Crédit photo : Carl Rodrigue
La nouvelle saison de volleyball universitaire s’amorcera vendredi et l’excitation est à son comble au sein des différentes équipes après un an et demi d’attente. À quoi s’attendre? Qui sera à surveiller? Bulletinsportif en a discuté avec quatre vétéranes du circuit féminin.
Maude Fréchette du Vert & Or de Sherbrooke est une figure importante du volleyball québécois. L’attaquante qui en sera à sa sixième année avec l’équipe a été nommée sur la première équipe d’étoiles du RSEQ en 2018-19 et en 2019-20 et sur la deuxième en 2017-18. Elle a également tenté sa chance avec le programme NextGen de Volleyball Canada cet été. Le programme vise à identifier d’éventuelles joueuses pour l’équipe nationale qui nous représente dans les compétitions internationales.
Bachelière en enseignement des mathématiques et inscrite à la maîtrise en adaptation scolaire, Fréchette est très enthousiaste à l’aube de la saison à venir : « Nous sommes toutes excitées de se retrouver, de retrouver l’ambiance des matchs, des encouragements des spectateurs. Et ce sera intéressant de voir comment les jeunes vont réagir à l’environnement des parties universitaires. »

L’excitation d’enfin retrouver les terrains et la compétition ainsi que l’inconnu face à la façon dont les nombreuses nouvelles joueuses vont gérer le stress sont des éléments récurrents au sein de toutes les équipes. Béatrice Lamarche du Rouge et Or de Laval, Florence Cloutier des Carabins de Montréal et Gabrielle Archambault des Citadins de l’UQAM l’ont toutes mentionné quand on leur a demandé leur impression sur ce qui les attend avec la saison à venir.
L’attaquante Béatrice Lamarche portait l’uniforme du Rouge et Or pour une première fois lors de la saison 2019-20. L’étudiante en Affaires publiques et relations internationales sera capitaine de sa formation cette saison. « On n’a certainement pas le même niveau qu’on avait au moment où la pandémie s’est déclarée. Mais il faudra se donner le temps parce que c’est la même chose pour toutes les équipes. On a presque 10 recrues cette année et ça fait longtemps qu’on n’a pas joué en équipe. Il y a eu quelques matchs hors-concours et on n’en a perdu aucun sans jouer notre meilleur volley alors c’est tout de même bon signe. »
Florence Cloutier est étudiante en génie informatique. En 2019-20, tout comme Lamarche, elle était une verte recrue chez les Carabins. Elle a eu la chance de côtoyer les Maud Babin, Adryanna Dorismond-Rodrigue et Clémence Provost-Lussier en plus de gagner un titre provincial. Cette saison, elles n’y seront pas et Cloutier aura un rôle de leader à jouer. « Les trois quarts des joueuses n’ont jamais joué un match universitaire. L’équipe est très jeune et on aura un travail à faire pour retrouver notre identité. Il y a beaucoup de talent et de volonté dans notre groupe, par contre, il faut retrouver comment communiquer. »

Gabrielle Archambault, joueuse de centre pour les Citadins de l’UQAM en sera à sa dernière saison au niveau universitaire. Trois fois nommée sur la deuxième équipe d’étoiles du RSEQ, elle apporte un point de vue intéressant sur la situation actuelle. « Tout a énormément changé. On aura 11 nouvelles joueuses sur 15. Notre équipe est jeune et nous sommes excitées de pouvoir enfin jouer. Par contre, ce qui a été le plus difficile jusqu’à maintenant ce n’est pas le retour dans le gymnase, mais sur les bancs d’école. Nous nous sommes habituées à faire nos cours quand on voulait plutôt que de devoir suivre un horaire strict et passer trois heures en classe, parfois assez tôt le lendemain de nos entraînements. Ça ajoute à la fatigue. »
Se préparer en pandémie
Un an et demi loin des terrains et des coéquipières, ça ne peut faire autrement que d’avoir un impact sur la préparation.
