Crédit photo : Concordia Stingers/Kyran Thicke
Les exploits du quart-arrière des Stingers de Concordia font jaser de plus en plus à chaque semaine qui passe. Le tout a culminé samedi le 25 septembre alors qu’Olivier Roy a mené les siens à une victoire spectaculaire de 42-39 en prolongation face au Vert & Or de l’Université de Sherbrooke. Au passage, il a amassé 580 verges par la passe, un nouveau record du RSEQ et la deuxième plus grande performance de l’histoire du football universitaire canadien. Mais d’où vient ce phénomène?
Né à Donnacona, Olivier a été plongé dans le sport dès sa plus tendre enfance. À 4 ans, il enfilait des patins et commençait à jouer au hockey, un sport qu’il a pratiqué jusqu’au niveau junior en parallèle de sa carrière au football. D’ailleurs, Olivier Roy faisait le voyage à chaque fin de semaine entre La Pocatière et Donnacona durant ses années collégiales pour continuer à jouer au hockey.
Passionné de sport, il en a pratiqué toute sa vie, que ce soit le baseball, le golf, le tennis, son frère aîné Jérémy et lui ont passé leur jeunesse à compétitionner sur tous les terrains possibles. « Je serai toujours reconnaissant envers mes parents qui ne m’ont jamais refusé quoi que ce soit pour pratiquer les sports que je voulais », nous partage Olivier en promettant qu’il saura leur retourner la faveur un jour.
Le football est arrivé dans sa vie au secondaire à la Polyvalente de Donnacona. C’est notamment en voyant son frère y jouer que l’envie lui est venue. Et c’est une situation assez spéciale qui l’a amené à devenir quart-arrière. « Le premier jour du camp en secondaire 1, il y avait 20 joueurs présents et nous étions 17 à vouloir être receveur de passes. Comme il fallait quelqu’un pour passer le ballon et que j’étais assez athlétique, les entraîneurs m’ont choisi. »

Il a ainsi poursuivi sa carrière au secondaire durant cinq ans avec les Diables de Donnacona. D’ailleurs, malgré tous les succès qu’il connaît depuis, son meilleur souvenir de football demeure avec cette équipe. Alors qu’il était en secondaire 2, son équipe affrontait celle de La Pocatière et le match s’est terminé sur un Hail Mary réussi qui a donné la victoire à Donnacona 62-58. « Ce match complèment fou va toujours rester comme un de mes meilleurs souvenirs parce que des années après, lorsque je me suis joins aux Gaulois du Cégep de La Pocatière, plusieurs joueurs de l’équipe étaient de l’autre côté lors de ce match. Disons que ça me faisait plaisir de leur remettre sur le nez à l’occasion », se remémore Roy en riant.
Par la suite, lorsqu’est venu le temps de poursuivre au niveau collégial, les offres n’ont pas été légion de son propre aveu. « Je n’étais pas particulièrement dominant et je n’ai pas attiré l’attention des équipes D1. En fait il n’y a que Thetford en D2 et La Pocatière en D3 qui m’ont contacté. L’entraîneur des Gaulois de l’époque, Philippe Bouchard-Dufour, a été très accueillant. J’ai beaucoup aimé ma visite là-bas et l’ambiance était semblable à Donnacona, des petites villes. En plus, le poste de quart-arrière partant était disponible donc j’allais avoir une chance de jouer rapidement. »
Philippe Bouchard-Dufour nous raconte comment il a découvert Olivier Roy : » C’était ma 2e ou 3e année et nous voulions élargir notre bassin de recrutement. En fait, nous cherchions des joueurs de ligne offensive. C’est alors qu’on a remarqué Olivier durant un entraînement. Nous avions été impressionnés par son côté athlétique, son talent brut et son désir de gagner. » Bouchard-Dufour ajoute : « Nous venions d’avoir la dernière saison de Vincent Lévesque qui allait quitter pour l’Université Laval alors on savait qu’il y aurait une bataille pour le poste de quart partant. On a ajouté Olivier au groupe et il s’est imposé rapidement. »
« À ses débuts, Olivier avait des lacunes au niveau technique, mais c’était un bon athlète. C’est un introverti et il était stressé. Il fallait souvent lui tirer les vers du nez. Mais il a travaillé fort. Il a une excellente éthique de travail et il retient l’info. On n’a pas besoin de lui expliquer deux fois la même chose. Il est toujours à son affaire. »
Toujours à son affaire, oui, sauf une fois. « Un moment donné, deux jours avant un match, Olivier, très mal à l’aise, est venu me voir avec une blessure à une main qu’il s’était faite en sautant par-dessus une clôture pour aller à un endroit où il n’avait pas d’affaire. J’étais fâché et surpris parce qu’il s’était fait ça pour une niaiserie sans rapport avec le football alors qu’il est toujours tellement sérieux. Mais il a finalement réussi à jouer et il a connu un grand match. Disons qu’il est passé proche de recevoir un sermon cette fois-là », se souvient son coach, un sourire dans la voix.

