Profitant de la pause forcée due à la pandémie, Alexandre Desjardins, entraîneur de l’équipe féminine canadienne de flag football a lancé un projet de ligue universitaire de flag football. Et les choses avancent bien. Des équipes pourraient voir le jour dans huit universités dès l’automne prochain.

« L’objectif de la création d’une ligue universitaire est d’offrir une option aux joueuses qui évoluent au collégial et qui doivent se tourner vers les ligues civiles par la suite si elles souhaitent continuer à jouer », nous explique Alexandre Desjardins.

À l’automne dernier, Desjardins a approché Football Québec et le RSEQ pour commencer à parler de son projet. Ces organismes se sont montrés ouverts, mais pour bien faire les choses, il fallait commencer par la base, les athlètes.

C’est ainsi qu’un sondage a été lancé sur les réseaux sociaux afin de connaître l’intérêt général pour un tel projet en novembre 2020. Près de 1 600 personnes ont répondu dont 922 étudiants universitaires et de ce nombre, deux tiers étaient des femmes. Pour cette raison, le projet de création d’une ligue universitaire s’est concentré sur le volet féminin.

Flag-Football | Collège Letendre

L’étape suivante était donc de faire une présentation aux différentes universités en passant par les directions sportives. Encore une fois, pour en assurer le succès, la demande ne devait pas venir d’Alexandre Desjardins lui-même, mais des étudiantes. C’est ainsi qu’il a fait appel aux membres québécoises de l’équipe canadienne – qui provenaient de six universités différentes – ainsi qu’à d’autres étudiantes universitaires intéressées évoluant dans les ligues civiles pour faire avancer le projet.

« La présentation a été très bien reçue au sein des différentes universités. Les commentaires ont tous été positifs, certaines allant jusqu’à dire que c’était la meilleure qu’ils avaient vue. J’avais eu l’aide d’Olivia Ghosh de l’Université Western en Ontario qui a lancé une ligue de flag là-bas. Bien que leur ligue ait un modèle différent de ce que nous voulons proposer (elles jouent à 11 vs 11 alors que la proposition québécoise est d’organiser des matchs à 5 vs.5 comme au niveau international), elle m’a aidé à bien organiser la structure des équipes », de raconter Desjardins.

Au moment d’écrire ces lignes, les porte-paroles dans les diverses universités (Concordia, Laval, McGill, Montréal, Sherbrooke, UQAM, UQO et UQTR) ont pris contact avec leur responsable des équipes sportives et réalisé un sondage d’intérêt via les pages Facebook et Instagram qui ont été créées pour leur équipe afin de réévaluer la demande. Si la plupart des universités ont reçu une cinquantaine de réponses, les universités de Montréal et de Sherbrooke observent une demande particulièrement forte avec respectivement plus de 300 et 100 réponses positives.

Amélia Desrochers, étudiante en droit et membre de l’équipe canadienne de flag football, fait partie du groupe en charge de développer le projet à l’Université de Montréal. « C’est un rêve de créer une ligue universitaire. La pandémie m’a empêchée de pratiquer mon sport alors j’ai tout de suite embarqué dans le projet. Avec trois autres filles qui représentent l’UdeM, la Polytechnique et les HÉC, nous avons fait les démarches auprès de Robin Verreault, le conseiller au sports d’excellence. Il nous aide à faire cheminer le dossier pour qu’on puisse avoir accès aux équipements et aux terrains. »

Desrochers dit qu’elle s’attendait à une forte réponse, mais pas à ce point-là. « L’intérêt pour le flag football dans la région de Montréal est grand. Il y a plusieurs ligues et ça se joue partout au secondaire et au cégep. Avec plus de 300 réponses, dont 240 qui viennent de filles, on pourrait non seulement faire une équipe élite, mais également une ligue intra-murale qui nous permettrait de former de futures joueuses élites tout en permettant à celles qui veulent y jouer pour le plaisir de le faire. »

Canadian Flag Football League (CFFL)

Du côté de Sherbrooke, Alexia Legault, également étudiante en droit, est à la tête du groupe qui veut mettre sur pied l’équipe. « Nous avons contacté Normand Bouchard, coordonnateur des clubs sportifs Vert et Or. Il a beaucoup aimé notre présentation faite il y a six semaines, mais depuis on attend toujours une rencontre avec le directeur sportif. On veut savoir si nous pourrons intégrer les clubs sportifs du Vert et Or parce qu’une consigne avait été donnée de ne pas accepter de nouveaux clubs. »

Celle qui a joué sous les ordres d’Alexandre Desjardins au collège André-Grasset ajoute : « On a tout de même lancé nos pages officielles sur les réseaux sociaux et sur la centaine de réponses reçues, 90% viennent de filles. Leur acceptation ou non ne nous empêcherait pas de jouer pour l’université, mais on ne pourrait pas utiliser le nom Vert et Or. Il y a aussi la possibilité de s’appeler Vert et Jaune comme l’a fait l’équipe d’Ultimate Frisbee., mais on n’aurait aucun financement de l’université pour commcencer. »

Ailleurs, les équipes s’organisent de différentes façons. Certaines, comme à l’université Laval, forment tout simplement une association étudiante et pourront ainsi utiliser le nom officiel de leur institution sans nécessairement être considérée comme une équipe sportive officielle.

Mercredi prochain, le 10 mars, le RSEQ annoncera sa décision à savoir si elle prendra en charge l’organisation des matchs et de la ligue. La réponse attendue devrait être négative. Il ne s’agit pas là d’un désaveu envers le sport, mais plutôt une décision des différentes universités membres pour d’abord voir comment se développera la ligue au cours des prochaines années. Suivant une réponse négative du RSEQ, Football Québec devrait approuver le format de la ligue et ses règlements, calqués sur les compétitions internationales.

L’objectif pour l’automne 2021 est d’organiser trois ou quatre tournois et pas nécessairement de faire une ligue avec classement à proprement parler. Ce qui donnerait le temps à tout le monde de se préparer adéquatement pour l’automne 2022. Alexandre Desjardins s’attend ainsi à jouer entre une et trois saisons sous la formule de clubs avant que les équipes de flag football ne soient complètement intégrées aux structures de sport des différentes universités.

Desjardins a des objectifs bien précis en tête. « En 2028, le flag football fera son entrée aux Jeux olympiques comme sport de démonstration à Los Angeles. En préparant nos meilleures joueuses à évoluer à 5 vs 5, comme ça se fait au niveau international, on pourra arriver là-bas en augmentant nos chances de succès. Actuellement, nous jouons à 5 vs 5 dans le programme d’excellence provincial qui réunit les joueurs et joueuses d’élite de 14 à 19 ans. Par contre, au secondaire et au collégial, le format est de 7 vs 7. »

Il est à noter que le Canada est parmi les équipes de tête au niveau mondial. En 2008 et 2014, l’équipe a remporté l’or, l’argent en 2010 et le bronze en 2018. À chaque occasion l’équipe était composée à plus de 80% de joueuses issues du Québec.

Bénéficiant d’appuis importants de Football Québec, Football Canada et des Alouettes de Montréal, le projet est donc sur le rails et il sera intéressant de voir comment les choses vont évoluer. Visiblement, tout a été bien pensé et présenté pour se donner le maximum de chances de succès. Avec plus de 11 000 joueurs et joueuses de flag football au niveau secondaire au Québec (données de 2019) et 605 au niveau collégial, il y a une base suffisamment intéressante pour penser que ce sport a sa place dans les universités.

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