Crédit photo : James Hajjar

Le duel de samedi soir entre les Carabins de l’Université de Montréal et le Rouge et Or de l’Université Laval en est à ses derniers préparatifs. Comme d’habitude, bien malin qui pourra en prédire l’issue. On va tout de même mettre la table pour tenter d’y voir plus clair.

Les deux formations ont remporté les deux derniers titres canadiens. Oui, c’est parfois frustrant pour certains de voir systématiquement ces deux équipes dominer le classement québécois, mais ça prouve surtout la grandeur des deux programmes davantage que la médiocrité des trois autres. Néanmoins, chaque nouvelle saison arrive avec son lot de changements. Tâchons de voir ce qui peut différencier les deux équipes.

Il y a quelques semaines, j’ai proposé des articles pour présenter les équipes à l’aube de la saison qui allait débuter. On en sait maintenant un peu plus après leurs deux premières semaines d’activité. Principalement au sujet de l’utilisation des ressources.

Du côté montréalais, l’attaque menée par le magistral Jonathan Sénécal n’a toujours pas pu miser sur les vétérans receveurs de passes, Hassane Dosso et William Legault. Il sera intéressant de voir s’ils feront leur entrée en scène au PEPS. Car bien que Sénécal ait obtenu une moyenne supérieure à 300 verges par la passe à ses deux première sorties, il n’a toujours pas un receveur qui se démarque plus que les autres. Personne n’a capté plus de quatre passes dans une rencontre ou n’a atteint les 50 verges de gain par match. Sauf qu’on a atteint 10 et 13 receveurs différents.

Lucas Berthet Dembélé / Crédit photo : James Hajjar

En fait, l’arme clé jusqu’à maintenant est le porteur de ballon Lucas Berthet Dembélé. Avec 9 courses pour 95 verges de gain et 7 réceptions pour 93 autres, il est le plus prolifique chez les porteurs et chez les receveurs des Bleus. Son apport a permis au coordonnateur offensif Gabriel Cousineau de limiter les courses de Sénécal. Un plan de match à maintenair ou un écran de fumée avec le grand duel?

Il faut dire que les défensives de Sherbrooke et McGill n’ont pas encore les galons de celle du Rouge et Or. Bien que la bande dirigée par Marc Fortier soit composée de plusieurs nouveaux visages, elle a démontré de belles qualités face à Concordia lors de son seul match jusqu’ici. La ligne défensive où évoluaient les Jean-William Rouleau et William Desgagnés est maintenant l’affaire de gars comme Thomas Gosselin, Christophe Lévesque, Thomas Chapdelaine et Loïc Brodeur en plus des William Quenneville, Pepe Esposito et Jacob Jinchereau.

La bataille que livreront ces gars face aux Lachance, Lévesque, Diouf, Levac et Fall qui forment la ligne offensive des Carabins sera de très haut niveau. La façon dont on contiendra Jonathan Sénécal tout en empêchant les Dembélé et Halafu de gagner des verges au sol pourrait avoir un impact significatif sur le résultat final.

Ce sera aussi l’occasion de voir à quel point Justin Cloutier maîtrise dorénavant les subtilités du jeu universitaire. Son talent et son intelligence au jeu sont indéniables. Il est maintenant le secondeur au centre et un point d’ancrage majeur pour la défensive de Laval. Il sera excellent, n’en doutez point. Les Carabins devront trouver une façon de l’éloigner du ballon. Avec Francis Bouchard et Christophe St-Hilaire, on ne manque certainement pas de vitesse.

Justin Cloutier / Crédit photo : Rouge et Or

La tertiaire a été rafistolée elle aussi. Les jeunes Jordan Lessard, Émil Barthélémy et Edward Bolduc, ainsi qu’Arnaud Laporte et Vincent Delisle auront la tâche de surveiller de près les receveurs montréalais pendant que Sénécal cherchera assurément à étirer le jeu. Une belle bataille là aussi.

L’autre guerre des tranchées sera tout aussi palpitante. La saison dernière, la ligne offensive du Rouge et Or a connu quelques ratés et face à la boîte défensive des Carabins, c’est mortel. Le premier match du groupe entraîné par le gourou Carl Brennan face aux Stingers a montré une belle cohésion qui a notamment mené à des gains au sol de plus de 180 verges et n’allouant aucun sac du quart.

