Onde de choc dans le monde du sport étudiant. Mardi après-midi, les joueuses de hockey des Patriotes du cégep St-Laurent ont appris la fin des activités de leur programme par un courriel du directeur des programmes sportifs. Depuis, les réactions fusent de toute part.
Au Québec, quand on parle de hockey collégial, les Patriotes du cégep Saint-Laurent est le nom qui vient immédiatement en tête pour un très grand nombre d’observateurs. Un peu avant 17h mardi, les joueuses des Patriotes ont reçu un courriel de la part de Hugo Lamoureux, dont Bulletin sportif a obtenu copie. La décision est justifiée ainsi :
« Notre recrutement très difficile de joueuses ainsi que le recrutement d’entraineur de qualité font en sorte que nous devons arrêter. De plus, exceptionnellement cette année, les résidences sont complètes. Aussi, le fait que Hockey Québec est en processus d’évaluation et qu’il vont retirer une équipe du D1 en 2023-2024 n’aide pas la cause surtout au niveau du recrutement. »
Le communiqué mentionne également que le programme accompagnera les joueuses désireuses de transférer dans un autre cégep. Les démarches n’étant pas toujours simples, autant au niveau académique que sportif et d’hébergement. Et sans surprise, les étudiantes-athlètes ont l’autorisation officielle de contacter les autres programmes pour tenter de se trouver une place pour la saison prochaine.
Derrière ces explications, on doit comprendre qu’il y a un contexte ayant mené aux difficultés de recrutement. En juin 2019, les Patriotes ont annoncé fièrement (et avec raison) l’embauche de Dany Brunet pour prendre les rênes du programme féminin des Patriotes. Brunet venait de passer 5 ans à la tête des Canadiennes de Montréal. Un entraîneur d’expérience.
Malheureusement, les Patriotes ont dû laisser aller leur pilote parce que ce dernier n’était pas vacciné contre la COVID-19 et ne pouvait donc pas exercer son rôle. Il a été remplacé par Alexandria D’Onofrio pour la saison 2021-2022. L’ancienne joueuse des Blues de Dawson et des Stingers de Concordia avait peu d’expérience derrière un banc.
Les résultats peu glorieux en saison et les comparaisons avec Dany Brunet auraient mené au départ de D’Onofrio et de son adjointe Léa McIntyre, elle aussi, une entraîneure à ses balbutiements. Leur contrat n’étant pas renouvelé au terme de la saison. Mais, en fouillant un peu, on constate que tout n’est peut-être pas si simple. On continue de poser des questions.
« Le recrutement était fait et complet pour la prochaine saison. Nous avions tout le monde en place pour amorcer la saison 2022-23. »
Léa McIntyre, entraîneure-adjointe dont le contrat n’a pas été renouvelé par les Patriotes
Néanmoins, cette décision de ne pas ramener les deux entraîneures a eu un effet direct sur la suite des choses. Léa McIntyre m’a expliqué lors d’un entretien téléphonique : « Lorsque l’école a annoncé que notre contrat ne serait pas renouvelé, de nombreuses joueuses qui devaient venir à St-Laurent ont déchiré leur entente et choisi d’aller voir ailleurs. Puis, il y en a d’autres, qui étaient déjà avec nous, qui ont aussi décidé de partir. Et à la fin, ce sont les autres adjointes et la préparatrice physique qui ont quitté aussi. »
À ce moment de l’année, il devient donc impossible de remplir tous les trous et donc de croire sincèrement qu’il sera possible de mettre une équipe digne de ce nom sur la glace pour l’automne prochain. La direction a annoncé que le tournoi prévu au mois de mai serait le dernier événement pour l’équipe avant son démantèlement.
Selon mes sources, une rencontre aurait lieu sur l’heure du midi entre la direction générale et le département des sports pour réfléchir à l’avenir potentiel du programme de hockey féminin. Est-ce qu’on voudra continuer les recherches pour un nouvel entraîneur et ainsi tenter de relancer le programme dans un an ou deux?
Il faut savoir que suite au départ d’Alexandria D’Onofrio, la direction des sports avait annoncé être à la recherche d’un nouvel entraîneur-chef pour son programme féminin. Fait à noter, le profil recherché et ouvertement mentionné était celui d’un homme d’expérience. Pourquoi un homme? On me dit que c’est le « profil » recherché, mais qu’on ne refuserait évidemment pas une candidature extraordinaire comme celle d’une Caroline Ouellette.
J’ai tout de même mes sérieuses réserves sur cette approche de rechercher un profil masculin. Pour le moins, ça lance un drôle de message. Plusieurs sources proches du dossier me confirment que ce serait d’ailleurs à l’origine du départ d’au moins une membre de l’équipe d’entraîneures.
Une histoire à suivre et surtout un dénouement assez ironique moins d’une semaine après le dépôt du rapport sur l’avenir du hockey qui faisait une place si importante au développement du hockey féminin.
Pour la suite de l’enquête sur ce qui a mené au départ de l’équipe d’entraîneures, consultez cet article.