Le sport étudiant, comme bien des secteurs de notre société, vit des grands moments d’incertitude. C’est dans ces moments qu’on se tourne vers les leaders pour avoir des guides et chercher des réponses. Malheureusement, il semble que le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, soit en train de bousiller les efforts de beaucoup de monde et de décevoir des milliers de jeunes.
Le sport étudiant a ceci de particulier qu’il est directement rattaché aux écoles. Ainsi, la rentrée scolaire actuellement en cours est un immense laboratoire. Oui, on essaie des choses, on n’a pas le choix et il pourrait y avoir des accrocs. La situation l’exige. Personne n’avait eu à négocier avec des paramètres comme on les connaît aujourd’hui. Alors, la réponse est la création de bulles. Des bulles-classes où les élèves passent la journée afin de circonscrire les contacts à un minimum de personnes. L’objectif est double. Réduire les risques de propagation et faciliter le suivi en cas d’infection.
Le hic avec ces bulles, c’est qu’elles ne sont pas étanches. Et c’est correct, les probabilités d’infection à grande échelle impliquant des jeunes est faible. Chaque fin d’après-midi, les enfants quittent la bulle pour retourner à la maison et y retournent le lendemain matin après avoir été en contact avec on-ne-sait-quoi. Et une des possibilités pour ces jeunes est d’aller faire du sport au sein d’équipes et de ligues organisées et supervisées par différentes fédérations sportives. Celles-ci ont le droit d’organiser des événements à l’heure actuelle; elles l’ont fait tout l’été.
Maintenant, M. le Ministre, expliquez-nous pourquoi le sport étudiant devrait répondre à d’autres impératifs? Pourquoi le sport étudiant devrait être considéré différemment que le sport « civil »? Parce qu’elle est là l’incohérence.
L’illogisme de la position du ministre Roberge démontre une paresse intellectuelle et un manque de respect majeur envers les institutions et les organismes qui ont tout mis en oeuvre depuis des mois pour offrir des cadres sécuritaires aux jeunes sportifs. Le RSEQ, en collaboration avec les écoles, cégeps et universités, a travaillé d’arrache-pied pour élaborer des mesures et des règles qui allaient permettre aux étudiants-athlètes de faire ce qu’ils aiment et, pour plusieurs, ce qui les garde équilibrés. Le ministre Roberge a-t-il seulement parlé à Gustave Roel?
Hier soir, une pétition a été lancée. Aujourd’hui, les organismes sont obligés de réagir à une annonce faite par un ministre qui semble avoir davantage peur de faire une erreur que de chercher des solutions constructives. Hier après-midi encore, de très nombreux intervenants du monde du sport n’avaient aucune idée de l’annonce qui allait être faite. Des directeurs des sports, des entraîneurs d’équipes de football universitaire, des présidents de fédérations sportives que j’ai contactés n’avaient pas entendu parler du message de M. Roberge. Celui-ci a-t-il travaillé seul de son bord? Si c’est le cas, c’est non seulement malheureux, c’est scandaleux.
Lorsque le ministre dit que les élèves d’une même bulle pourront continuer de faire de l’éducation physique, il oublie ce que le sport étudiant représente pour ceux qui le pratiquent, l’encadrent et l’encouragent. Le sport étudiant est une occasion d’apprendre à se préparer, à se concentrer, de vivre des défis, des réussites, de partager des échecs et des moments de fierté. Le sport étudiant est essentiel dans le développement d’humains qui auront des valeurs et des expériences qui serviront la société pour longtemps.
M. le Ministre, soyez un vecteur constructif, écoutez les gens créatifs et faites confiance à ceux qui chaque jour depuis des années mettent la sécurité et le bien-être des jeunes au sommet de leurs priorités.