Après près de deux ans sans jouer de match, les équipes sportives universitaires auront passablement changé de visage lorsque les calendriers s’amorceront. Au football, les yeux sont généralement braqués sur les quart-arrières et de belles batailles se dessinent actuellement pour savoir qui prendra la rênes des différentes équipes du RSEQ.
C’est le jour de mon anniversaire, le 28 août prochain, que les hostilités reprendront officiellement alors que les Carabins de l’Université de Montréal rendront visite au Vert et Or de Sherbrooke. Le lendemain, les désormais nommés Redbirds de McGill seront au PEPS de l’Université Laval pour se mesurer au légendaire Rouge et Or. Les Stingers devront quant à eux attendre la semaine suivante pour débuter leur saison en recevant Laval.
Carabins : Morand ou Sénécal
Du côté des champions provinciaux défendants, les Carabins, le poste de quart-arrière se joue entre le vétéran Dimitri Morand et la jeune sensation Jonathan Sénécal. La dernière saison, la deuxième de Morand à titre de partant, a été parsemée de hauts et de bas. Avec un pourcentage de passes complétées de 65,0%, il a terminé en tête du RSEQ. Toutefois l’incapacité de l’attaque montréalaise à inscrire des touchés (seulement 3 par la passe durant toute la saison) a fait en sorte que le duo Maciocia-Calvillo lui a préféré le transfuge de McGill, Frédéric Paquette-Perrault pour terminer la saison. Une blessure à ce dernier en éliminatoires a toutefois permis à Morand de reprendre son poste et de jouer le match de la coupe Vanier.

Quant à Sénécal, le prodige dont on parle avec beaucoup d’éloges depuis plusieurs années déjà n’a pas joué un match complet depuis la finale du Bol d’Or 2018. Après avoir connu une saison fantastique avec le Phénix d’André-Grasset au cours de laquelle il avait battu des records de la division 1 collégiale, Sénécal s’était blessé à un genou lors du tout premier match de la saison 2019 face aux Titans de Limoilou et sa saison s’est terminée à ce moment. On se souviendra qu’avant le début de cette saison 2019, Jonathan avait annoncé son intention de poursuivre son cheminement au sud de la frontière avec les Huskies de l’Université du Connecticut. La COVID-19 a cependant changé ses plans et il est revenu au Québec à la grande joie des entraîneurs des Carabins. Le talent de Sénécal est évident et les attentes envers lui sont énormes, mais sa tête froide, son humilité et son désir d’apprendre devraient lui permettre de poursuivre son développement sous le regard du grand Anthony Calvillo. À mon avis, son arrivée changera complètement la donne pour l’offensive montréalaise.

Dans un article de Philippe Asselin paru dans le Journal de Montréal le 13 août dernier, l’entraîneur-chef des Carabins Marco Iadeluca m’a donné l’impression qu’il pencherait peut-être pour son vétéran afin de débuter la campagne. Lorsque questionné sur sa nouvelle recrue, Iadeluca a répondu : « C’est évident qu’il y a une période d’adaptation pour lui. Jusqu’à maintenant, nous sommes très satisfaits de ses débuts. Il doit continuer d’apprendre notre façon de faire les choses et de s’adapter au niveau de jeu. »
Avec ce qui s’est passé en 2019, Morand sait très bien que si on lui confie les guides, il devra connaître de solides performances à chaque semaine. Surtout s’il souhaite mener l’attaque montréalaise pour venger la défaite des siens face à Calgary en finale de la coupe Vanier.
Sherbrooke : Ce sera encore entre Robichaud et Cloutier
Comme en 2019, la lutte pour le poste de quart se fera entre Anthony Robichaud et Zachary Cloutier. Robichaud avait le poste de numéro 1 en 2019. Mais comme on l’a appris dans un article de Jean Carrier du Journal de Québec paru jeudi le 12 août, le poste n’est pas acquis pour l’ancien des Lynx d’Édouard-Montpetit. On se rappellera que c’est Cloutier qui avait connu la meilleure performance de l’année pour Sherbrooke avec 326 verges dans une défaite crève-coeur face à Concordia. Seul Adam Vance de Concordia a connu de meilleures performances à ce chapitre durant la saison. Bref, Cloutier peut lancer le ballon.

D’ailleurs, on comprendra les raisons pour lesquelles l’entraîneur-chef Mathieu Lecompte et son coordonnateur offensif Justin Chapdelaine doivent conserver leurs options ouvertes. Robichaud a terminé la saison 2019 avec trois passes de touché contre 10 interceptions. On aura besoin de plus de constance si on espère gagner régulièrement nos affrontements.
L’arrivée de plusieurs nouveaux receveurs dont le joueur étoile William Marchand et des porteurs de ballon Tristan Toussaint, Benjamin Desroches et Lucas Dalin aideront certainement, sans oublier l’ajout sur la ligne offensive de joueurs tels Anthony Horth, Eloi Bergeron et Nicholas Genest.
Laval : Bolduc ou Desjardins
L’Université Laval a toujours pu miser sur des quart-arrières de très haut niveau. Le prolifique duo d’entraîneurs Constantin-Éthier sait attirer les meilleurs joueurs et les développer. Qui plus est, la ligne offensive du Rouge et Or, sous la férule de Carl Brennan, est systématiquement une des meilleures au pays. La saison 2019 a toutefois soulevé quelques points d’interrogation. Après seulement trois matchs, dont une défaite face aux rivaux en bleu où il n’avait pu faire mieux qu’une récolte de 86 verges par la voie des airs, le vétéran Samuel Chénard a laissé sa place à la recrue Thomas Bolduc. Ce dernier a complété la saison, mais les entraîneurs se sont assuré de garder les choses simples pour lui afin d’éviter les erreurs. Avec 60,3% de passes complétées, 5 passes de touché et une seule interception, pour une moyenne de 127,5 verges par match, Bolduc n’avait pas à traîner l’attaque lavalloise sur ses épaules.

