Le premier tour éliminatoire est déjà chose du passé au football collégial québécois. En division 1, Grasset et CNDF avaient un laissez-passer. Alors Champlain-Lennoxville a dû vaincre St-Jean et Limoilou a éliminé Vieux-Montréal pour se qualifier dans le carré d’as. Maintenant que les quatre équipes de tête sont rassemblées, à quoi doit-on s’attendre?

On met la table.

Champlain-Lennoxville (4) vs Grasset (1) – Samedi 13h

Les Cougars de Champlain-Lennoxville n’ont peut-être pas connu une saison aussi solide que celle de 2024, mais la troupe de JF Joncas n’est jamais à prendre à la légère. Surtout en éliminatoires. Et surtout par les Phénix d’André-Grasset.

En effet, la dernière fois où Grasset a vaincu Lennox en éliminatoires remonte à 2016. Depuis, il y a eu quatre confrontations. En 2017, les Cougars ont remporté le Bol d’Or sans affronter les Phénix et la saison suivante, les Phénix avaient gagné le titre, sans affronter les Cougars. En 2019, Lennox avait terminé 7e au classement et Grasset, 2e. Mais la bande à Joncas était venue jouer les trouble-fêtes en gagnant le 1/4 finale en prolongation avant de poursuivre sa route jusqu’à gagner le championnat contre Vanier. En 2021, Champlain-Lennoxville l’avait emporté 17-10 en 1/4 finales. En 2022, encore en première ronde, les Cougars avaient eu le dessus 28-20. Et la saison dernière, en demi-finale, une victoire par un seul point avait propulsé Lennox en finale avant d’être sacré pour la 15e fois de son histoire.

Les Cougars ne pourront toutefois pas se fier uniquement à l’histoire pour espérer vaincre les Phénix d’André-Grasset sur leurs terres. Les difficultés en défensive de l’équipe cette saison pourraient être grandement exposées face à l’attaque multifacette de Grasset. Pour contrebalancer, le trio Royer-Lacombe-Desruisseaux devra absolument connaître un grand match en attaque si les Cougars veulent revenir de Montréal avec leur billet pour la finale. Et ils sont capables de le faire. Surtout avec cette ligne offensive extrêmement talentueuse.

Néanmoins, il faut constater que sur papier, Grasset a l’avantage. Non seulement ont-ils terminé au sommet du classement cette saison, mais plus concrètement, la grande différence se situe au niveau de la ligne défensive. Félix Gagnon et Racim-Kais Bachammar n’ont pas leur égal chez les Cougars. Ces deux joueurs auront certainement fort à faire contre les Latulippe, Fall, Hall et Iskander. Cependant, ils offriront une très grosse opposition aux gros bonhommes de Lennox tout en permettant aux secondeurs Abraham, Durand et Bouillon de faire tout le dommage nécessaire. L’inverse a moins de chance de se produire.

Les équipiers de Tony Iadeluca misent aussi sur une ligne offensive et un groupe de porteurs de ballon talentueux, polyvalents et productifs. Les receveurs Antoine Fafard, Antoine Goupil et Joshua Dubrovsky forment un trio qui ferait l’envie de tous les entraîneurs du circuit. Cependant, le quart Maxim Désilets en sera à une première expérience en matchs éliminatoires au niveau collégial alors que son vis-à-vis Justin Royer a une conquête du Bol d’Or derrière la cravate.

À mettre aussi dans la balance, la santé des joueurs. Le groupe de porteurs de ballon de Grasset a été amoché cette saison. La semaine de repos aura-t-elle été suffisante pour ramener la jauge d’énergie à 100%? Chez les Cougars, le receveur Augustin Lussier-Roy était absent face à St-Jean en fin de semaine dernière. Cependant, le jeune Tyler Mercier a tout le talent nécessaire pour palier.

À surveiller dans ce match, la confrontation entre les deux brillants porteurs de ballon recrue que sont Benjamin Desruisseaux pour Lennoxville et Sébastien Mari pour Grasset. Du bonbon assuré pour les fans.

Je donne l’avantage à Grasset, même si l’histoire me dit qu’on ne doit jamais miser contre JF Joncas. Néanmoins, Tony Iadeluca n’est pas le dernier venu et je pense qu’il a dans ses mains les meilleurs atouts, dont une défense plus solide.

Prédiction : Grasset 30-23

Limoilou (3) vs CNDF (2) – Samedi 13h

Les Titans de Limoilou ont vaincu aisément les Spartiates du Vieux-Montréal par la marque de 34-3 pour passer au deuxième tour éliminatoire. La défensive a provoqué six revirements et le jeu au sol a produit plus de 200 verges dans la victoire. Une recette qu’il faudra tenter de reproduire contre l’équipe finaliste de la saison dernière, le Notre-Dame de CNDF. Pas une mince tâche.

