Crédit photo : Matt Garies

Ancien quart-arrière vedette des Géants de St-Jean sous les ordres d’Alex Surprenant, Dimitri Morand rejoint celui-ci au sein du personnel d’entraîneurs des Redbirds de McGill à titre de coordonnateur offensif. Moins de quatre ans après sa retraite du football universitaire, le jeune homme de 28 ans se dit prêt pour le nouveau défi qui l’attend.

L’annonce de l’arrivée de Morand chez les Redbirds est survenue quelques jours à peine après que les Géants de St-Jean aient annoncé son départ après deux saisons à la tête de leur offensive. Il prendra donc les rênes du groupe d’entraîneurs à l’attaque de McGill, un programme en pleine transformation depuis un an. Cullen Tennant, qui occupait le rôle de coordonnateur à l’attaque la saison dernière a quitté après s’être déniché un poste dans son domaine, en finances.

Morand gravit les échelons du coaching à une vitesse qu’on ne voit pas très souvent chez ceux qui n’ont pas joué au niveau professionnel. Mais celui qui détient encore les records pour le plus de passes tentées et complétées en une saison au niveau collégial D1 a su utiliser son bagage d’expérience et son leadership à bon escient. Sans oublier son excellente relation avec Alex Surprenant.

« Je n’aurais pas accepté le poste sans être sûr d’être prêt. Le « fit » avec Alex est là. Je suis familier avec son système, mais aussi avec sa philosophie de coaching. Et puis, McGill, c’est un environnement qui est en ascension. Je voulais faire partie de ça », dit d’emblée Morand en entrevue téléphonique.

Avant de devenir un entraîneur, Dimitri Morand a développé ses qualités de leader sur le terrain. Après un passage marqué dans les rangs collégiaux incluant deux Bols d’Or en D2 sous les ordres de Surprenant, il a amorcé sa carrière universitaire avec les Carabins de l’Université de Montréal. À sa première saison, il a appris les rudiments du jeu à trois essais comme numéro 2 derrière Samuel Caron. Mais également comment avoir un impact sur toute son équipe en observant le vétéran qui se mêlait à tout le monde, autant les receveurs de passes que les joueurs de ligne défensive.

Puis, il a pris le poste de partant en 2018. En 2019, après un début de saison couci-couça, il a vu son coéquipier Frédérick Paquette-Perreault se faire donner l’opportunité d’amorcer quelques rencontres. Mais ce dernier s’est blessé en fin de saison et Morand a pu reprendre son poste et il a bien fait en dirigeant sa formation en finale de la coupe Vanier. Malheureusement, cette journée-là, les Dinos de Calgary avaient été les plus forts. Et pour ajouter au mal, le match se déroulait au PEPS à Québec. En 2020, la COVID a forcé l’annulation de la saison et en 2021, les Bleus accueillaient le jeune prodige, Jonathan Sénécal.

« Quand Jonathan est arrivé au camp, ça ne m’a pas pris de temps à réaliser qu’il était beaucoup plus talentueux que moi et que j’allais devoir prendre un rôle de soutien. Ça a commencé à m’amener un peu la perspective d’un coach. J’aidais les jeunes à s’intégrer. Je voulais m’assurer que le moral et le bien-être du groupe soit une priorité. Avoir ce pas de recul où je savais que je ne serais plus partant, ça m’a obligé à être honnête avec moi-même. Je devais regarder autour de moi et voir comment j’allais mettre l’équipe en priorité au lieu de m’apitoyer. »

Dimitri Morand a immédiatement fait le saut dans le coaching après sa carrière universitaire durant laquelle il a obtenu un baccalauréat en sciences des communications. Sans surprise, c’est à St-Jean-sur-Richelieu qu’il a débuté son travail sur les lignes de côté. Aux côtés de Jean-Philippe Bégin, il a pris charge du groupe d’entraîneurs à l’attaque des Géants à sa deuxième année et les résultats ont été probants. Particulièrement en 2023, alors que le duo Olivier Terroux-Nathan Carignan a été particulièrement étincelant. Carignan a alors éclipsé le record pour le plus de verges en une saison par un receveur de passes.

