La Coupe Vanier couronnera samedi au stade Telus de l’Université Laval son 55e champion. C’est donc sur le terrain de l’équipe la plus titrée du football universitaire canadien que les Dinos de l’Université de Calgary et les Carabins de l’Université de Montréal croiseront le fer. À quoi s’attendre?
D’abord, la météo. Que serait un match de finale en football canadien sans des gros bras rougis par le frette et de la fumée qui sort par la tête des gars qui enlèvent leur casque? Au moment d’écrire ces lignes, on annonce un confortable -2 ensoleillé (température ressentie de -8). Difficile de se plaindre si de telles conditions persistent.
L’ambiance. Le stade et les amateurs de football de Québec n’ont plus de preuves à faire depuis des lunes. Les gens qui seront réunis là-bas seront des connaisseurs et des fans. Mais combien seront-ils? L’excellent journaliste Richard Boutin qui couvre les activités du football collégial et universitaire pour le Journal de Québec annonçait jeudi matin que 7550 billets avaient trouvé preneur. Il reste du travail à faire si on veut s’approcher du record de 19 381 spectateurs établi le 20 octobre dernier.
Le président du comité organisateur Christian Côté ne s’est d’ailleurs pas gêné pour dire sa façon de penser à l’organisme USports qui gouverne le sport universitaire au pays. On comprend que les montants exigés pour obtenir les droits d’organisation sont assez élevés et bien sûr cela se reflète dans le prix des billets.
Mais à la base, on peut aussi se demander comment il se fait que le football qui agit comme porte-étendard du sport universitaire au pays ait de la difficulté à attirer 15 000 personnes pour sa grande finale présentée dans une des plus belles villes du continent. Pourtant, on entend constamment des gens nous raconter leurs roadtrips vers les tailgates des stades américains.
Ceci dit, il y a tout de même un match qui se jouera et c’est ce sur quoi il faut focaliser toute notre attention. Des étudiants tellement passionnés par leur sport qu’ils sacrifient du temps avec leurs proches, ratent des partys, prolongent leurs études pour la chance de vivre un moment comme celui-ci, une finale nationale. Alors, on surveille quoi et qui?
En attaque
Les Dinos misent sur le Montréalais Adam Sinagra, joueur par excellence au Canada en 2018 (404 vgs/match) et s’il a connu une saison moins explosive en 2019 (287 vgs/match), il a tout de même dirigé la 2e attaque aérienne au pays en 2019 avec 322,4 verges par match.
Sinagra mise sur un duo de receveurs tout étoile en Jalen Philpot (52 réceptions / 767 verges) et Hunter Karl, qui a raté quatre matchs en début de saison, mais a tout de même cumulé 77,5 verges par match. Il était 3e au Canada l’an dernier avec 117,1 verges par match. Au sol, le leader des Dinos était le #21 Jeshrun Antwi (choix de 6e ronde des Alouettes au dernier repêchage), mais il est blessé et c’est Robinson Rodrigues qui a pris sa place dans la formation. Il a terminé le match de la coupe Mitchell avec 125 verges face à McMaster.
La ligne offensive de Calgary est une des plus imposantes au pays. Danny Maciocia a d’ailleurs mentionné qu’elle était plus grosse que celle de certaines équipes de la LCF. Assurément un test de premier plan.
Du côté montréalais, l’attaque a été l’objet de nombreux questionnements tout au long de la campagne et même si elle a répondu positivement lors des derniers matchs, les points d’interrogation demeurent. Et le plus important concerne le quart-arrière. Frédéric Paquette-Perreault sera-t-il remis? Dimitri Morand est-il l’homme de la situation? Maciocia décidera vendredi matin. Mais ça pourrait changer au courant de la partie. Et si cette situation peut donner des maux de tête à Maciocia, Calvillo et Cousineau, ça ne facilite pas la tâche de l’entraîneur des Dinos, Wayne Harris Jr.
Ryth-Jean Giraud, le porteur #1 des Carabins, a terminé la saison avec une moyenne de 71,9 verges au sol par match, bonne pour le 9e rang au Canada et une moyenne par course de 6,3 verges, ce qui le place au 5e rang. Mais une blessure l’a empêché de jouer face à Acadia et on se demande dans quel état il sera pour le match ultime. Reda Malki a très bien fait en son absence, mais ça demeure une autre point d’interrogation.