Chaque entraîneur a trouvé ses trucs pour garder les joueuses en forme et maintenir les liens entre elles. « Olivier Trudel a très bien organisé ça pendant la pandémie, nous raconte Florence Cloutier. Dès que c’était possible, il trouvait des moyens de décortiquer le jeu pour que ça devienne un sport individuel et qu’on puisse continuer de pratiquer des éléments techniques. C’est l’fun de s’entraîner, mais c’était parfois déprimant pendant la pandémie. Alors nous étions particulièrement contentes de recommencer au début août. »

Béatrice Lamarche a cherché à voir le positif : « C’était difficile avec les règles sanitaires strictes, à deux par deux dans le gymnase. C’était limité autant pour le temps qu’on avait que ce qu’on arrivait à faire, alors il fallait vraiment apprécier ces moments. On a aussi eu du temps par Zoom avec le préparateur physique. Au moins, nous n’étions pas seules dans ce temps-là. »
L’utilisation de Zoom a été évidemment répandue. Chez le Vert & Or, les séances se passaient chaque mardi. « On profitait de ces moments avec nos entraîneurs pour se garder en forme, mais aussi pour jaser de nos vies. Ça aidait à créer les liens et à garder le moral. », nous raconte Fréchette. « Nos coachs nous donnaient des objectifs en lien avec autre chose que le volleyball, comme nos études par exemple. Entre coéquipières, on faisait une ou deux activités par mois et à Noël, je suis allée porter des paniers à mes coéquipières. Ce n’était pas comme d’habitude évidemment. Les années passées, on aimait se rencontrer, faire des potlucks et regarder Occupation double ensemble. Il a fallu s’adapter », conclut-elle en riant.
D’ailleurs, le côté mental a été pris en charge avec autant d’attention que la préparation physique chez les Citadins. L’équipe a misé sur de nombreuses rencontres de groupe avec une thérapeute sportive. « Ça se faisait en groupe, mais les joueuses avaient aussi la possibilité de prendre des rendez-vous individuels avec la thérapeute si elles en ressentaient le besoin », ajoute Archambault.
Afin de préparer la prochaine saison, Gabrielle Archambault, qui étudie en enseignement de l’univers social, a particulièrement apprécié l’initiative des entraîneurs d’aller s’entraîner à l’extérieur dès le mois de mai sur les terrains de volleyball de plage à Boucherville. « C’était spécial d’être dehors à jouer avec nos masques, mais ça faisait tellement bien de se retrouver toutes ensembles. »
Le leadership en cette saison pleine d’inconnus
Si toutes sont unanimes à savoir que le niveau de jeu actuel n’est pas optimal, chacune des quatre joueuses connaissent bien le rôle qu’elles auront à jouer pour mener leur équipe aux succès espérés.
Afin de se préparer le mieux possible pour la saison, Maude Fréchette parle de la façon d’intégrer les nouvelles. « On a essayé de profiter des matchs hors-concours pour observer les autres équipes. Dans le passé, on connaissait les joueuses des autres équipes alors on pouvait parler de leurs tendances à nos nouvelles coéquipières. Dans mon cas, ça fait longtemps que je suis sortie du niveau collégial alors je ne connais pas plusieurs des joueuses adverses. Je donne donc les informations que j’ai sur celles que je connais, mais ce sont les plus jeunes qui nous parlent des nouvelles des autres équipes parce qu’elles ont joué avec ou contre elles récemment. »
Béatrice Lamarche a vu son rôle s’accroître rapidement. De recrue à capitaine, elle est consciente de l’attitude qu’elle veut adopter. « À ma première année, j’ai eu la chance d’avoir un impact sur le terrain alors j’ai beaucoup cheminé durant cette saison-là dans mon leadership et dans mon attitude avec le rôle que j’avais. J’essaie d’être la plus positive possible », explique celle qui a terminé au 6e rang du RSEQ pour le nombre d’aces pas match en 19-20.
