Après avoir subi une blessure mettant fin à sa carrière en août 2021, Gabriel Billette, ancien quart-arrière des Aigles du Collège Ahuntsic, commence son parcours en tant qu’entraîneur de football.

La rupture du tendon d’Achille est l’une des blessures les plus redoutées par les athlètes; en plus d’être très souffrante dans la plupart des cas, elle rend la victime incapable de marcher, de courir ou de se tenir debout pendant une période prolongée. 

Foot & Ankle International, le journal officiel de l’American Orthopaedic Foot & Ankle Society (AOFAS), a publié une étude en 2021 suggérant que 24 % des athlètes professionnels qui ont subi la blessure, étaient incapables de continuer à performer dans leurs sports respectifs. 

Cependant, Gabriel Billette a vécu une expérience unique lorsqu’il a eu la blessure, sans contact, au cours d’une pratique de routine. « J’ai toujours entendu dire que c’était une blessure extrêmement douloureuse, mais je n’ai ressenti aucune douleur. », révèle le jeune homme de 19 ans, lors d’une entrevue qu’il m’a accordée,en novembre dernier, au Collège Ahuntsic.

Gabriel a constamment compté sur la passion qu’il avait pour le football pour surmonter l’adversité. En 2017, en tant que membre des Empereurs du Collège Letendre, il a subi une commotion cérébrale majeure qui l’a mis de côté pour le reste de la saison. L’année suivante, son épaule a été disloquée, mais Gabriel a très bien joué pendant le reste de sa campagne. Selon le site de statistiques du RSEQ, il a lancé pour 14 passes de touché et une seule interception en 2018.

Gabriel durant une pratique avec les Empereurs en 2017

Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, Gabriel a décidé d’aller étudier les sciences humaines au Collège Ahuntsic et a rejoint immédiatement l’équipe de football. Durant sa saison recrue, en 2019, il n’a pas vu beaucoup de temps sur le terrain, en raison de ses blessures antérieures.

Toutefois, sa discipline l’a aidé à grandir en tant que joueur et il a donné une impression positive à ses entraîneurs et ses coéquipiers. 

« Il adore le processus de jeu et la stratégie. Même s’il n’était pas le quart-arrière partant, il a été extrêmement diligent dans sa préparation, ce qui lui a permis d’être prêt quand nous avions besoin de lui.­»

Thierry Dolbec, entraîneur des quart-arrières et superviseur académique des Aigles. 
Gabriel s’apprêtant à rentrer sur le terrain durant sa campagne de recrue en septembre 2019

Après cette première saison, le programme de football d’Ahuntsic a été frappé, comme le reste du monde, par la pandémie de COVID-19. En raison des circonstances, Billette a attendu près de deux ans pour avoir l’occasion de revoir le terrain. Néanmoins, pendant ce temps, il s’est tenu occupé en participant à des séances d’entraînement virtuelles avec ses coéquipiers et en utilisant l’équipement qu’il avait à la maison pour rester en forme. 

Au cours de la deuxième journée du camp d’entraînement de 2021, en lançant un ballon son pied droit s’est coincé dans le gazon, il est tombé au sol et est resté couché.

« Honnêtement, c’était assez effrayant. Une blessure comme ça, qui se produit dans un moment de la pratique où il n’y a pas de contact, est la définition d’une blessure de malchance. Dès que c’est arrivé, j’ai su ce que c’était .»

Adamo Iadeluca, entraîneur-chef du programme de football des Aigles. du Collège Ahuntsic

Les thérapeutes de l’équipe l’ont emmené sur le côté du terrain pour l’évaluer, et peu après, le père de Billette a été appelé pour amener son fils à l’hôpital. « C’était un mélange de confusion et de colère. Quand j’ai entendu le « pop » dans ma jambe, je savais que tout était terminé. J’étais en colère contre moi-même et la situation», se souvient Gabriel. 

Dix-sept jours plus tard, ses tests médicaux ont confirmé qu’il avait complètement rompu son tendon d’Achille. À ce moment-là, le jeune homme a décidé de mettre fin à sa carrière de footballeur. Pendant huit ans, Billette a subi d’innombrables blessures, sans nécessairement en parler à ceux qui l’entouraient. 

« Je n’ai jamais écouté mon corps. Je ne voulais pas que les entraîneurs m’enlèvent mon temps de jeu. Quand je me suis disloqué l’épaule, si ce n’était pas parce que c’était arrivé en pratique, je ne l’aurais dit à personne dans l’équipe et j’aurais essayé de jouer pendant le match suivant. Je croyais simplement en ma capacité de jouer dans ces circonstances et de tolérer la douleur », admet-il.

Durant sa réadaptation, l’ancien quart-arrière a travaillé pour les Aigles, à titre d’analyste pour aider le coordonnateur adjoint de l’offensive Mathia Normandin. Il a utilisé ses connaissances pour mettre en évidence les tendances des défenses opposées et cibler leurs faiblesses. 

« Gab était un joueur très intelligent qui avait un esprit analytique. Nous avons obtenu une tonne de points cette année, en grande partie parce qu’il était avec nous .»

Mathia Normandin, coordonnateur adjoint de l’offensive des Aigles

« Je savais qu’il pouvait appliquer les qualités qu’il avait comme joueur, en dehors du terrain, durant chaque affrontement. Gab c’est un gars qui doit être entraîneur. Il peut être un excellent entraîneur pour des jeunes qui commencent à jouer au football», ajoute Iadeluca.

« Maintenant, j’ai l’impression que c’est à mon tour de redonner aux jeunes de ne pas laisser le football mourir au Québec. Je veux montrer aux parents pourquoi c’est un sport magnifique, peu importe les risques de blessure. Il n’y a pas un jour dans ma vie où j’ai regretté de jouer au football », affirme Gabriel.

« Lorsque j’ai blessé mon tendon d’Achille, Ryan David (entraîneur des receveurs des Aigles) m’a envoyé un message tout de suite.  J’étais à l’hôpital et je lisais ce long message où il a exprimé à quel point je comptais pour lui et pour l’équipe.  Honnêtement, cela m’a vraiment ému, sachant que ma saison était probablement terminée. C’est quelque chose dont je me souviendrai toute ma vie. En tant qu’entraîneur, je veux que mes joueurs sachent à quel point je les aime, même quand je suis dur avec eux de temps en temps. Nous sommes une famille», conclut-il.

Le rituel d’avant-match de l’offensive des Aigles.
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