Crédit photo : Rosalie Bégin-Cyr / Ryan Thicke et Marika Labrecque / McGill Athletics
Un match Concordia-McGill, peu importe le sport, ça a toujours quelque chose de spécial. Les deux universités anglophones de Montréal ont une rivalité naturelle. Mais une finale en hockey féminin, ça ajoute une couche à l’importance du moment. Bulletinsportif met la table…
Le hockey universitaire féminin québécois couronne une équipe championne depuis 1981 alors qu’au Canada, le premier championnat national s’est tenu en 1998. Entre 1981 et 2005, les Stingers ont mis la main sur 18 championnats provinciaux et deux titres canadiens. Les Martlets, quant à elles, ont remporté leur premier titre québécois en 1985 et leur deuxième en 2003. Mais depuis, elles en ont remporté 10 autres, incluant quatre titres nationaux.
En résumé, ces deux programmes sont les plus auréolés de l’histoire du hockey féminin québécois. Malgré tout, elles n’ont croisé le fer en grande finale qu’une seule fois depuis 2005. La confrontation sera assurément haute en intensité, mais également en déploiement de talent. Stingers et Martlets misent sur des équipes très complètes, remplies de joueuses aux habiletés offensives qui en mettront plein la vue aux spectateurs ainsi que des gardiennes au sommet de leur art. Une finale à ne pas manquer.

La finale devait avoir lieu la semaine dernière. Les équipes médicales de McGill et de Concordia ont convenu de la repousser en lien avec la gestion de cas COVID. Les deux équipes, bien qu’elles auraient aimé jouer la semaine dernière, en ont profité pour peaufiner leur préparation.
« Nous étions prêtes pour jouer, mais nous avons changé notre état d’esprit du côté positif et maintenant nous sommes prêtes pour cette grosse rivalité », a analysé Émilie Lavoie, attaquante des Stingers.
De l’autre côté, Marika Labrecque y a vu une occasion de faire le plein d’énergie : « Ça nous a juste donné plus de temps pour nous préparer et aussi pour se reposer de nos trois matches contre Ottawa. C’est sûr que nous avions un bon momentum mais on va être capables d’aller le rechercher. »
Cette saison, les Martlets de McGill ont terminé au sommet du classement québécois avec une fiche de 12 victoires et trois revers. La formation d’Alyssa Cecere a fait élire trois joueuses sur la première équipe d’étoiles et une sur la deuxième.
La vétérane Jade Downie-Landry a été choisie athlète par excellence en vertu de sa fiche de 14 buts et 13 aides en 15 matchs. Elle termine ainsi sa carrière avec 99 points en 84 rencontres. Malheureusement, la saison tronquée en raison des mesures sanitaires reliées à la COVID l’aura empêchée d’atteindre le plateau des 100 et probablement même de se hisser parmi les 10 meilleures pointeuses de l’histoire du circuit.

Jade ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Son historique en éliminatoires le démontre de façon éloquente, elle sait monter son jeu d’un cran dans les moments importants. Elle a amassé 26 points en 19 matchs en séries en carrière au RSEQ en plus d’avoir été nommée joueuse par excellence lors du championnat canadien en 2018-19. Bref, elle aura le couteau entre les dents.
Sa coéquipière Marika Labrecque a quant à elle connu sa meilleure saison offensive avec 23 points en plus d’être la joueuse la plus punie du circuit. Élue sur la première équipe d’étoiles, elle aussi, la joueuse de 4e année aura un rôle majeur à jouer si les Martlets veulent défendre leur titre du RSEQ. Elle a inscrit deux buts et ajouté trois aides lors des trois matchs contre Concordia cette saison.
Je crois qu’on est excitées et calme à la fois. On a un jeune groupe de joueuses qui peuvent être stressées car c’est leur première finale mais on sent qu’elles sont excitées. Ça sera une belle expérience pour elles avant de les préparer pour les Nationaux.
Marika Labrecque à propos de l’ambiance qui règne à l’aube de la finale
L’autre membre de la première équipe d’étoiles du RSEQ est la gardienne Tricia Deguire. Elle a complété la saison avec 10 victoires et 3 défaites, une moyenne de buts accordés de 1,97 et un taux d’arrêts de ,931. Face aux Stingers, toutefois, Deguire a connu ses deux sorties les plus difficiles de la saison accordant quatre buts lors de chacun de leurs deux derniers duels.