Florence Cloutier, quant à elle, mise sur ses bonnes relations avec ses coéquipières pour les mettre en confiance. « J’aime communiquer et mon rôle sera de partager les valeurs des Carabins et d’aider à diriger la progression de l’équipe. Il faut donner confiance aux jeunes joueuses, mais aussi les responsabiliser. À ce moment-ci, tout le monde cherche un peu son rôle et quand ce sera trouvé, on aura besoin de drive pour avancer. »
Gabrielle Archambault, troisième meilleure au bloc en 19-20, parle du côté compétitif de toutes les joueuses. « À ce niveau, toutes les filles veulent gagner et c’est comme ça dans toutes les équipes. On est jeunes, on manque d’expérience alors ce sera mon rôle d’aider les nouvelles à gérer le stress des points importants et de la foule. Dans une année normale, il y a 10-11 vétéranes pour intégrer quatre ou cinq nouvelles. Cette saison, nous sommes quatre pour en accueillir 11. »

Des objectifs difficiles à établir
Archambault parle d’objectifs élevés pour les Citadins. « Nous voulons aller en finale. On s’en parle, mais c’est difficile de s’évaluer à l’heure actuelle. Il y a tellement d’inconnus. »
Pour Maude Fréchette aussi les objectifs sont élevés malgré le manque de connaissance du niveau des adversaires. Il faudra trouver notre cohésion. Plusieurs joueuses vont apprendre à vivre un premier match universitaire. La marche est élevée avec le collégial. Mais nous avons peut-être un avantage. Plusieurs des joueuses qui étaient recrues en 2019-20 ont eu la chance de voir du terrain. L’objectif est de se rendre au championnat canadien, créer notre propre chemin. Les objectifs élevés, ça nous force à travailler fort et à nous surpasser dans les entraînements. »
Pour Béatrice Lamarche et le Rouge et Or, les objectifs n’ont pas encore été précisés. « Notre équipe est assez jeune et on a un nouveau coach, mais j’aime beaucoup notre préparation physique, tactique et mentale. Nous allons être prêtes et nous améliorer toute la saison. »
Chez les Carabins, on a l’habitude de la victoire. L’équipe a gagné 11 des 13 dernières finales provinciales. Florence Cloutier mentionne évidemment l’idée de se rendre loin. « On veut toujours gagner, on a toujours cette pression. Mais il y a aussi des embuches dans une saison. Le niveau est très équilibré entre les équipes. Il y aura beaucoup d’apprentissage à faire en chemin. Celle qui a aidé son équipe à battre Laval en finale avec 20 récupérations en deux matchs en 19-20 a le dernier mot : « Tout le monde est compétitif et c’est notre essence en tant qu’athlète de vouloir gagner. »
En plus du Vert & Or, du Rouge et Or, des Carabins et des Citadins, la ligue de division 1 féminine inclut les équipes de McGill, Ottawa et maintenant l’UQTR qui fait un retour à ce niveau après avoir quitté après la saison 2005-2006. La division 2 comporte quatre équipes, l’UQAR, l’UQAC, l’UQO et l’ÉTS.
Chez les hommes, seules les universités de Montréal, Laval et de Sherbrooke ont une équipe au Québec. Elles évoluent dans une division qui inclut les universités de l’Atlantique, Dalhousie et du Nouveau-Brunswick. Particulier qu’il y ait si peu d’équipes dans l’est du pays alors que l’équipe masculine du Canada est actuellement classé 10e au monde. Les femmes sont 14e.
La saison féminine 2021-2022 débute ce vendredi alors que Laval sera à Montréal et l’UQTR à l’UQAM. Sherbrooke, McGill et Ottawa se lanceront dans la mêlée dimanche. Chez les hommes, UNB sera à Dalhousie pendant que Laval sera à Montréal vendredi. Sherbrooke amorcera sa saison dimanche en recevant Laval.
Le volleyball est un sport spectaculaire toujours fort apprécié des spectateurs durant les Jeux olympiques d’été. Toutefois, comme pour bien d’autres sports, on a tendance à l’oublier entretemps. À ceux qui lisent ceci, je vous invite à prendre le temps de regarder au moins un match cette saison. Toutes les confrontations seront diffusées sur les plateformes des équipes. Aucune raison de bouder son plaisir.