront au cégep St-Laurent mercredi prochain pour un point de presse.

Publicité