Les attaquantes Christiana Colizza, Laura Jardin et Mackenzie McCallum et les défenseurs Jaime Kastelic et Elizabeth Mura seront aussi à surveiller pour l’équipe en rouge et blanc.
McGill a eu une petite frousse en demi-finale contre les Gee Gees d’Ottawa. Après une première victoire de 5-1, elles se sont inclinées 1-0 avant de gagner le match ultime 1-0 pour passer en finale. Elles ont eu à affronter une Mahika Sarrazin en grande forme devant le filet ottavien, mais ce ne sera pas plus facile contre Concordia.
Chez les Stingers, qui ont complété le calendrier régulier à un seul point des Martlets, la profondeur en attaque est exceptionnelle. La formation dirigée par Julie Chu et Caroline Ouellet a placé sept joueuses parmi les dix premières compteuses. Stéphanie Lalancette (7b-14a / 1re équipe d’étoiles), Marie-Pascale Bernier (8-10 / 2e équipe d’étoiles), Brigitte Laganière (3-14 / 1re équipe d’étoiles), Émilie Lavoie (8-8 / Recrue de l’année), Rosalie Bégin-Cyr (5-11 / 2e équipe d’étoiles et Joueuse par excellence en 19-20), Emmy Fecteau (6-9) et Audrey Belzile (7-7 en 10 matchs / 2e équipe d’étoiles) ont toutes maintenu un rythme supérieur à un point par match.

À cela, il faut ajouter l’apport d’autres recrues très talentueuses en Jessymaude Drapeau, Zoé Thibault et Chloé Gendreau ainsi que de l’excellente gardienne Alice Philbert.
Les joueuses des Stingers ont hâte de jouer et elles sont prêtes comme le dit Émilie Lavoie. « Il y a de la nervosité, mais c’est une bonne nervosité qui se définit par le vouloir de jouer et de montrer à tous que nous sommes la meilleure équipe. Nous sommes sans aucun doute prête à faire face à de l’adversité, nous attendons ce matin depuis le début de la saison et maintenant nous y sommes. »
Nous voulons jouer les unes pour les autres et je crois que c’est une de nos plus grandes forces avec tout le talent que nous avons.
Émilie Lavoie, recrue de l’année
Philbert a terminé avec une fiche de 9-3-1, une moyenne de 1,46 buts alloués et un taux d’arrêts de ,927. En deux matchs face aux Carabins en première ronde, elle n’a accordé qu’un seul but sur les maigres 38 lancers qu’ont laissé passer les défenseures des Stingers. Face aux Martlets cette saison, Alice a stoppé 70 des 77 tirs reçus en trois matchs.
Concordia a eu les dessus 2-1 dans les matchs entre les deux équipes cette saison. McGill a gagné le premier 2-1 avant de s’incliner 5-2 et 4-3 dans les deux suivants. Labrecque avec 5 points et Downie-Landry avec 4 ont été les plus productives pour les Martlets alors que Laganière avec 5 points, Belzile avec 4, ainsi que Drapeau et Bernier avec 3 sont celles qui ont inscrit au moins un point par match pour les Stingers.

Au sein de ces deux équipes, plusieurs vétéranes savent très bien qu’elles en sont à leurs derniers moments dans le hockey d’élite. Certaines ont même ajouté une année d’étude afin de ne pas s’arrêter à cause de la COVID. L’importance du moment fera en sorte que la gestion des émotions sera assurément une des clés du succès.
Marika Labrecque, dans son rôle de leader pour les Martlets, verra à ce que ses coéquipières restent concentrées. « La clé du succès pour nous va être de jouer notre propre match de respecter le plan et d’imposer notre jeu. Aussi le contrôle des émotions va être quelque chose d’important. Un match comme celui-là peut devenir émotif et il va être important de rester calme et focus. »
Et à propos de l’avantage de la patinoire, elle ajoute : « L’énergie de la foule est vraiment importante et en plus on pense que le band de McGill sera là. L’avantage de la glace est vraiment important et c’est le fun d’être dans notre aréna puisqu’on a des repères. »
Pour Émilie Lavoie, l’impact des joueuses plus expérimentées est majeur : « Absolument, elles ont un gros impact sur l’équipe. Elles sont dans ce programme depuis maintenant 6 ans et elles savent ce dont nous avons besoin pour gagner, que ce soit sur la glace, hors glace, ou même dans leur préparation d’avant-match. Ce sont des joueuses qui aident notre équipe à grandir jour après jour. Elles ont fait face à des moments plus difficiles comme de beaux moments, donc elles nous aident à traverser tout ce à quoi nous faisons face depuis le début de la saison. »
Bien que les deux formations ont leur place assurée pour le championnat canadien à Charlottetown, soyons assurés que personne ne laissera un pouce à son adversaire. Ça commence jeudi soir à 19h à l’aréna McConnell. Bonne finale!