On voit une quantité de nouveaux entraîneurs-chefs très jeunes être nommés au football collégial québécois depuis quelques semaines. Si d’un côté, on peut se réjouir de voir autant de jeunes hommes vouloir continuer de s’impliquer concrètement dans le développement du football québécois, je me pose aussi des questions. Est-ce que les conditions d’emploi offertes repoussent les candidatures des seniors?

Est-ce qu’on voit arriver une cohorte de nouveaux leaders hyper talentueux qui méritent des opportunités ou si les salaires de 50 000$ par année sont devenus trop peu intéressants dans le contexte actuel pour les vétérans qui ont une famille à faire vivre?

Être en charge d’un programme de football collégial, ce n’est pas un jeu vidéo en mode Directeur général. On doit composer avec un budget d’opération, diriger du personnel, recruter des joueurs, encadrer une partie du parcours académique d’étudiants, préparer adéquatement des athlètes qui entrent dans l’âge adulte et qui sont en plein développement physique en mental. Rassurer des parents qui confient leur progéniture parfois en les laissant quitter le nid familial pour la première fois. Négocier avec une direction des sports qui a des moyens de moins en moins importants pour mettre en place les idées nouvelles qu’on rêve de voir révolutionner le monde du sport.

Et accessoirement, il faut finir par gagner sa part de matchs parce qu’il en va de la notoriété de l’établissement pour lequel on travaille. Est-ce que vous connaissez beaucoup de jeunes de moins de 30 ans qui ont tout ce qu’il faut incluant la maturité pour faire tout ça? Et quand je parle de maturité, je parle de vécu et de perspective sur les différentes situations auxquelles il faut faire face quand on a une centaine de personnes sous sa responsabilité. Ultimement, les X et les O sont marginaux dans un tel contexte. Le match est le moment de la semaine où un entraîneur-chef peut finalement se consacrer à la partie facile et amusante de sa job.

Les directions sportives des cégeps semblent découvrir tous en même temps de nouveaux prodiges de la gestion. Ça tombe bien, juste pendant que les cordons de la bourse se resserrent bien solidement dans notre beau système d’éducation collégial.

Le plus sincèrement du monde, je souhaite que cette arrivée de vent nouveau sur les lignes de côté du football collégial puisse permettre à de jeunes hommes de démontrer leur savoir-faire. Je souhaite aussi qu’ils aient tout l’accompagnement nécessaire pour réussir dans chacun des aspects de leur travail. Parce que s’ils obtiennent ces postes, c’est que des gens intelligents les considèrent en mesure de relever les défis à venir. Ce texte n’est pas écrit pour mettre en doute leur talent de cerveau footballistique.

Par contre, les années qui avancent m’ont donné un peu de vécu et de perspective. Et ce semblant de sagesse me fait dire que le coaching est assurément un des grands piliers du développement sportif. Le talent et l’enthousiasme c’est uine chose. Mais quand on veut accompagner des jeunes qui entrent dans l’âge adulte, ça prend aussi un certain bagage. Soyons seulement vigilents avec les choix qui sont faits. Et ça commence par les ressources que les cégeps choisissent d’octroyer à leurs programmes sportifs.