L’ajout d’un ailier rapproché comme Youri Gauthier est aussi une excellente chose pour contenir les blitz lancés par Denis Touchette. N’empêche, les Christopher Montas, Jeremiah Ojo, Gabriel Maisonneuve et Maxime Francon en première ligne ne sont pas de tout repos. Harold Miessan et Mohammed Elshal forment un duo de secondeurs inégalé. Et si le joueur étoile Nicky Farinaccio fait lui aussi ses débuts à Québec, on a là le meilleur trio au Canada.

Est-ce que la ligne offensive de Laval est prête pour ça? C’est pour moi la question la plus importante. Étienne Cloutier, Jean-Antoine Dean-Rios, Alexandre Masri-Fliss, Samuel Quévillon et Jean-Christophe Vibert ont une grande partie du résultat de la rencontre entre leurs grosses mains.

Kalenga Muganda profite du bloc d’Alexandre Masri-Fliss contre Concordia / Crédit photo : Rouge et Or

Car si elle mise sur un jeu au sol qui peut être dominant avec les Kalenga Muganda, Alex Duff et Mathieu Roy, la troupe de Glen Constantin possède probablement aussi un tout aussi bon groupe de receveurs avec Isaac Gaillardetz, Guillaume Cauchon, Olivier Cool et Andrew Menzies à qui on pourrait ajouter Édouard Arsenault s’il est remis de la blessure qui lui a fait rater le premier match de la saison. Mais si Arnaud Desjardins n’obtient pas le temps nécessaire pour décocher ses passes, l’équipe locale sera privée d’un grand atout dans ce match.

Si la ligne offensive de Laval arrive à bien protéger Arnaud Desjardins, on sait ce que ce dernier peut faire. Méthodique et précis, il pourrait profiter de confrontations avantageuses. Néanmoins, les batailles contre la tertiaire de Montréal ne sont pas gagnées pour autant. Louis-Philippe Gauthier, Nicolas Roy, Édouard Doyon, Guillaume Perrier, Johan Lubin et Mathis Bérubé ne sont pas piqués des vers. Mais surtout la possibilité d’avoir une attaque diversifiée demeure un élément clé pour Laval.

Est-ce que le match pourrait se jouer sur les unités spéciales? Certainement.

Philippe Boyer est un botteur très fiable pour le camp montréalais et il est le plus puissant botteur de dégagement avec 47,5 verges en moyenne jusqu’ici cette saison. Le retourneur recrue Louis Drolet a connu de solides performances jusqu’à maintenant avec une moyenne de 14,4 verges par retour sur les dégagements. Wedens Alexandre en a quant à lui obtenu 20,5 en moyenne sur les bottés d’envoi.

Philippe Boyer / Crédit photo : James Hajjar

Laval ne sera certainement pas en reste dans cet aspect du jeu avec Cauchon et Duff pour retourner les bottés. Cependant, avec des gars moins expérimentés en Émile Choquet (précision) et Felipe Forteza (dégagements), il sera intéressant de garder un oeil sur leur efficacité dans un match à haute intensité.

Alors qui l’emportera? Votre choix vaut le mien et comme je le répète souvent, je ne gagerai pas ma maison là-dessus. Mais bien que le match soit disputé dans la maison du Rouge et Or, je vais donner l’avantage aux Bleus. Ils sont les champions en titre. Ils jouent très bien depuis le début de la saison. Jonathan Sénécal est électrisant. Ils ont un jeu au sol renouvelé et efficace. Et leur boîte défensive demeure la meilleure au pays.

Au Rouge et Or de prouver sa valeur. Et il sera prêt à le faire, tout comme la gang de Marco Iadeluca.

Espérons que tout le monde soit et demeure en santé. Place au grand match. Amusez-vous.

Et question de profiter pleinement de la fin de semaine de football, je vous invite fortement à jeter un oeil sur certains matchs ailleurs au Québec. Notamment celui qui implique les grands rivaux de Québec en juvénile D1, soit le Blizzard du Séminaire St-François face aux Condors de Saint-Jean-Eudes, samedi à 13h. Mais avant ça, ce vendredi 19h30, les Géants de St-Jean seront au Complexe Claude-Robillard pour y affronter les Phénix d’André-Grasset. Un autre match qui promet alors qu’on verra à l’oeuvre les deux attaques aériennes les plus dangereuses du circuit collégial D1.