Photos : Courtoisie
La saison de football universitaire approche à grands pas et comme à chaque année, ce sera l’occasion de voir de nouveaux joueurs éclore sous nos yeux. Certains ont une réputation qui les précède, d’autres sont moins attendus par les amateurs. Ce sera peut-être le cas de Marc-Sullivan Andzang.
Le jeune homme a un parcours déjà bien rempli et des ambitions sérieuses. Né au Gabon, il est arrivé dans la ville de Québec à un an alors que ses parents s’étaient inscrits à l’université Laval pour compléter leurs études. Marc-Sullivan y a passé sa jeunesse jusqu’en sixième année où il a développé ses bases athlétiques en jouant au hockey, au basketball et au flag-football. De son propre aveu, il n’aimait pas le contact.
Une fois que ses parents eurent terminé leurs études à Québec, ils sont retournés au Gabon avec leurs quatre garçons. « Malheureusement, mes parents se sont séparés et je n’ai plus de contact avec mon père depuis. Je suis donc parti vivre en France avec mes frères chez mon oncle, dans la région de Nantes », m’a raconté Marc-Sullivan en entrevue.
Puis, à la fin de ses études secondaires, il prend la décision de revenir au Québec, sans sa mère, pour rejoindre ses deux frères aînés. « Pour des raisons d’équivalence, j’ai dû reprendre son secondaire 5 à l’école de Rochebelle. J’ai continué de jouer au basket et comme j’étais un assez bon athlète, mes entraîneurs m’ont incité à tenter le coup au football. J’avoue que je ne prenais pas ce sport très au sérieux, mais j’ai quand même réussi à obtenir des invitations des cégeps de Garneau et de Lévis au niveau collégial D1.
Andzang choisit d’abord les Élans de Garneau. Mais la vie n’est pas toujours simple pour lui. Sa situation financière précaire et différentes embûches l’amènent à commettre des erreurs. Pour ces raisons, les choses n’ont pas fonctionné pour lui à Garneau. Il s’est donc tourné vers Pierre-Alain Bouffard, alors entraîneur-chef des Faucons de Lévis. Après un essai infructueux au poste de porteur de ballon, il a décidé de tenter sa chance en défensive. Et là, tout a débloqué.
Malgré une saison à l’eau à cause de la pandémie, le demi de coin de 5’8 veut tout mettre en oeuvre pour être le meilleur joueur possible. « C’est dans ma nature. Je veux être un joueur élite et un leader. J’y prends beaucoup de fierté. »
S’étant lié d’amitié avec le receveur Mikel-Ange Desjardins lors du camp à Garneau, Marc-Sullivan est invité par ce dernier à participer à un camp avec Elie Bouka, membre des Stampeders de Calgary dans la Ligue canadienne de football.
À l’automne 2021, il gagne sa place sur la formation partante des Faucons et il excelle. Deux interceptions dont une retournée pour un touché, deux passes rabattues et 18 plaqués dont deux pour perte en font un joueur que les attaques adverses souhaitent éviter.
Puis, durant la saison morte, Marc-Sullivan prend la décision de quitter pour Calgary afin d’aller rejoindre son ami Desjardins, qui a été recruté par les Dinos de l’université de Calgary, et de continuer son développement avec Elie Bouka. Celui-ci, en plus de son poste au sein de la tertiaire des Stamps, possède son entreprise de mise en forme.

Bien qu’il avait l’intention de revenir à Lévis pour la saison 2022, les choses se bousculent pour le jeune athlète. Après un camp à Calgary, il a été recruté par une équipe junior, les Colts de Calgary, en plus de se dénicher une place sur l’équipe de réserve des Stampeders. Il demeure donc dans l’ouest canadien.
Après une saison qui lui a valu une place sur l’équipe d’étoiles de sa ligue junior, Marc-Sullivan se prépare pour le camp des Stampeders dans l’espoir d’obtenir un contrat. Il a assez bien fait pour participer aux deux matchs hors-concours de l’équipe ce printemps face aux Elks d’Edmonton et aux Lions de la Colombie-Britannique. Malheureusement, il n’a pas été retenu par la formation.
Maintenant âgé de 21 ans, il a pris la décision d’amorcer sa carrière universitaire. Recruté partout au Canada, il a notamment eu des discussions sérieuses avec les universités de Calgary, Regina, Sherbrooke et Montréal. Et c’est finalement l’uniforme bleu des Carabins qu’il revêtira en 2023. Bien qu’il ait envisagé avec enthousiasme l’idée de demeurer à Calgary pour jouer avec Mikel-Ange Desjardins – qui avait terminé au premier rang du collégial D1 avec des gains de 689 verges sur 35 réceptions en 2021 – Marc-Sullivan a pris une décision basée sur le football et la famille.

« L’occasion de jouer chaque année avec une chance de gagner la coupe Vanier était importante pour moi. Le groupe d’entraîneur a aussi eu une grande influence sur ma décision. Tout au long du processus, coach Iadeluca est resté en contact avec moi. J’ai vraiment hâte de travailler avec Antoine Pruneau », nous explique-t-il.
Puis il ajoute : « Après plusieurs années loin de ma famille, je vais rejoindre mon plus vieux et mon plus jeune frères à Montréal. » L’aîné étant inscrit à la maîtrise en finance après avoir complété des études en actuariat à l’université de Montréal et le plus jeune à Dawson, où il jouera au basketball.
Maintenant inscrit en psychologie et porte-couleur des Carabins, l’ancien numéro 20 des Faucons de Lévis vise les plus hauts sommets. « Mon objectif est la NFL. Je n’ai pas assez joué de football pour penser passer par la NCAA, mais je sais que je suis à une bonne place pour y arriver. Je vais prendre le temps qu’il faut. J’ai confiance que mon nom va résonner bientôt. » Et ajoutons à cela qu’il a aussi l’intention de pousser ses études jusqu’au doctorat éventuellement.
Pas de doute, la confiance est au rendez-vous. Mais on ne sent aucune arrogance dans son attitude. « Mon passage avec les Stampeders et l’expérience que j’ai pu en retirer de voir à l’oeuvre des professionnels m’aident à comprendre ce que ça prend. Pour le moment, je vise un poste de partant pour le match d’ouverture contre McGill. Je n’ai pas d’inquiétude quant à mes capacités, j’ai surtout hâte de démontrer ce que je peux faire. »
On a aussi bien hâte de voir ce que celui qui ne connaît pas encore ses coéquipiers, outre Iraghi Muganda et Hassane Dosso, sera en mesure de faire sur le terrain.