Crédit Photo : Concordia Stingers
Cette saison de football universitaire n’arrêtera certainement pas de nous surprendre. Après les deux surprises de la semaine précédente, voici maintenant que l’équipe qui trône au sommet du classement après quatre semaines d’activités n’est ni le Rouge et Or, ni les Carabins, mais les Stingers de Concordia.
Après leur victoire face aux Carabins, les joueurs de Brad Collinson ont réussi une autre remontée de fin de match. Cette fois, ce fut contre leurs grands rivaux les Redbirds de McGill. Ils ont par le fait même mis la main sur la coupe Shaughnessy. Ce trophée est remis depuis 1969 à la suite d’un match entre Concordia (Loyola College entre 1969 et 1974) et McGill. Frank Shaughnessy fut le premier entraîneur de l’équipe de football de McGill en 1912 et un grand innovateur dans l’histoire de ce sport des deux côtés de la frontière.
Après ce bref intermède historique, revenons à l’histoire plus récente. Car encore une fois, le football universitaire québécois a écrit quelques paragraphes supplémentaires dans son grand livre. Les Carabins de Montréal ayant vaincu le Rouge et Or, il s’agissait de la première séquence infructueuse du plus grand programme de football au Canada depuis 1999.
Voici mes impressions sur les deux matchs de la semaine #4.
Concordia 36 – McGill 33 (P)
1- Après une remontée de 11 points en fin de 4e quart face à Montréal, c’est un déficit de 28 points au 4e quart que les Stingers ont surmonté face aux Redbirds. La résilience de ce groupe est dorénavant une évidence. Maintenant, les joueurs peuvent-ils donner une chance à leurs entraîneurs et leurs partisans d’avoir encore des cheveux à la fin de la campagne? Si ces performances sont parfaites pour le spectacle, il faudra malgré tout trouver un moyen d’amorcer les matchs en même temps que tout le monde. C’était 17-0 après un quart face à Montréal et 16-2 après une demie contre McGill.
2- Au total, ce sont 24 points et 199 verges (145 par la passe et 54 par la course) d’attaque totale que les Stingers ont réussi à générer au 4e quart.
3- Le demi inséré recrue Jaylan Greaves des Stingers a encore une fois été le premier à inscrire un touché pour son équipe. Et encore une fois sur un jeu explosif. La semaine dernière c’était sur un jeu de 37 verges et cette fois, il a transformé une passe d’Olivier Roy en un touché de 50 verges.
4- Le quart-arrière Olivier Roy est en train de se faire une solide réputation. En début de saison, les points d’interrogation étaient justifiés quant à savoir qui pourrait chausser les souliers d’Adam Vance, joueur par excellence du RSEQ 2019. Mais quand on lance quatre passes de touché lors de deux matchs consécutifs, il y a lieu de croire que le talent et la confiance sont bien présents. Toutefois, il faudra le protéger. Roy a été victime de 5 sacs contre McGill pour un total de 11 en trois matchs.
5- Jeremy Murphy continue d’être l’arme favorite de Roy. Le receveur a capté 16 passes pour 157 verges et trois touchés lors des deux derniers matchs.
6- Dimitrios Sinodinos y est allé d’une autre performance sans faille majeure. Bien qu’il aimerait probablement compléter un plus grand pourcentage de ses passes, il a encore une fois frôlé les 200 verges de gain avec deux passes de touché et aucune interception.
7- Les Redbirds ont fait payer chèrement les revirements commis par leurs adversaires. Au premier quart, suite au ballon échappé par le porteur Olivier Morency lors de la première séquence offensive des Stingers, Sinodinos a complété une passe à Darius Simmons pour un long touché de 60 verges. Au 2e quart, Ryan McNally a intercepté une passe d’Olivier Roy qui a conduit à un touché d’Elijah Williams. Et au début du 3e quart, c’est Josh Archibald qui a retourné pour un touché un échappé de Kevin Foster (provoqué par Anthony Leclerc).
8- La recrue Elijah Williams s’améliore de match en match. Lors de ce match, il a cumulé 94 verges et un touché au sol en plus de capter une passe pour 7 verges. Il est actuellement premier du RSEQ avec ses 62,3 verges par match. Cet appui au sol est certainement un élément très important pour McGill. Jusqu’ici, l’équipe de Ron Hilaire est deuxième au RSEQ avec une moyenne de 113,7 verges par match. Une énorme amélioration en comparaison avec les 69,5 de 2019.
9- Le botteur de précision des Redbirds Antoine Couture risque de revoir dans son sommeil sa tentative de placement de 18 verges qui a frappé le poteau en fin de 2e quart.