Malgré un séjour de seulement trois saisons sous les ordres de Jean-Philippe Bégin, Morand retient d’importantes leçons. « J’ai appris à devenir une vraie ressource pour les étudiants-athlètes. Plus qu’un entraîneur, mais aussi quelqu’un qui est là pour les écouter et les accompagner dans leur cheminement. Il y a aussi la fierté de ce qu’on fait. La confiance qu’on bâtit envers les autres entraîneurs, les joueurs. J’ai appris beaucoup avec des gars comme Gustave Sylvestre. C’était important que tout le monde aime son expérience à St-Jean et le mérite de cette culture revient entièrement à Jean-Philippe Bégin. On travaillait ensemble le plus souvent possible. Ces façons de faire, ça vient de ses valeurs et de son expérience en tant qu’enseignant en éducation physique. »

Maintenant, comment Morand entrevoit-il son nouveau défi au niveau universitaire? « J’ai confiance en mes moyens, ma créativité, ma force de travail. Je suis encore jeune et je peux connecter avec les joueurs. Il y en a que j’ai affronté. Maintenant, je vais devoir faire des ajustements pour passer du jeu à quatre essais à celui à trois essais. »

Morand a également mentionné l’intérêt pour lui d’arriver dans un endoit où les fondations sont déjà solides. Pour lui, ça facilitera sa transition. Un solide compliment envers son nouveau boss qui n’est en place que depuis un an.

Il ajoute cependant : « J’arrive dans un système offensif déjà bien huilé. Sup a eu du succès avec ça. Alors, je ne vais certainement pas arriver avec l’idée de mettre le feu dans le livre de jeu. Ce serait égocentrique et pas très intelligent. Mon objectif est d’être un boulon dans la machine. Je vais apporter ma créativité, bien sûr, mais il y a bien plus que l’entraîneur-chef et le coordonnateur offensif qui ont des choses à dire pour créer un bon système. La conversation doit rester ouverte pour tout le monde, incluant les joueurs. »

Parlant des joueurs, on ne pouvait pas parler du nouveau rôle de Dimitri Morand sans parler de ce qu’il pense de son pivot Éloa Latendresse-Régimbald.

« Éloa est un compétiteur comme j’en ai rarement vu. J’ai assisté aux deux derniers camps de printemps des Redbirds et j’ai pu constater que son niveau est le même qu’il soit en pratique ou en prolongation d’un match. Il a très faim. Il exerce un leadership qui est très proche de ses coéquipiers. Il prend soin d’eux, il a le pouls du groupe. C’est le genre de gars que tu veux suivre. Et j’aime aussi que ce soit un gars qui a plein d’intérêts en-dehors du football. Il est passionné de son sport, mais il aime aussi le cyclisme et on a jasé de musique ensemble. »

Bien qu’on connaisse les qualités d’ELR, ces bons mots de Morand ont un poids. Il faut se rappeler des éloges que son ancien entraîneur avec les Carabins, Marco Iadeluca, avait pour Dimitri à la fin de sa carrière en parlant de son leadership. Les vrais reconnaissent les vrais, dit-on.

Il sera intéressant aussi de voir comment Morand compte intégrer les joueurs qu’il connaît déjà à ses schémas. « Je connais déjà Nathan Carignan, Charles-Olivier Cyr, Alexis Boivin et Félix Joly. Il y a certains prototypes que tu veux pouvoir placer dans ton système. Mais les gars vont devoir gagner leur place. En fait, comme je les connais, l’évaluation sera simple. Ce sont surtout les autres que je veux apprendre à connaître. J’ai hâte de connaître le vestiaire des Redbirds. »

Après un recrutement massif de 53 nouveaux joueurs et l’arrivée d’un nouveau coordonnateur offensif, il y en a certainement une gang qui a hâte de connaître ce vestiaire. Et nous, on a bien sûr très hâte de voir comment se débrouillera cette nouvelle escouade. L’enthousiasme est grand et les attentes qui viennent avec aussi. Mais on aura le temps de s’en reparler. Il reste encore une centaine de jours avant le début de la prochaine saison.