Crédit photo : Gaiters de Bishop’s
Les Gaiters de Bishop’s sont actuellement en réflexion à propos d’une possible réintégration de leur équipe de football au du Réseau du sport étudiant du Québec. Une décision qui serait guidée notamment par des impératifs financiers.
La direction de l’université est plutôt avare de commentaire pour le moment. Cependant, Matt McBrine, directeur des sports et loisirs à Bishop’s, m’a confirmé être actuellement en discussion avec ses homologues de la conférence atlantique (AUS). Des informations à ce sujet devraient par ailleurs être rendues publiques dans les prochaines semaines.
Il ne faut pas s’en surprendre puisque les équipes des différentes ligues de football universitaire canadien doivent faire connaître leurs intentions pour la saison suivante au mois de décembre.
M. McBrine m’a également mentionné que l’Université Bishop’s opérait cette saison selon une entente d’une seule année avec l’AUS. C’est donc dire que le même genre de discussion a eu lieu l’automne dernier.
Rappelons que l’Université Bishop’s avait choisi de déménager son équipe de football dans la conférence atlantique pour la saison 2017. À l’époque, Matt McBrine avait justifié la décision en comparant la situation de Bishop’s à un cas de David contre Goliath. Il avait alors mentionné que le budget d’opération de son équipe de football oscillait autour de 350 000$. Tandis que des organisations comme celles du Rouge et Or de l’Université Laval et des Carabins de l’Université de Montréal profitaient de moyens trois fois supérieurs. Un impact majeur sur l’attribution de bourses notamment.
Cette situation plaçait alors Bishop’s dans une situation où, selon elle, l’expérience de ses étudiants-athlètes n’était pas optimale. En choisissant d’aller dans une conférence où les institutions sont d’une taille similaire, la compétition serait plus juste et le plaisir de jouer, plus grand.
Et visiblement, sur cet aspect, les dirigeants de l’Université Bishop’s ont eu raison. Alors qu’ils ont cumulé une fiche de 3-21 à leurs trois dernières campagnes au RSEQ, les Mauves ont connu des difficultés à leurs deux premières saisons dans les Maritimes, ne gagnant qu’un seul match. Mais par la suite, ils ont participé aux éliminatoires cinq fois de suite, atteignant la finale quatre fois et étant sacrés champions de leur conférence une fois, la saison dernière.
Sachez par ailleurs qu’une université ne pourrait plus faire ce choix maintenant. Une règle a été instaurée stipulant qu’une université doit faire jouer ses équipes dans sa conférence si une ligue en bonne et due forme existe et est régie par celle-ci.
Dans un tel contexte, pourquoi revenir sur une décision qui a permis au programme de rencontrer ses objectifs? L’argent semble être la clé encore une fois.
Oui, Bishop’s est en concurrence avec des universités de sa taille, mais l’université doit maintenant investir des sommes importantes pour noliser un avion à chacune de ses visites. Les coûts pour transporter une équipe de football universitaire sont importants. Les adversaires des Gaiters doivent également ajouter de fortes sommes au moins une fois aux deux ans lorsqu’ils viennent jouer au Coulter Field.
On parle de 60 000$ à au moins quatre reprises en saison régulière et on additionne ensuite les dollars si on doit voyager pour les matchs éliminatoires. S’il fallait que Bishop’s aille jouer dans l’ouest, on approcherait les 200 000$, selon ce qu’on me murmure.
Alors que l’enjeu numéro un d’une équipe de sport universitaire est et restera toujours le recrutement, il devient essentiel d’évaluer rigoureusement la plus value de chaque dollar investi. Est-ce que l’expérience qu’on vend aux futurs étudiants-athlètes est plus attrayante en allant jouer dans la conférence atlantique ou en revenant au Québec?
Dans l’AUS, Bishop’s offre une opportunité de se battre pour un titre de conférence et une place en demi-finale canadienne. Au sein du RSEQ, la compétition demeurerait féroce face aux deux géants que sont Laval et Montréal.
Mais supposons que les dollars investis dans le voyagement de l’équipe de football allaient ailleurs dans le programme. Est-ce que les Gaiters pourraient espérer faire ce que sont en train de faire les Redbirds de McGill, par exemple?
Car, soyons francs, le football coûte très cher à une université, mais il y a certainement moyen de bien faire les choses même si on doit se mesurer à des grosses pointures chaque année. Une réalité incontournable du sport universitaire. Les Gaiters l’ont démontré l’an dernier en gagnant les championnats RSEQ au basket féminin et masculin en plus d’être sacrées championnes canadiennes en hockey.
Et plus il y aura d’équipes dans les ligues du RSEQ, plus le plaisir d’y jouer grandira pour tout le monde. En Ontario, même si trois des 11 équipes (Western, McMaster et Laurier) ont dominé avec 23 titres de conférence depuis 1995, ça n’empêche pas les autres équipes de se livrer de très belles batailles durant la saison. Même chose avec Calgary et Saskatchewan qui ont été les représentants de l’Ouest 10 fois chacune.
Au RSEQ, on parle souvent d’une ligue à deux équipes. Mais ce phénomène serait-il aussi dérangeant si on avait 7 ou 8 universités québécoises en lice? Peut-être que Montréal et Laval continueraient de s’affronter plus souvent qu’autrement en finale. Mais si chaque équipe peut jouer les trois quarts de sa saison contre des équipes qu’elle a le potentiel de vaincre au lieu de la moitié, ça rendrait l’expérience plus agréable pour les étudiants-athlètes et pour leurs fans.
Bref, la décision finale ainsi que les tenants et aboutissants de la situation appartiennent à l’Université Bishop’s. Les gens en place sont assez intelligents pour faire les choses de la bonne façon et pour les bonnes raisons. Personnellement et égoïstement, j’aimerais beaucoup revoir les Mauves au Québec. Et pourquoi pas les Patriotes, les Inuk et les Torrents par la suite?
L’émergence de nouvelles équipes sera uniquement possible s’il y a création de divisions comme c’est le cas au collégial (1-2-3). Bien qu’il y ait eu des discussion à cet effet, Trois-Rivières à notamment abandonné le projet parce qu’ils ne veulent pas affronter Mtl et Laval année après année en n’ayant pas nécessairement les mêmes moyens ni accès au même bassin de joueurs. Un programme comme Lanaudière en division 3 ne voudrait probablement pas affronter Grasset et on peut comprendre pourquoi. Lorsque l’on regarde le déroulement et surtout le résultat du match Carabins vs Sherbrooke la semaine dernière, je crois que l’on peut minimalement convenir que c’est tout sauf un incitatif pour le développement de nouvelles équipes de football au sein du RSEQ Universitaire. Pourtant, il n’y aurait rien de mal à l’idée de créer et de jouer dans des divisions où le calibre serait plus homogène. Un fait demeure, il n’y a aucun directeur des sports le moindrement lucide qui prendra la décision de mettre sur pieds une nouvelle équipe de football au sein du RSEQ.
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