La pandémie a mis sur pause un paquet d’activités, mais a aussi permis à certains de réorienter leurs priorités et se réorganiser. Au Collège St-Jean-Vianney, dans l’arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles de Montréal, le programme de football a pris les moyens pour atteindre les plus grands objectifs.
Le responsable du programme Chris M’Bemba le dit sans hésitation : « Mon objectif est de faire du CSJV le meilleur programme de football au Québec. Je me donne 5 ans pour qu’on parle de nous parmi l’élite. »
L’ancien receveur de passes des Carabins en 2008 et 2009 qui a joué son football secondaire au Kentucky voit loin pour son programme, mais également pour le football québécois.
« Je suis un gars d’action et j’ai de grandes ambitions pour le collège, mais je veux aussi que le football et les entraîneurs québécois reçoivent le mérite qui leur revient. J’aimerais que les jeunes finissent leur secondaire ici au lieu d’aller continuer leur développement dans des écoles secondaires américaines. Je veux qu’on dise et qu’on sache que nos bons joueurs ont été formés chez nous plutôt qu’aux Etats-Unis avant d’aller tenter leur chance dans la NCAA. »
Mais pourquoi avoir choisi le Collège St-Jean-Vianney? D’abord, suite à différentes blessures et ne pouvant travailler de longues heures en position debout, Chris M’Bemba s’était fait à l’idée qu’il travaillerait comme technicien en informatique et parallèlement il chapeautait des activités parascolaires dans diverses écoles primaires. Ce sont les personnes qui le côtoyaient alors qu’il entraînait du basketball qui, ayant aperçu l’ouverture d’un poste au CSJV, l’ont incité à faire parvenir son CV. C’est ainsi qu’il a obtenu un poste de moniteur de football dans le cadre du Programme d’activités quotidiennes (PAQ) qu’offre l’école à ses élèves, c’est-à-dire une période d’une heure par jour d’activités diverses à laquelle tous doivent s’inscrire. On comprendra que le football fait partie des options suggérées.

En plus d’être moniteur, Chris a commencé à entraîner les receveurs au niveau cadet. Mais l’école avait des intentions particulières pour lui lors de son embauche. C’est que le responsable des sports, Simon Benoît, également entraîneur chef de l’équipe de football juvénile, avait l’intention de quitter son poste pour devenir professeur d’éducation physique à temps plein au collège en plus de prendre une charge de coaching moins grande (il est aujourd’hui coordonnateur offensif de l’équipe benjamine). Ainsi, Simon Benoît a non seulement cédé les rênes de l’équipe juvénile, mais également passé le flambeau du programme de football en entier à M’Bemba.
Les installations du collège et la motivation ainsi que la soif d’aller plus loin du groupe de joueurs qu’il entraînait l’ont convaincu de vouloir prendre en main le programme de A à Z.
Chris M’Bemba est un enthousiaste qui a des idées et qui veut les mettre en action. Il s’est donc présenté devant la direction du collège avec un programme ambitieux entre les mains et la qualité de sa présentation a ravi ses patrons. Il faut savoir qu’à peine quelques années plus tôt, malgré un magnifique terrain situé aux abords de la rivière des Prairies et des installations sportives qui feraient l’envie de la vaste majorité des établissements scolaires au pays, le programme de football a bien failli s’éteindre. Toutefois, le directeur général du CSJV, Éric Deguire, lui-même un ancien responsable des sports plus tôt dans sa carrière, espérait bien pouvoir relancer le football, au même titre que les programmes de hockey, basket et soccer.
Ainsi, celui qui n’avait jamais agi comme entraîneur-chef d’une équipe a proposé un programme basé sur une concentration de football étalée sur les cinq jours de la semaine alors qu’auparavant les PAQ de football étaient davantage récréatifs pour permettre aux jeunes de bouger. D’autres projets dont M’Bemba ne veut pas encore parler seront annoncés dans les prochains semaines et les prochains mois.
Et au-delà du programme et de ses intentions, Chris M’Bemba maîtrise très bien les réseaux sociaux. Durant la pandémie, les pages Facebook et Instagram du collège ont été nourries par les vidéos de présentation et d’exercices.
C’est ainsi que la personnalité, le programme et les actions de Chris M’Bemba, notamment au niveau de la visibilité, ont convaincu des entraîneurs au parcours impressionnant de se joindre à lui.
Le collège a annoncé à la mi-juin l’embauche de Matthew De Carlo comme entraîneur de la ligne offensive de l’équipe juvénile en plus d’un poste d’enseignant d’anglais en secondaire 1 et 2. Le colosse a porté les couleurs des Cougars de Champlain-Lennoxville et des Gaiters de Bishop’s avant d’être repêché par les Blue Bombers de Winnipeg en 2018.