Philippe Bouchard-Dufour ajoute à propos de son protégé : » Notre entraîneur des quarts Simon Bouthillier a travaillé avec Olivier sur sa technique et de notre côté, on a commencé à lui expliquer la lecture du jeu. Il a progressé énormément durant son passage avec nous et malgré ses excellentes performances, il ne se rendait pas compte à quel point il était bon. »
Durant les trois saisons d’Olivier Roy à La Pocatière, l’équipe a compilé des fiches de 0-8, 2-6 et 4-4. Il a seulement disputé un match éliminatoire, mais ça ne l’a certainement pas empêché d’obtenir du succès sur le plan personnel. Lors de ses deux dernières campagnes, en 16 matchs, Roy a complété 283 de ses 506 passes tentées pour 3507 verges, 34 touchés et 12 interceptions en plus de courir à 113 reprises pour 358 verges et 7 touchés.
Malgré cela, Olivier qui étudiait en sciences humaines a pris du temps avant de comprendre qu’il avait un avenir au-delà du niveau collégial. « Mes coachs y croyaient plus que moi. Ce sont eux qui ont fait passer le mot aux recruteurs. » Au final, trois universités québécoises l’ont contacté. Sherbrooke, Bishop’s et Concordia. « Les Stingers étaient vraiment ceux qui m’ont montré le plus d’intérêt. Avec les autres, ça n’a pas vraiment dépassé le stade des conversations après les matchs. Alors je suis allé visiter les installations de Concordia. Je ne savais pas si j’avais le niveau pour y faire ma place, mais mes entraîneurs m’ont convaincu de tenter ma chance. »
« On ne pouvait certainement pas prévoir qu’il finirait par battre des records, mais nous étions convaincus qu’il allait éclore au niveau universitaire, comme quart-arrière ou comme receveur. Le cégep, ce n’était qu’un début », analyse Bouchard-Dufour.
À son arrivée à Concordia, Olivier Roy a dû s’habituer à un tout autre calibre de jeu, mais également à la vie montréalaise, lui qui adorait sa vie à Donnacona et La Pocatière. « Je ne tripais pas nécessairement sur l’idée de venir à Montréal, mais il n’y a que cinq équipes au football universitaire. Et c’est aussi à ce moment-là que j’ai pris la décision de me concentrer sur le football uniquement et d’arrêter de jouer au hockey. C’est que le hockey, on peut continuer plus tard, mais le football c’est pas mal la fin après nos études. Mon amour pour ce sport est tellement fort. »

Si à son arrivée il n’avait pas de plan précis à propos de son utilisation, il y est allé au jours le jour. À mes débuts, j’étais inscrit autant comme receveur que comme quart-arrière. Le coordonnateur offensif des Stingers Alex Surprenant se souvient de son premier camp au printemps 2019. « Olivier a été recruté avant mon arrivée par Brad Collinson et Guillaume Bourassa. Je ne le connaissais pas particulièrement bien, mais il était clair que j’allais lui accorder une opportunité de se faire valoir pour le poste d’adjoint à Adam Vance.
