Je m’amuse à écrire sur le sport universitaire et collégial depuis environ 8 mois maintenant. Si l’intérêt a toujours été là, le fait de devoir fouiller et regarder plus de matchs l’a alimenté encore davantage. Et plus je m’y intéresse, plus je me désole de l’indifférence des médias traditionnels envers notre sport.

TVA Sports est la chaîne sportive détenant les droits de télédiffusion des rencontres du Réseau du sport étudiant du Québec. Pourtant, les seules fois où on présente des rencontres de sport universitaire, c’est lors de la saison de football. À cela, on peut ajouter quelques matchs de championnats USports en basket et volleyball au printemps dernier. Mieux que rien me direz-vous.

Je ne suis pas d’accord du tout. On ne peut pas s’en contenter. Le RSEQ ne peut pas se satisfaire de si peu et les fans de sports non plus.

Des bulletins de nouvelles trop souvent paresseux

Je comprends l’enthousiasme pour le hockey et les Canadiens, j’en suis. Mais comment se fait-il qu’on ait autant de difficultés à faire vivre le reste? Comment expliquer qu’il soit si difficile pour les stations de télévision et de radio de parler d’autre chose que des Canadiens de Montréal? Parce que oui, je prêche pour plus de sport universitaire, mais les amateurs de natation, de ski, d’athlétisme ou même de soccer, aussi aimeraient avoir plus à se mettre sous la dent.

Photo : LNH.com

Je connais les raisons qu’on nous donne. J’ai travaillé dans le milieu. Quand on parle d’autre chose, les cotes d’écoute baissent. Et c’est 100% vrai. Mais je demeure sceptique devant ce modèle d’affaire qui consiste à se vautrer derrière ce que le client semble vouloir. C’est trop conservateur comme approche. Il faut savoir présenter au consommateur de nouveaux produits, diversifier son offre. N’avoir qu’un seul fournisseur n’est jamais la meilleure idée qui soit. C’est donc en partie aux réseaux à offrir du contenu qui attirera les téléspectateurs.

En bref, je pense sincèrement qu’il y a une forme de paresse par moments. Et cette paresse je la vois à un endroit en particulier, les bulletins de nouvelles. Ces émissions consacrées à l’information sportive doivent servir de tremplin. Il y a une forme de marketing à faire via ce canal.

En 30 minutes les bulletins de nouvelles sont sensés faire le tour de l’actualité sportive. Mais franchement, est-ce si nécessaire de montrer 90% des buts des huit rencontres de la LNH pendant 15-20 minutes? Un tableau de quelques secondes avec les pointages et les principaux contributeurs pour les matchs les moins palpitants ferait aussi bien l’affaire. Et ça permettrait de faire une place aux images tout aussi disponibles de la finale de hockey universitaire féminin, non?

Est-ce absolument nécessaire de voir tous les buts du match Columbus-New Jersey ou chacun des coups de circuit de la rencontre Brewers-Padres? La réponse est assurément NON. Sauf que c’est tellement plus facile que de prendre le temps de montrer les images d’un match éliminatoire de basket collégial qui s’est terminé en 3e prolongation.

Le chapeau ne va pas qu’aux réseaux de télévision. Le 91,9 Sports, station de radio montréalaise consacrée au sport, ne mentionne jamais les résultats des compétitions universitaires, mis à part les matchs de football Rouge et Or contre Carabins. À leur décharge, Stéphane Langdeau reçoit occasionnellement en entrevue un entraîneur d’une équipe de football universitaire. Est-ce suffisant pour susciter un réel intérêt?

La Presse et le Journal de Montréal daignent un article occasionnellement. Et oui, RDS.ca a proposé quelques trucs cet automne. Il faut souligner l’effort. Mais pourquoi n’est-ce pas chose courante?

Tvasports.ca? On reprend les articles publiés par Richard Boutin du Journal de Québec. Lui et Sébastien Lajoie de la Tribune sont des références pour le sport étudiant. Mais qui est cette référence à Montréal depuis que Serge Vleminckx a quitté le Journal de Montréal?