Puis, deux semaines plus tard, c’est l’ancienne gloire des Carabins de l’Université de Montréal Rotrand Sené qui s’amenait comme bras droit au responsable de la concentration football. Joueur tout étoile au Canada à ses années collégiales et universitaires et membre de l’équipe d’entraîneurs au Cégep du Vieux-Montréal, il apporte une expérience incomparable au sein du programme.

Il faut ajouter à ce groupe un autre ancien Carabin, Garlins Duclervil – Coach Duke pour les intimes – qui agit comme coordonnateur défensif de l’équipe juvénile.
« On a maintenant 6 ou 7 entraîneurs du programme qui travaillent à temps plein au collège. Ça permet de tisser un lien spécial avec les jeunes. Et pour amener un programme au prochain niveau, on a besoin de nos jeunes. Le groupe avec qui j’ai travaillé au niveau cadet, dont le noyau de 19-20 joueurs qui sont maintenant en secondaire 5 avec nous, a littéralement changé la culture au sein de l’école. Ils ont un désir de s’entraîner et de s’améliorer », nous explique le nouveau responsable.
Et parlant de culture, M’Bemba souligne l’importance pour lui d’amener ses jeunes au prochain niveau au-delà des bannières de championnats. « Avoir des titres de champions, c’est bien, mais si nos jeunes coulent leurs cours au cégep ou n’ont pas une bonne éthique de travail en classe ou sur les terrains s’il veut continuer de jouer, ça ne fonctionne pas. Je préfère envoyer tous mes joueurs au cégep avec les bonnes valeurs que de remporter cinq bannière consécutives. »
Coach M’Bemba ajoute : « Un élément qui change également est le suivi académique. Auparavant, la direction seule faisait ce suivi. Dorénavant, Coach M’Bemba aura accès aux dossiers des 120 élèves-athlètes sous sa responsabilité. Et à l’inverse, la direction pourra prendre en considération l’importance du sport dans le parcours de certains étudiants qui vivent des difficultés. La relation que j’ai avec les jeunes n’est pas la même que celle des professeurs ou de la direction. Je peux leur donner du tough love et leur dire la vérité franchement dans un cadre différent. Je veux les aider à se diriger dans la bonne voie et à devenir des hommes qui auront un meilleur bagage pour prendre leurs décisions dans la vie. «
Si Chris M’Bemba se donne cinq ans pour que son programme fasse partie de l’élite du Québec, certains éléments positifs ressortent déjà. L’augmentation du bassin de joueurs est impressionnante cette année.
Simon Benoît avançait le chiffre de 40 joueurs inscrits au sein de l’équipe benjamine qui n’inclut que des élèves de secondaire 1, du jamais vu pour l’institution. « C’est difficile d’expliquer cette recrudescence. Je pense qu’il y a différents facteurs. Mais c’est surtout un bon signe pour le collège et la preuve que la direction a raison de soutenir le football à fond. Nous sommes très contents de voir ça. »

Enfin, le succès du programme de football à St-Jean-Vianney ne se fera pas en vase clos. L’ambitieux nouveau manitou du football au collège termine ainsi : « La réussite de mon programme vient du la force des autres programmes sportifs. Il y a le responsable du hockey qui fait un excellent travail, le basketball qui fait partie d’u programme de prep schools, le programme de soccer qui est affilié à la Fédération française. J’ai eu besoin de l’aide des entraîneurs des autres sports pour apprendre à structurer mon programme. On s’aide, on s’entraide. »
Chris M’Bemba et son groupe d’entraîneurs à tous les niveaux ont des ambitions et des objectifs élevés. Ils ont l’immense chance d’évoluer dans un environnement idéal et d’avoir le soutien d’une direction enthousiaste. Au final, ce sont les jeunes qui vont en profiter si tout se passe bien. Souhaitons-le et gardons un oeil sur ce programme.