Les receveurs Kevin Kaya et Carl Chabot seront les principales cibles du quart des Carabins. Ils ne rivalisent probablement pas avec ceux des Dinos, mais on ne peut pas non plus les écarter de l’équation.
Enfin, la ligne offensive des Carabins a pris du coffre et de l’assurance dans les derniers matchs. Elle devra continuer dans la même veine. Les lignes offensives sont les clés de la réussite, on ne le répètera jamais assez.
En défense
La défense de Calgary a accordé 166 points et 335 verges par match alors que celle des Carabins a alloué 93 points et 271 verges par match. Mais ces statistiques ont peu de valeur puisque la compétition n’est pas la même. Par contre, il m’est d’avis que la défensive des Carabins offrira un style de jeu que Calgary a peu vu cette saison.
Marc-Antoine Dequoy, Samuel Rossi, Brian Harelimana, Ethan Makonzo, Jean-Sébastien Bélisle, Jean-Philippe Lévesque, Tommy Mercier, Benoît Marion, Bruno Lagacé et Rehda Kramdi, T-O Copeland et Philippe Lemieux-Cardinal forment un groupe spécial. Athlétiques, rapides, intelligents et intenses. J’adore cette défense.
Au total, les Carabins ont terminé la saison avec 24 sacs, 10 interceptions, 3 touchés et une échappée recouvrée contre 13 sacs, 11 interceptions, 3 touchés et 12 échappées recouvrées pour les Dinos.
Le duo de secondeurs Grant MacDonald et Chris Moore sera à contenir. Il faudra aussi se méfier des demis Treshaun Abrahams-Webster et Jacob Biggs qui ont terminé la saison dans le top 10 au Canada pour le nombre de passes rabattues.
Sur les unités spéciales
Sur les retours de bottés, l’avantage est à Montréal alors que les Bleus ont maintenu une moyenne de 21,4 verges sur les retours de bottés d’envoi et 10,5 sur les dégagements. Pour Calgary, c’est respectivement 18 et 6,8 verges en moyenne.
En ce qui concerne les botteurs, encore une fois, Montréal a l’avantage. Pas difficile me direz-vous car avec 9 placements réussis en 23 tentatives, les Dinos sont bons derniers au pays. Montréal est 19 en 26 pour 73,1% et le 17e rang.
Pour les dégagements, Louis-Philippe Simoneau et Alan Panverne avec leur moyenne de 41 verges sont au 3e rang canadien alors que Niko Difonte, Sterling Taylor et Hunter Karl ont maintenu un moyenne de 37,3 verges. Enfin Difonte a le dessus sur Simoneau pour les bottés d’envoi avec 56,4 verges de moyenne contre 55,4.
Qui l’emportera?
D’un côté, je vois les Carabins avec leurs qualités athlétiques en défense faire une différence pour contenir le jeu aérien des Dinos en mettant une pression sur Sinagra et en les forçant à jouer davantage au sol. L’impact pourrait être que la grosse ligne offensive albertaine arriverait à établir un jeu au sol efficace qui userait la défensive montréalaise.
D’un autre côté, j’imagine très bien l’attaque des Carabins utiliser son jeu au sol à outrance. Mais ce conservatisme a ses risques si la défensive de Calgary s’ajuste en remplissant la boîte défensive et force Morand ou Paquette-Perrault à passer souvent. Ce qu’ils sont très bien capable de faire.
Calgary a une solide attaque et une défensive qui crée des revirements. Montréal a une défensive rapide et avare et une attaque difficile à cerner. Si on ajoute les unités spéciales qui ont un impact majeur au football canadien, on égalise peut-être le tout.
Les Dinos ont participé à la coupe Vanier quatre fois depuis 2009 et ne l’ont pas gagnée depuis 1995. Les Carabins ont gagné en 2014 et ce sera leur troisième participation à la grande finale en 6 ans. Montréal et Calgary ne se sont jamais affrontés, mais ces derniers ont joué six fois contre Laval sans jamais gagner.
Je vais y aller avec une victoire des Carabins parce que ça me tente, mais de grâce ne misez pas un sou à partir de mes impressions.
Bonne coupe Vanier!