Ça pourrait être différent cette fois. L’arrivée d’Arnaud Desjardins, qui a complété sa dernière saison collégiale en battant le record du collégial D1 détenu par Jonathan Sénécal pour le plus grand nombre de passes de touchés en une saison, mettra une certaine pression sur le épaules de Bolduc. Mais ce dernier en a vu d’autres. L’ancien champion du Bol d’Or en 2017 avec Champlain-Lennoxville avait conclu sa carrière collégiale avec 2289 verges et 20 passes de touché à sa dernière saison, terminant 2e dernière Sénécal.

Quant à Desjardins, le pivot de 6’5 a complété 59 passes de touché en trois saisons collégiales contre 20 interceptions en plus d’amasser plus de 2000 verges à chaque occasion. Mon impression est que le vétéran aura l’occasion d’amorcer la saison. À lui de démontrer qu’il est rendu au niveau supérieur.
Un comme l’autre aura également l’occasion de lancer le ballon à un autre joueur qui a fait la pluie et le beau temps dans la division 1 collégiale, le receveur Kevin Mitale, ancien grand allié de… Jonathan Sénécal. De quoi faire jaser.
McGill : Sinodinos devant Samuels et Boudreau
Normalement, le poste de quart partant chez les Redbirds sera l’affaire de Dimitrios Sinodinos. Le joueur de 4e année est bien en selle depuis deux ans et il serait surprenant que coach Hilaire lui retire son poste au profit de Jacob Samuels ou de la recrue Mathieu Boudreau. Toutefois, avec moins de 50% de passes réussies en carrière et 15 passes de touché contre 19 interceptions, on peut penser que Sinodinos n’est pas un intouchable.

Jacob Samuels en sera à sa dernière campagne tandis que Boudreau a été nommé sur l’équipe d’étoiles D2 en 2019 avec 17 passes de touché contre 4 interceptions et menant les siens au Bol d’Or.
À la décharge de l’ancien de Vanier, il n’a pas eu beaucoup d’aide au sol de la part de ses coéquipiers. En 2019, Quincy Williams a été le porteur de ballon qui a amassé le plus de verges en une saison depuis que Sinodinos dirige l’attaque avec… 135 verges. Mais le recrutement de Zacharie Magnan du CNDF et plus particulièrement de l’explosif Elijah Williams de John-Abbott (joueur par excellence du collégial D2 en 2019, il a couru pour 233 verges et inscrit 4 touchés lors du match du Bol d’Or) apporteront de nouvelles armes à McGill.
Concordia : Une lutte à quatre pour remplacer le joueur par excellence
Les Stingers ont terminé la saison 2019 au 4e rang du RSEQ avant d’être éliminé en 1/2 finale québécoise par le Rouge et Or. Malgré seulement deux victoires, la campagne a permis aux fans du stade Loyola de voir à l’oeuvre l’excellent Adam Vance pour distribuer le ballon. En compagnie du groupe de receveurs composé de James Tyrrell, Vincent Alessandrini et de la recrue par excellence Jeremy Murphy, le quart a compilé les meilleures statistiques offensives du circuit québécois et de loin. Mais son départ et celui de Tyrrell (maintenant avec les Blue Bombers de Winnipeg) obligent Brad Collinson et son acolyte Alex Surprenant à regarder du côté d’un groupe de quatre joueurs pour prendre la relève.
Du groupe, Olivier Roy semble avoir l’avantage pour amorcer la saison. L’ancien du cégep La Pocatière était le second de Vance en 2019. L’auteur de 42 passes de touché en carrière au niveau collégial D3 connaît le livre de jeu et son expérience avec le groupe de receveurs l’aidera certainement. Mais il n’est pas seul dans la bataille.

Olivier St-Onge, qui dirigeait l’attaque des Pionniers de Rimouski en D3, se connaissent bien et leurs statistiques étaient similaires au niveau collégial. Et s’il est aussi athlétique et intelligent que son père l’était lorsqu’il évoluait au volleyball pour les Vikings de Maisonneuve dans les années 1990, vous avez là un spécimen fort intéressant.
Adrien Guay, tout comme St-Onge, en sera à un 2e camp d’entraînement avec Concordia. L’ancien du cégep de Lévis en division 1 est une menace par la course comme peu le sont. En font foi ses 2060 verges et 26 touchés au sol en trois saisons collégiales. Pourrait-il être utilisé comme porteur aux côtés de l’ancien des Cheetahs de Vanier Dwante Morgan?

Enfin, la recrue Gabriel Cyr-Dandurand n’est certainement pas à négliger dans cette course. Celui qui a mené l’attaque du puissant Noir et Or de Valleyfield en D2 au cours des deux dernières saisons est également aussi solide par la passe qu’avec ses jambes.
Collinson et Surprenant sont bien heureux d’avoir une semaine de congé pour amorcer la saison. Une semaine de plus pour bien évaluer le groupe et choisir leur quart-arrière partant.
Sur ce, bonne saison à tous! Vivement que ça recommence et croisons les doigts pour une saison complète.