Des histoires à raconter

En fin de semaine dernière se tenaient les finales universitaires du sport qui est probablement le plus populaire chez les jeunes, le basketball. Il y avait des histoires à raconter, mais qui en a parlé? Les deux finales incluaient les Citadins de l’UQAM. Les femmes n’ont jamais gagné le titre RSEQ alors que ça faisait 10 ans chez les hommes. Chez les femmes, le Rouge et Or y allait pour un 2e titre de suite après avoir perdu en finale canadienne en 2019. Chez les hommes, les Gaiters, tout comme les Citadins, avaient éliminé des favoris pour mériter leur place en finale. Et que dire des matchs?

Khaléann Caron-Goudreault du Rouge et Or, ancienne des Longhorns du Texas, qui joue son dernier match en carrière en sol québécois et qui y va d’une performance magistrale de 23 points, 11 rebonds et 5 assistances.

Et la cerise sur le sundae. Lors de la finale masculine, Joany Castor Thadal réussit un tir de trois points à la dernière seconde du match pour donner la victoire aux Gaiters 73-72 et propulser l’équipe au championnat canadien. Les images ont circulé amplement sur les réseaux sociaux. Assez pour au moins faire une place de 30 secondes dans un bulletin de nouvelles sportives qui s’adresse à des Québécois.

Les exemples sont nombreux et nul besoin de les énumérer un par un. Et bien que je comprenne qu’on ne peut parler de tout, il y a des moments qu’il faut savoir saisir lorsque c’est notre métier. Les gens qui travaillent dans les salles de nouvelles de Montréal n’ont aucune raison de passer outre les événements les plus importants du sport au Québec.

Le Québec a autant à offrir que les autres

Nous sommes en pleine période des éliminatoires au hockey, au volleyball, au basketball aux niveaux universitaires, collégiaux et secondaires. Des centaines, voire des milliers d’athlètes partout au Québec y participent ou ont des amis et de la famille qui évoluent au sein des différentes équipes. Et ça n’effleure même pas l’esprit de nos penseurs sportifs de se demander si ce ne serait pas un terreau fertile pour attirer des téléspectateurs?

Quand le March Madness va se mettre en branle, on va nous en parler chaque jour. Mais pas une seule minute pour nos joueurs d’ici? Karim Mané des Cheetahs de Vanier a attiré des recruteurs de quatre équipes de la NBA plus tôt cette année. Pas la NCAA, la NBA. Là où évoluent Chris Boucher et Luguentz Dort.

Le manque d’intérêt flagrant des réseaux d’ici me fascine. Le sport étudiant offre une manne d’informations à retransmettre. On prend le temps de faire de beaux grands reportages sur le fait que le hockey féminin n’a plus de ligue professionnelle. Mais où sont ces mêmes reporters lorsque vient le temps de parler des Jade Downie-Landry et Rosalie Bégin-Cyr qui jouent de vrais matchs et qui seront les protagonistes des équipes professionnelles d’une éventuelle ligue féminine?

Et le RSEQ là-dedans?

La grande force des Canadiens de Montréal, de la NFL ou de la NCAA réside dans leurs énormes moyens de marketing. Évidemment, le RSEQ ne peut pas rivaliser. Mais cet organisme devrait songer à revoir ses stratégies. Il est primordial pour le développement du sport que celui-ci puisse générer des revenus. Pour y arriver, ça prend des commanditaires et pour les attirer, ça prend de la visibilité. Plus facile à dire qu’à faire, mais ça demeure la clé.

Pas normal que le RSEQ se contente trop souvent d’annoncer les athlètes de la semaine sur les différentes plateformes de réseaux sociaux. De très nombreux matchs sont maintenant disponibles en webdiffusion. Il faut communiquer ces événements. Créer l’engouement. Non, il n’y aura pas 300 000 vues sur ces pages. Du moins, pas demain matin. Cependant, une chose est absolument certaine. Si aucun marketing n’est fait, la situation ne changera jamais.

Et je ne parle même pas du fait que le grand Pascal Clément s’apprête à tirer sa révérence après une illustre carrière comme entraîneur-chef de l’équipe masculine du Rouge et Or dans un beaucou ptrop grand anonymat.

En résumé, messieurs, dames, qui choisissez ce qui mérite de faire l’actualité sportive, les efforts à faire ne sont pas si grands pour créer un impact sur un produit local de qualité. Passer une semaine et demie à analyser les paroles de Marc Bergevin à propos du futur de son équipe dénote une faiblesse sans nom. Vous avez raté de grandes occasions pendant ce temps.

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