Crédit photo : James Hajjar
La mi-saison est derrière nous au football universitaire et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on a eu de l’action. On pourrait simplement regarder l’ordre des équipes au classement et en conclure que rien n’a changé dans ce bas monde. Certes, en partie, mais tout est dans la manière. Et ça soulève des questions pour les semaines et surtout, les éliminatoires à venir.
Avant le botté d’envoi de la saison, le Rouge et Or de l’Université Laval, champion canadien en titre, était identifié comme le grand favori. Une équipe dirigée de main de maître, un noyau de retour, du talent à revendre. Les Carabins allaient-ils pouvoir défier leurs rivaux pour le sommet avec un quart-arrière recrue devant chausser de très grands souliers? Et les Redbirds de McGill? L’équipe en ascension que plusieurs observateurs ont rapidement voulu voir comme celle qui allait enfin briser l’hégémonie. Le Vert & Or de Sherbrooke, négligé de tous les parieurs, chez qui les questions semblaient plus nombreuses que les réponses. Et enfin, les Stingers de Concordia avaient des choses à prouver suite à la saison 2024. Avec, eux aussi, un nouveau quart-arrière, mais aussi une défensive aguerrie et talentueuse.
Après deux semaines sans trop d’histoire, si ce n’était du brio rapide de Pepe Gonzalez comme pivot des Carabins, on a commencé à voir des performances que plusieurs n’avaient pas nécessairement prévues.
D’abord, un gain de 27-19 des Stingers de Concordia face aux Redbirds de McGill malgré 500 verges d’attaque par ces derniers. Erreur de parcours ou preuve que Concordia était à prendre au sérieux?
La semaine suivante, Gonzalez et les siens servent une leçon à la défensive du Rouge et Or dans un gain de 38-28 au CEPSUM. Le message était lancé, les Carabins d’après-Sénécal sont toujours à prendre très au sérieux.
Les Redbirds envoient à leur tour un signal fort en prenant la mesure des Carabins 31-24 avec une combinaison de stratégie défensive à point et d’efficacité offensive du duo ELR-Momo.
Sherbrooke surprend ensuite les observateurs avec deux victoires consécutives. Le Vert & Or ramène Concordia et McGill sur terre avec des victoires de 26-13 et 34-21. Une première depuis 2022 pour les gars de l’Estrie.
Puis, en fin de semaine dernière, McGill est allé donner une frousse aux Carabins sur leur terrain pendant que Concordia y allait d’une performance défensive solide au PEPS dans une défaite de 19-8.
Alors, on retient quoi de tout ça? Rien n’est encore joué. Quatre des cinq équipes se qualifieront pour les éliminatoires.
Malgré toutes les nouvelles qualités qu’on trouve aux Redbirds de McGill, leur place en demi-finale est loin d’être assurée. Ils reçoivent le Rouge et Or cette semaine avant de prendre une semaine de congé et terminer le calendrier face à Concordia. Deux équipes que McGill n’a pas encore vaincues cette saison. Si la bande à Alex Surprenant ne gagne pas au moins une fois, la saison prendra fin plus rapidement que prévu.
Les Carabins et le Rouge et Or ont leur place garantie en éliminatoires. On peut même présumer que les deux ténors seront encore au haut du classement en fin de saison. Mais si les Bleus s’étaient donné un avantage de 10 points en battant les rivaux de Québec, ils l’ont perdu en s’inclinant contre McGill la semaine suivante. Le gagnant du duel Montréal-Laval du 19 octobre devrait être numéro un à la fin, peu importe l’écart. Sauf si McGill peut trouver une façon de battre Laval. Alors là, Montréal retrouverait son avantage de 10 points.
Sherbrooke a son sort entre ses mains. Le Vert & Or a beaucoup de difficultés contre Montréal et je ne m’attends clairement pas à ce que ça change cette semaine. Néanmoins, le match à Concordia la semaine prochaine sera le vrai pivot. Une victoire pour la troupe de Kevin Régimbald et c’est dans la poche. Une défaite par moins de 13 points leur conférerait l’avantage sur les Stingers en cas d’égalité.
Enfin, les Stingers. Une drôle de saison dans leur cas. Une défensive de vétérans capable de performances solides. Mendel Joseph et William Castonguay sont toujours les leaders du groupe. Mais on accorde 35 points par match. Espérons pour eux que leur match contre le Rouge et Or en fin de semaine les inspirera pour les deux restants. Et si on peut commencer à mieux protéger nos quarts-arrières (20 sacs accordés) et le ballon (10 interceptions) ainsi qu’à réduire le nombre de punitions comme on l’a fait contre Laval (20 verges vs moyenne de 104,6 lors des 5 premiers matchs), peut-être qu’on arrivera à des résultats positifs.
Maintenant, que faut-il surveiller d’ici la fin du calendrier?
- Bien sûr, le match entre les Carabins et le Rouge et Or au PEPS le 19 octobre.
- Le joueur de ligne défensive recrue Sammy-Joe Sudah pourrait-il faire son entrée en scène prochainement pour les Carabins?
- Le Rouge et Or doit démontrer un désir de domination. Redevenir une machine. Il y a une étincelle qu’on veut retrouver.
- La liste des blessés terriblement longue chez les Redbirds de McGill qui comprend des noms comme Darius Simmons, Ambroise Duplessis-Giroux, Mathis Pilon et Ilan Barbaras, notamment.
- La clé pour le Vert & Or est de continuer à gagner systématiquement la bataille des revirements. Leur ratio de +1 par match est le meilleur du RSEQ et explique en bonne partie leur position actuelle.
- Les Stingers doivent profiter de leur semaine de congé pour préparer un plan de match gagnant face à Sherbrooke
- Si Laval bat McGill et Montréal bat Sherbooke en fin de semaine et s’ensuit une victoire de Concordia contre Sherbrooke le 17 octobre, on se retrouvera avec une triple égalité à 2 victoires et 5 défaites lors du dernier week-end d’activités. Concordia ou McGill terminera la saison avec trois victoires selon qui l’emporte. McGill a l’avantage par 3 points sur Sherbrooke en cas d’égalité pour la 4e place et Concordia doit vaincre Sherbrooke par plus de 13 points pour avoir la main haute sur ses derniers.
- N’oublions pas cependant que si McGill bat Laval – ce qui est très possible – les Redbirds s’assurent une place en éliminatoires et créeraient du même coup un chaos très intéressant. D’abord parce que ni Montréal, ni Laval ne voudra se mesurer à ÉLR, Momo et cie en 1/2 finale. Et aussi parce que Laval ne serait encore mathématiquement pas certain d’être l’hôte d’une demi-finale. Imaginez si, contre toute attente, le match Sherbrooke-Laval en fin de saison servait à déterminer l’équipe qui accueillerait cette demi-finale et que par la même occasion, Montréal devait avoir deux semaines pour tergiverser sur son affrontement à venir contre McGill.
À ceux qui se plaisent à dire que le football universitaire québécois est une affaire de deux équipes seulement, je vous inviterai une fois de plus à regarder au-delà du classement général pour évaluer les choses. Du moins en 2025.