Crédit photo : Éliane Filteau

Le Réseau du sport étudiant du Québec a un défi important à relever. Celui de développer des outils et des réflexes de marketing au goût du jour. La compétition est organisée et attirante pour les jeunes. Il est temps de réagir.

On a appris cette semaine, via un article de Kevin Dubé dans le Journal de Québec, la création d’une nouvelle division canadienne de la USPHL. Une ligue américaine de niveau junior. Non seulement, on y lit que des équipes seront établies à Montréal, Sherbrooke, Gatineau et La Plaine (ainsi que Kingston et Hawkesbury), mais le titre de l’article fait miroiter une ouverture vers la NCAA.

Pourquoi cet aspect est-il le pilier de la promotion qu’en fait notamment le propriétaire des Black Vees de Montréal, affilié au Collège St-Jean-Vianney? Parce qu’il y a une volonté de concurrencer la LHJMQ. Pour ceux qui ne le sauraient pas, un joueur qui évolue dans la LHJMQ perd son droit de poursuivre sa carrière dans une université du sud de la frontière.

Ce n’est pas d’hier que des jeunes québécois et canadiens évaluent leurs options entre tenter leur chance dans les meilleures ligues juniors au monde et garder leur admissibilité pour évoluer au niveau universitaire américain. Et pendant longtemps, il était vrai que de choisir le junior canadien équivalait essentiellement à cesser les études pour se consacrer au hockey. La réputation du circuit québécois de hockey junior en a pris pour son rhume au fil du temps et bien que les choses aient grandement évolué, les perceptions demeurent chez plusieurs.

C’en est rendu au point où le statut d’étudiant est devenu un élément de marketing. Une vertu dont chacun veut se draper. En janvier dernier, l’adjoint au commissaire de la LHJMQ publiait sur son compte X que 100% des joueurs de la ligue fréquentent les bancs d’école. On a même vu l’appellation étudiants-athlètes pour les désigner.

Donc, la LHJMQ tient à redorer son blason en parlant de ses joueurs comme d’étudiants-athlète. Et maintenant des gens qui vendent une nouvelle ligue non affiliée à Hockey Québec utilisent l’argument d’un chemin vers les universités américaines, donc des études. Comment se fait-il alors qu’on parle si peu de notre hockey collégial?

Pourtant, ce sont des étudiants à temps plein du même groupe d’âge qui obtiennent un diplôme reconnu par le ministère de l’Éducation du Québec à la fin de leur parcours. Ce sont aussi, dans certains cas, des jeunes de très bon calibre qui sont affiliés à des équipes de la LHJMQ. Les meilleurs joueurs ont le niveau nécessaire pour évoluer dans les universités canadiennes ou dans la NCAA. Mais cette ligue et ses joueurs passent trop souvent sous le radar.

Parce qu’on ne s’arrange pas pour que les recruteurs s’y intéressent. Mais aussi parce que même les jeunes joueurs de hockey sont encore trop nombreux à ne même pas envisager cette avenue. Simplement parce qu’ils connaissent peu ou pas le calibre de jeu offert.

Tout ça pour vous dire qu’il y a un très important travail de promotion à faire par le RSEQ pour faire valoir son hockey collégial. Ce n’est pas normal que le Journal de Québec fasse un article sur la naissance d’une division canadienne de la USPHL qui n’aura par ailleurs pas d’équipe dans sa ville, mais que je ne lise nulle part dans les quotidiens de la capitale nationale que les Lions de Champlain St.Lawrence connaissent une superbe saison.

L’entraîneur-chef de ces derniers était le grand Guy Chouinard jusqu’à cette année. Et maintenant, c’est l’ancien joueur de la LNH Pierre-Cédric Labrie qui en a les rênes.

À mon humble avis, les Lions corrigeraient les Black Vees s’ils s’affrontaient demain matin. Mais le responsable du compte X de l’équipe mentionne quant à lui que le niveau de la USPHL est supérieur au collégial D1 et au junior AAA. Chacun son point de vue et c’est correct.

Cependant, il y a un secteur Hockey au RSEQ depuis 2019. Stéphane Auger en a été le responsable avant de quitter pour Hockey Québec cet automne. Dominic Ricard en est aujourd’hui en charge. Ce dernier est assurément un grand connaisseur de hockey et de ses rouages. Il travaille fort et bien pour structurer le hockey étudiant. Mais peut-il convaincre les 27 établissements collégiaux qui ont une équipe de hockey masculin à dégager des fonds pour le promouvoir?

La question se pose aussi pour les autres sports. Il a déjà été question de créer un secteur Basketball au RSEQ. Que ce soit cette avenue ou une autre qui soit choisie pour optimiser l’offre au basket étudiant importe peu. Par contre, il va falloir allumer plus tôt que tard si on veut arrêter de voir nos jeunes prendre le chemin des Prep Schools ontariens en pensant que c’est tellement mieux que de rester au Québec.

Et que dire du football? J’ai écrit plusieurs fois au sujet des agents-consultants qui traquent les jeunes de 13, 14 ans pour leur faire entendre le chant des sirènes des Prep Schools américains. Plusieurs de ces agents-consultants considèrent le niveau collégial comme un beau prix de consolation, mais préfèrent vendre le système américain en récoltant leur cote au passage. Que peuvent faire les entraîneurs collégiaux pour contrebalancer l’offre quand ils n’ont même pas le droit de parler aux jeunes d’âge secondaire avant la fin de leur parcours juvénile?

Notre volleyball qui est en plein essor chez les jeunes filles offre du jeu enlevant à tous les niveaux. Le soccer collégial et universitaire produit des joueurs qui évoluent dans la Première ligue canadienne, mais également en Europe. En athlétisme, les championnats québécois rassemblent des étudiants-athlètes parmi lesquels on retrouve de futurs olympiens.

Le RSEQ, ce sont les établissements d’enseignement eux-mêmes. Ce sont les directions, les responsables de sports, les entraîneurs qui se rencontrent pour organiser et développer l’offre sportive étudiante québécoise. Il serait temps que quelques-uns cessent de se regarder le nombril et acceptent de lâcher un peu de lest pour le bien des ligues de sport étudiant dans leur ensemble.

En ce moment, il y a des centaines de jeunes élèves-athlètes sur les réseaux sociaux qui ont les yeux qui brillent et qui se gonflent d’espoir en voyant ce que leur offrent les Prep Schools et les agents. Il est temps que le sport québécois réagisse. Le RSEQ et les fédérations aussi.

Vendredi soir au Centre Renaud-Fournier, les Lions de Champlain St.Lawrence rendront visite aux Filons de Thetford pour le premier rang au classement du hockey collégial D1. Les 11 autres cégeps qui ont une équipe dans ce circuit devraient être fiers de voir le RSEQ en parler et en faire le fer de lance de la fin de semaine.

Et si vous vous posez la question, oui Bulletinsportif parle de hockey collégial. Chaque semaine dans le podcast que vous pouvez visionner sur YouTube ou écouter sur Balado Québec ou Spotify.