Crédit photo : James Hajjar
Le 1er mars est la date limite pour soumettre ses demandes d’admission pour la session d’automne à l’université. C’est pourquoi cette date est particulièrement scrutée par les amateurs de sport universitaire et encore plus particulièrement par les fans de football. Cet hiver toutefois, on a droit à un scénario spécial alors que les Carabins de l’Université de Montréal réalisent un véritable tsunami chez les joueurs les plus convoités.
Les joueurs vedettes des 30 équipes collégiales du Québec sont sollicitées par les différents programmes universitaires de la province et d’ailleurs. À la lumière des annonces faites au moment d’écrire ces lignes, on peut dire que les Carabins ont la meilleure cohorte de recrutement parmi les six équipes québécoises. Les joueurs étoiles Charles-Elliott Bouliane, Mohamed Elshal, Jhonathan Mutombo, Alassane Diouf, Raphaël Delgove, Rémi Lambert, Samuel Leduc, Michaël Beauchamp, Ilyas Benaddi, Rokhendy Joseph, Rony Ismeus et Redvel Keita font partie des 34 nouveaux joueurs qui ont décidé de se joindre au groupe de Marco Iadeluca.
Il reste encore de nombreux joueurs au potentiel très élevé dont on attend toujours l’annonce de leur prochaine destination. Et ils n’iront certes pas tous rejoindre les Bleus. « On a essentiellement terminé notre recrutement pour cette année », m’a mentionné Coach Iadeluca lors d’un entretien téléphonique. « Il est possible qu’un ou deux autres noms s’ajoutent, mais ce sera tout. »
L’entraîneur qui en était à sa première saison comme grand chef d’orchestre de l’équipe des Carabins était manifestement très heureux des prises réussies. « Nous sommes extrêmement contents. Nous avons comblé de nombreux besoins. C’est important de voir à l’avance parce que le football universitaire est un cycle et il faut des joueurs à toutes les positions pour s’assurer de ne pas créer de trous. »

Mais en ayant autant de joueurs de très haut calibre, n’a-t-il pas peur de créer de la frustration chez certains qui n’auront invariablement pas autant de temps de jeu qu’ils le désireraient? Marco Iadeluca explique : « Nous sommes très conscients du nombre de joueurs dont on a besoin à chaque position avant d’amorcer le recrutement. Si on recrute beaucoup, c’est pour y répondre. Par exemple, si on veut 12 joueurs à une position dans notre organisation, on s’arrange pour en avoir 12. Et tant mieux s’il y a beaucoup de talent. La compétition à l’interne est importante. »
Iadeluca ajoute sur le même sujet : »On ne cache rien aux joueurs quand on les recrute. Avec les réseaux sociaux, les sites Internet, ils savent exactement combien de joueurs on a aux différentes positions et qui sont les autres joueurs qui s’en viennent. Quand les joueurs font leur choix, tout le monde connaît la situation. »
D’ailleurs, le secondeur Mohamed Elshal du Campus Notre-Dame-de-Foy maintenant avec les Carabins, m’avait confié alors qu’il était encore en réflexion et qu’il hésitait entre le Rouge et Or et les Carabins : « Le nombre de linebackers qui sont déjà là, ça ne joue vraiment pas dans ma décision. Je suis un compétiteur. »
Et le son de cloche est le même chez les vétérans secondeurs. Nicky Farinaccio, qui a été partant à sa première saison avec les Carabins s’est dit très excité de les avoir à ses côtés. « Il n’y a rien de meilleur que de la compétition interne pour s’améliorer. Il n’y a pas de promesses ou de place assurée quand il est question de temps de jeu. Je crois que tout le monde sait que lorsque tu t’engages dans la famille Carabins, tu joues et compétitionnes avec les meilleurs et c’est ca la beauté de la chose. Même si je n’avais pas énormément de temps de jeu, je sais que je vais avoir donné mon 100% et que je vais avoir contribué à la performance de l’équipe et je crois que c’est pareil pour les autres gars. »

Son coéquipier avec les Carabins, et auparavant avec les Phénix d’André-Grasset, Alexandre Dubois est exactement sur la même longueur d’ondes. « Je suis très excité de la venue des autres linebackers. Cela va ajouter une belle compétition et de la profondeur à notre position au sein de l’équipe. Quand nous décidons de nous joindre aux Carabins, nous savons très bien que c’est un programme d’excellence et que nous serons très bien encadrés autant sur le terrain que pour nos études. Aussi, dans nos valeurs, il y a la famille et la compétition. Et la compétition veut dire jouer avec les meilleurs. Donc, nous avons très hâte de les rencontrer! »
Au-delà de la compétition interne et de la volonté de gagner avec les Carabins, il y a certainement un ingrédient spécial à la sauce Marco Iadeluca. Son implication avec l’équipe du Québec a certainement eu son effet sur les joueurs qui ont passé par ce programme et qui ont choisi de le rejoindre au niveau universitaire.
« C’est certain que ça nous aide dans la connaissance des joueurs. On a pu commencer à les évaluer à un jeune âge. On les identifie et puis on peut les suivre et développer une relation avec eux. Enfin, c’est flatteur de savoir que ça a dû bien se passer pour eux, s’ils acceptent de me faire confiance pour les encadrer dans leur cheminement au niveau universitaire », de dire Iadeluca. »
Justement, un des éléments les plus importants est le développement ainsi que l’encadrement académique et sportif. Sur le plan sportif, c’est le temps de jeu qu’on a le potentiel d’avoir et le rôle qu’on nous voit jouer au sein de cette équipe qui compte. Par la suite, c’est au joueur de profiter des opportunités qui seront offertes tout comme des enseignements des entraîneurs et des conseils de vétérans.
Avoir beaucoup de temps de jeu dans une équipe gagnante est le summum. Mais ce n’est pas toujours évident de prévoir comment les choses se dérouleront. La compétition interne devient très relevée à ce niveau. Certains qui auront été des joueurs vedettes toute leur carrière se retrouveront inévitablement sur la touche durant deux ou trois ans. D’autres abandonneront faute d’être capables de se tailler un poste régulier.
Bien que personne ne doive être pris en pitié, on peut comprendre qu’une fin de carrière de ce type puisse être décevante. Et parfois, on se demande si avec du recul la meilleure option n’aurait pas été de choisir un programme où les chances de jouer étaient plus grandes. Facile à dire après les événements, direz-vous.
Mais j’avoue que l’observateur que je suis aura toujours envie de voir les meilleurs talents sur le terrain peu importe la couleur de l’uniforme. Et j’espère toujours que plus de joueurs étoiles prendront la chance d’aller jouer dans les autres programmes québécois pour ultimement faire grimper le niveau de ces équipes et leurs chances de devenir champions à leur tour.
À la fin, je le répète, la décision est celle des étudiants-athlètes. Je ne peux que leur souhaiter d’être heureux et d’avoir l’expérience la plus positive qui soit pendant cette période si intense que sont les années universitaires.
Le camp de printemps des Carabins se déroulera du 1er au 6 mai. Marco Iadeluca a terminé notre entretien en me mentionnant qu’il avait très hâte de commencer et de voir à l’oeuvre des joueurs inspirants. Il aura certes besoin des qualités humaines de ses joueurs et de l’esprit de famille qu’il a observé la saison dernière pour s’assurer que tout ce talent pousse dans la même direction. Après tout, c’est la clé du succès.