Il faut tout d’abord souligner que le CNDF a été l’équipe qui a marqué le plus de points en 2025 en plus d’être celle qui en a accordé le moins. Menés par l’excellent et probable joueur par excellence, Thomas Leroux, les gars du collège de Saint-Augustin-de-Desmaures savent à quoi s’attendre de la troupe de Dave Parent.

En 2022, les deux programmes se sont affrontés en finale du Bol d’Or. En 2023, Limoilou avait eu le dessus par quatre points lors de leur duel en saison avant d’aller chercher une deuxième bannière consécutive. En 2024, CNDF avait eu le dessus par 8 sur Limoilou et plus tôt cette saison, l’écart a été de 6 encore une fois à la faveur du CNDF. Bref, ne nous attendons pas à un match à sens unique entre deux équipes aux styles opposés.

L’attaque des Titans de Limoilou a beau paraître assez unidimensionnelle, la quantité de joueurs qui vont s’échanger le travail pour porter le ballon est effarante. Ce qui leur permet d’avoir toujours des jambes aussi fraîches que talentueuses dans le champ arrière. Et de varier les types de jeu. Victor Laflamme et Louis Simard courent avec énergie. Léonard Lemay a la polyvalence pour tout faire. Et la recrue Yan Tremblay peut aussi bien prendre les remises du centre, courir en puissance, bloquer qu’attraper de longues passes.

Et puis, leur quart-arrière Samuel Gagné trouve le moyen d’être efficace malgré tout derrière une ligne offensive qui protège très bien son pivot, n’ayant accordé que six sacs au cours des huit derniers matchs. Il faut dire que Gagné est aussi celui qui a amassé le plus de verges au sol pour Limoilou.

De l’autre côté, on aura une attaque bien équilibrée dirigée de main de maître par Leroux. Il mise notamment sur un porteur de ballon élite en Charles Fortin, un receveur étoile en Ramses Ndougou, ainsi qu’un joueur ultra polyvalent en Guillaume St-Laurent. Ce trio aura la lourde tâche de travailler à travers une défensive agressive, athlétique et aguerrie.

Thomas Leroux est le chef d’orchestre par excellence. Intelligent et précis, il peut découper une défensive de toutes les façons, y compris avec ses jambes. Charles Fortin ne sera certainement pas intimidé par la boîte défensive des Titans. Il se fera un malin plaisir d’user à la corde ses adversaires. Ramses Ndougou aura aussi du pain sur la planche, mais si on se concentre trop sur lui, Nygiel Augustin et Mathieu Leclerc ont tous les outils pour faire payer les Titans.

En défensive, les deux formations sont très bien nanties. Du côté du CNDF, on mise sur une ligne costaude avec les Lorant Krasniqi et Louis-Laurent Charest ainsi que le vétéran Justin Wilisky. Derrière eux, les secondeurs Gabriel Perron et Rayann Payep Temamen ont les outils pour bien contrer le jeu au sol. Tandis que la tertiaire est menée notamment par le maraudeur Emrick Bouchard et le demi de coin Thierry-Andrew Djeté.

Chez les Titans, on est un peu moins lourd sur la ligne défensive, mais très, très athlétique et agressif. Si le grand Elliot Valin (7 sacs en 4 matchs) peut revenir au jeu, la ligne offensive du CNDF en aura plein les bras à tenter de contenir ce groupe qui compte sur Maxime Poliquin, Vincent Veilleux et Malek Pelletier (total de 14 sacs pour les trois). Et on ajoute à ça des secondeurs de la trempe de Xavier Bérubé, Victor Lavoie et Justin Forgues. Vous avez là possiblement la meilleure boîte défensive du circuit collégial D1. Le demi de coin Benjamin Giroux et le maraudeur recrue Charles Verge-Bernard sont également parmi l’élite.

La bataille des unités spéciales aura un rôle majeur à jouer. À mon avis, Limoilou a l’avantage de ce côté avec la puissance de ses botteurs, Yan Tremblay et Émile Chamberland, et sur la qualité des retourneurs. Cependant, Mathis Doyon du CNDF est peut-être plus constant sur les bottés de précision.

Marc-André Dion et Dave Parent sont certainement deux des meilleurs entraîneurs que le football québécois a à offrir. Des rusés. Les Titans auront très faim, leur défensive trouvera le moyen d’embêter Leroux et compagnie. Même si je pense que le jeu au sol de Limoilou aura sa part de difficultés contre le front du CNDF, j’opte pour l’équipe visiteuse, à mon avis la plus tough de la ligue.

Prédiction : Limoilou 20-17