Quelques semaines après la fin de la saison, une vague a frappé les équipes d’entraîneurs de diverses équipes de hockey collégial et universitaire. La dernière annonce fut celle du départ de Dominic Desmarais qui quitte l’équipe féminine des Gaiters de Bishop’s. Toutefois, il ne laisse pas l’organisation les mains vides. Sa complice Valérie Bois va reprendre les rênes et assurer la continuité du travail entamé il y a trois ans.

Après Dave Evangelho qui a quitté son poste d’entraîneur-chef de l’équipe féminine des Cougars de Champlain-Lennoxville, Guy Chouinard a annoncé son départ des Lions de Champlain St.Lawrence, puis Stéphan Lebeau a fait de même avec l’équipe masculine des Cougars. Le mouvement de personnel frappe fort dans le hockey étudiant québécois. Une page importante qui se tourne pour ces organisations collégiales.

Dans le cas des Gaiters, une des quatre formations universitaires féminines québécoises, la nouvelle a certainement eu un impact, mais les conséquences ne devraient pas trop se ressentir. C’est qu’aussi bon soit Dominic Desmarais et aussi impressionnantes soient les réalisations de son équipe en si peu de temps, celle qui lui succédera, Valérie Bois, y a été un facteur tout aussi important.

« Ça m’a pris presque trois semaines pour prendre ma décision, a confié Desmarais en entrevue. En 25 ans dans le hockey, ça a été la plus difficile. Mais j’ai été capable de choisir de quitter parce que le programme est fort et que Valérie est prête pour prendre la relève et assurer la continuité de ce qu’on a bâti. »

Dominic Desmarais / Crédit : Bishop’s Athletics

Desmarais n’a jamais caché qu’il souhaitait éventuellement retourner du côté masculin. Mais de son propre aveu, il n’avait pas un plan déterminé. Sauf qu’à la fin de la dernière campagne, il s’est remis à réfléchir. « Le calendrier est très court au hockey féminin. On a fini notre saison le 25 février. J’ai besoin de plus de matchs, alors je fais un pas de côté en allant au niveau junior AAA à Granby pour aller vers le junior majeur. »

Maintenant, Valérie Bois ne semble vraiment pas effrayée par le défi qui se présente à elle, justement parce qu’elle connaît très bien les rouages de l’équipe qu’elle a contribué à bâtir. « Dominic et moi, on travaille ensemble tous les jours. J’ai déménagé ma famille à Sherbrooke il y a trois ans pour occuper ce poste. J’y suis investie et j’avais éventuellement des aspirations à monter les échelons, alors je suis prête.»

Celle qui a occupé des tas de positions dans le coaching depuis son passage comme joueuse avec les Patriotes de St-Laurent sait très bien où en est le programme et quelles sont les prochaines étapes. « Nos valeurs et notre identité vont demeurer. On va continuer à être une équipe en forme, fatiguante, qui met beaucoup de pression. Maintenant, on veut améliorer notre rapidité d’exécution. Oui, nos résultats de l’an passé ont été très bons et on vise éventuellement un championnat du RSEQ et une participation au championnat canadien, mais il ne faut pas sauter les étapes. On a encore des choses à apprendre. »

Un des éléments qui était certainement important suite à l’annonce de la décision de Dominic Desmarais était la rétention des joueuses recrutées. Et selon Bois, les choses vont très bien de ce côté. « On a fait le recrutement ensemble, les joueuses et les familles m’ont vue et me connaissent alors elles savent à quoi s’attendre et personne n’a manifesté son intention de changer d’idée. »

Quand on parle des joueuses recrutées qu’il fallait garder dans le giron des Gaiters, il est évident que le nom de Gabrielle Santerre vient en tête de liste. La championne pointeuse des deux dernières saisons au niveau collégial D1 a fait le choix de porter les couleurs de Bishop’s. Sa future entraîneure le mentionne sans détour, le fait que Santerre vienne à Bishop’s donne un effet de confiance aux autres et aide à rendre le programme attrayant.

Membre du personnel d’entraîneurs de l’équipe féminine au tournoi pee wee de Québec, assistante avec les défuntes Canadiennes de Montréal, entraîneure des Patriotes de St-Laurent, coach vidéo avec les Forestiers d’Amos et le Collège français au hockey midget AAA masculin, Valérie Bois a un cv bien garni. Ses expériences diverses démontrent à quel point on fait confiance à ses compétences.

À 33 ans, la jeune femme prend en charge les destinées des Gaiters et dorénavant ce ne sont que des femmes qui sont à la tête des quatre équipes universitaires de hockey féminin au Québec. « C’est certain que je suis contente, mais il y a un mélange d’émotions en rapport avec ça. Tant mieux si on est quatre femmes, mais l’important c’est d’abord et avant tout que ce soit par notre compétence que nous sommes là. Je n’aurais pas aimé avoir ce poste simplement parce que je suis une femme. »

Une ligue à quatre équipe : des solutions sur la table

Pour la suite, je n’avais pas le choix de demander à Valérie Bois et Dominic Desmarais ce qu’ils pensent du départ éventuel des équipes d’Ottawa et de Carleton de la ligue de hockey universitaire du RSEQ.

D’emblée, les deux mentionnent à quel point c’est malheureux de voir partir deux équipes. Surtout parce que ça rend plus difficile la possibilité de jouer plus de matchs. « Quand je parle à des coachs au niveau masculin, je dois souvent leur rappeler qu’on veut bien travailler à développer le hockey féminin, mais qu’il faut jouer plus de parties, nous mentionne Bois. On joue une saison de 25 matchs au niveau universitaire alors que dans certaines ligues masculines, les équipes ont déjà joué 25 matchs au mois de novembre. »

Le plus grand souhait de Dominic Desmarais est que le RSEQ puisse annoncer l’arrivée de nouvelles équipes. Mais comme ça risque de ne pas se produire rapidement, des solutions ont été proposées pour jouer des matchs contre des équipes de l’Ontario et des Maritimes et organiser des showcases.

« Il faut bouger rapidement et être proactif. Nos programmes sont très solides et nos filles ont tout ce qu’il faut ici pour se développer. Mais il faut garder le produit attrayant. Il y a eu des pourparlers, les dossiers avancent. Maintenant, il faut espérer qu’on communique quelque chose rapidement parce que ça ne peut pas rester une simple ligue à quatre équipes, il faut augmenter le nombre de matchs»