10- Le duo des frères Papanikolau, tous deux secondeurs, a complété la rencontre avec 9,5 plaqués, deux sacs, un échappé provoqué et une passe rabattue dans le camp des Redbirds. Le meilleur plaqueur de l’équipe a toutefois été le vétéran Anthony Leclerc avec 7,5 en plus de provoquer l’échappé ramené pour un touché par Archibald. Leclerc trône d’ailleurs au sommet du RSEQ avec une moyenne de 6,5 plaqués par match à égalité avec son coéquipier Guillaume Béland.
11- Les trop nombreuses pénalités écopées par les joueur de McGill ont certainement eu un impact énorme sur le résultat final. Au total, ce sont 21 punitions pour 174 verges qui ont été décernées à l’équipe locale, dont huit au 4e quart seulement.
Carabins 18 – Rouge et Or 17
1- Un autre match serré entre les deux rivaux. Les deux équipes de tête du football québécois depuis plus de 20 ans se sont échangé l’avance tout au long de la rencontre. Ce n’est donc rien de surprenant que la rencontre se soit conclue dans la dernière minute du match avec un botté de placement… raté.
2- Le joueur offensif du match n’a pas été compliqué à déterminer. Le receveur recrue Hassane Dosso accumule les gros jeux depuis le début de la saison. Ses 11 réceptions pour 140 verges ont fait augmenté ses moyennes à 8,7 attrapés et 129 verges par match depuis le début de la saison. Lors des deux dernières séquences offensives des Carabins, Dosso a capté des passes de 29, 29 et 21 verges pour aider les siens à inscrire deux placements et prendre les devants.
3- Si Dosso s’est démarqué en attaque à chacun des matchs des Carabins cette saison, le titre de héros défensif change de main régulièrement. Cette fois-ci, c’est le secondeur Harold Miessan qui a su tirer son épingle du jeu. Et particulièrement en fin de match. Il a complété la rencontre avec 7,5 plaqués dont trois pour perte, deux sacs et une passe rabattue. Avant le 4e quart, il avait 2,5 plaqués dont un pour perte.
4- Les deux attaques ont privilégié le jeu aérien alors que Jonathan Sénécal a tenté 40 passes pour Montréal contre 39 pour Thomas Bolduc et le Rouge et Or. En contrepartie, les Carabins n’ont couru qu’à 11 reprises contre 21 pour Laval.
5- D’ailleurs, je continue de me poser des questions sur le jeu au sol du Rouge et Or. Oui, l’équipe a totalisé 115 verges au sol, mais une de ces courses est survenue alors que le botteur Vincent Blanchard tentait un dégagement. Ayant dû négocier avec une remise trop basse, il a dû décamper et il a bien fait obtenant 38 verges et menant les siens à la porte des buts. Le quart-arrière Bolduc a ensuite profité de la situation pour inscrire le seul majeur des Lavallois sur une course d’une verge. Si cette erreur d’exécution ne survient pas, on peut retrancher trois courses et 41 verges au total.
Pourquoi utilise-t-on si peu Joanik Masse? Cherche-t-on à le protéger? Il fait un travail colossal lorsqu’on lui remet le ballon. Sa moyenne est de 6,7 verges par course depuis le début de la saison pourtant, il ne l’a porté que 27 fois en quatre matchs. En comparaison, en trois matchs chacun, Elijah Williams de McGill a porté le ballon 36 fois, Bertrand Beaulieu de Montréal, 30 et Olivier Morency de Concordia 28.
6- Thomas Bolduc est un quart solide, capable de bien distribuer le ballon et possédant un bras précis. La preuve de ces qualités est l’utilisation qu’en fait le coordonnateur offensif Justin Éthier. Il a tenté en moyenne plus de 40 passes par match et il maintient une moyenne de plus de 65% de passes complétées. Toutefois, lorsque l’enjeu grimpe, les statistiques ne sont plus les mêmes. Au 4e quart face aux Carabins, il a complété 5 de ses 11 tentatives pour 46 verges en plus de subir deux sacs. Lors de la défaite face au Vert et Or de Sherbrooke, la semaine dernière, Bolduc avait été 7 en16 pour 79 verges et lancé une interception en plus de subir un sac durant le 4e quart alors que son équipe tentait de remonter la pente.
7- Oui, le pointage a été serré. La défensive contre le jeu au sol du Rouge et Or a été particulièrement solide n’accordant que 21 verges en 6 courses à Bertrand Beaulieu. D’ailleurs, 5 des 6 courses Beaulieu sont survenues au 4e quart. D’ailleurs, si Vincent Blanchard avait réussi son placement en toute fin de match pour donner les devants à l’équipe locale, il est probable qu’on ait posé des questions sur la stratégie offensive des Bleus. Mais comme c’est généralement le cas, l’histoire est écrite selon la version des gagnants. On verra bien quelle en sera la conclusion le 29 octobre prochain.
La semaine prochaine, les Redbirds de McGill rendront visite aux Carabins alors que Sherbrooke tentera de ne pas se laisser distancer par ses adversaires en affrontant l’équipe qui trône au sommet du classement, les Stingers de Concordia.