Au départ, Olivier s’entraînait avec la 5e unité d’attaque et selon ses dires, la situation lui a permis d’apprendre sans pression. Au fil des semaines, il a grimpé l’échelon jusqu’à devenir officiellement le numéro 2 derrière celui qui allait éventuellement être nommé joueur par excellence du RSEQ.
Alex Surprenant raconte : « Au départ, son acclimatation au livre de jeu a été difficile, mais il a offert des beaux flashs et au bout de 2-3 semaines, il était clair qu’Olivier était l’adjoint d’Adam. »
Puis est arrivé le camp de printemps 2020 alors que la COVID frappait le Québec. La nouvelle de l’annulation de la saison était décevante pour Roy qui avait pour objectif d’obtenir le poste de #1, mais il est rapidement passé à autre chose. « On se concentre sur ce qu’on peut contrôler. Le football nous a permis de rester ensemble. Nos entraîneurs ont été tellement créatifs pour nous garder en forme. On sait qu’ils travaillent pas mal plus que 40 heures par semaine. Et ça a fonctionné parce qu’on aurait pu s’attendre à plusieurs départs au retour en 2021, mais il n’y en a pas eu. Je pense que tout ce qu’ils ont fait a renforci notre esprit d’équipe et ça paraît cette saison dans nos résultats. »
Et parlant de cette saison si exceptionnelle que Roy et les Stingers vivent, prévoyait-il de tels résultats? « Je ne suis pas surpris de nos succès. On travaille fort et ce n’est pas pour avoir des résultats moyens. Et puis, les entraîneurs nous placent dans positions pour avoir du succès. Je n’aurais certainement pas prévu établir des records, mais je joue pour gagner et mes coéquipiers pensent la même chose. »
Son coordonnateur offensif avait confiance lui aussi, malgré qu’il restait à transposer ce qu’il voyait dans les entraînements dans les matchs avec toute la pression qui vient avec. « Olivier est un peu comme moi, c’est un gars très calme. Il a appris à revenir au banc après chaque séquence pour se concentrer sur la prochaine. D’ailleurs, pour illustrer son attitude, lors du match face aux Carabins, après avoir lancé la passe de touché qui nous donnait l’avance au 4e quart et pendant que ses coéquipiers sautaient partout, il est revenu au banc, a pris la tablette et s’est tout de suite préparé pour son retour sur le terrain. »

Surprenant mentionne que son quart partant n’a pas fini d’évoluer : « Il apprend vite. Mécaniquement, il a bien progressé avec Cullen Tennant et tactiquement, il apprend à lire les défensives et à bien synthétiser tout ce qu’il doit savoir. On veut qu’il soit davantage un robot qu’instinctif. De cette façon, il sait comment réagir peu importe la situation.
Enfin, Surprenant parle du leadership exercé par Roy. « La position de quart-arrière au football est la plus difficile tous sports confondus, à mon avis. Je ne veux donc pas demander à Olivier de se mettre à faire de grands discours, mais il mène par l’exemple et son éthique de travail. Ceci dit, il va prendre une plus grande place auprès de ses coéquipiers qui voient bien que ses résultats e font un leader de plus en plus crédible et respecté.
Et à quoi ressemblera l’avenir du nouveau prodige du football québécois? « Je ne sais pas trop, j’adore le football et pour l’instant, j’étudie en relations humaines. Une chose est certaine, je vais retourner dans mon coin de pays après ma carrière universitaire avec mes chums et ma famille. Le coaching m’intéresse certainement, mais je travaillerai peut-être en santé et sécurité dans une entreprise de ma région, on verra bien. »
Olivier Roy est un quart-arrière qui démontre des statistiques et une efficacité que peu de gens avaient prévu avant le début de la saison. Mais au-delà du joueur de football, il y a un jeune homme talentueux, passionné de tous les sports qui aime la campagne, ses amis et sa famille. Une jeune homme humble, qui bâtit sa confiance au fil de ses expériences et qui aura assurément un magnifique impact sur les jeunes qui auront la chance d’être entraîné par lui dans le futur.