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Édouard Gauthier – Brébeuf : Thomas Dinhh / Kenedie Haruna – Vanier : Jonathan Cyga
La pause des Fêtes correspond exactement à la mi-saison au basket collégial. C’est donc le moment idéal pour dresser l’état de la situation. Si c’est incroyablement corsée du côté masculin, chez les femmes, un quatuor semble se détacher.
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Une lutte de tous les instants chez les gars
La bataille entre les 12 équipes du circuit collégial masculin D1 est tout sauf ordinaire après une première moitié de saison. Les meneurs sont à six victoires et deux revers alors que les équipes au bas du classement sont à 2-6. Tout est à jouer et ceux qui veulent parier prendront certainement de gros risques.
C’est Brébeuf qui part en vacances avec le haut du pavé jusqu’à maintenant. La formation de Michael Chmielewski a décroché six victoires à ses huit premiers matchs. Troisièmes du circuit avec une moyenne de 77,2 points marqués par match et deuxièmes pour les points accordés avec 68,4, les gars du collège montréalais forment probablement l’équipe la plus équilibrée. Ils protègent très bien le ballon, menant collectivement la ligue pour les passes décisives en plus de commettre le moins de revirements.
Leurs deux défaites ont été subies aux mains d’Outaouais et Ahuntsic, des performances difficiles avec moins de 30% de réussite sur leurs tirs à chaque fois. L’équipe a tout de même remporté ses quatre derniers matchs dont des victoires importantes contre Vanier et Ste-Foy.
Sur le plan individuel, le garde Édouard Gauthier est au sommet des pointeurs avec 22,9 points par match, lui qui est un des meilleurs tireurs au Québec. Mais la production vient aussi de l’ailier Isaac Pierre-Louis avec près de 15 points en moyenne. Les deux joueurs mènent aussi l’équipe pour le nombre de rebonds. Néanmoins, le joueur le plus utilisé est le meneur Giorgio Azzi avec plus de 30 minutes par rencontre. Une moyenne relativement basse quand on constate qu’il ne fait pas partie des 20 joueurs les plus utilisés de la ligue. Une preuve de la profondeur de cette équipe.
Suivent au classement pas moins de cinq équipes à 5-3. Ste-Foy, Champlain St-Lambert, Vanier, Montmorency et Ahuntsic.
Les Cavaliers de Champlain St-Lambert menés par Uriel-Kaider Ndome (21,1 pts/match) et Tayshaun Thomas (18,4) trônent au sommet offensif avec 81,8 points marqués par match. Thomas est également un des meilleurs tireurs aux 3-points en plus d’être le voleur de balles par excellence. Deux de leurs matchs sont allés en prolongation et ils se sont inclinés à chaque occasion, contre Thetford et John Abbott. Leur dernier revers a été subi aux mains d’Ahuntsic.
À noter cependant que l’équipe de Daniel Martin n’a toujours pas affronté Brébeuf, Ste-Foy et Vanier. Il lui reste également un autre match contre Montmorency, qui voudra certainement se reprendre après leur avoir accordé 101 points à la mi-novembre.
Les Aigles d’Ahuntsic sont quant à eux les plus avares n’accordant que 65,5 points à leurs adversaires en moyenne. Trois fois, les hommes de Watson Henry ont gardé leurs adversaires sous la barre des 60 points, dont Brébeuf. Un exploit de taille.
Après avoir perdu leurs deux premiers matchs de la saison, les Aigles ont remporté cinq des six suivants. La force de l’équipe au rebond, grâce à Khaly Amadou Thiam qui domine largement avec une moyenne de 13 par match, ainsi que sa capacité à forcer l’adversaire à tenter des tirs difficiles rendent cette équipe très difficile à battre.
On devra cependant trouver une façon d’augmenter drastiquement l’efficacité en attaque si on veut solidifier nos chances de succès. Le retour de Christ Emmanuel Dadié ne peut être qu’une bonne nouvelle en ce sens, lui qui a enfoncé 53,3% de ses tirs, dont 42,9% de la ligne de 3-points dans les quatre matchs qu’il a joués.
Les Dynamiques de Ste-Foy étaient partis en grand avec quatre victoires consécutives en lever de rideau. Dont des gains contre Ahuntsic et Vanier. Mais depuis, on a échappé trois de nos quatre rencontres. À la tête de la formation D1 pour une première saison, l’entraîneur-chef Eric Monkam a beaucoup joué avec ses effectifs en début de campagne. Son joueur le plus utilisé, Félix Arial, joue à peine plus de 24 minutes par match. 11 joueurs différents ont maintenu une moyenne de temps de jeu supérieure à dix minutes. Pas surprenant donc de ne voir pratiquement personne parmi les meneurs dans les statistiques individuelles. Il sera intéressant de voir si on resserrera le banc en deuxième moitié de calendrier.
Les Cheetahs de Vanier, un peu comme Ste-Foy, étaient partis en force avec quatre victoires à leurs cinq premières rencontres, inscrivant d’ailleurs 88 points en lever de rideau contre Ahuntsic. Cependant, Vanier s’est incliné deux fois à ses trois derniers matchs en plus de devoir y aller d’un effort important en fin de 4e quart pour soutirer la victoire à Sherbrooke avant la pause des Fêtes.
Mais avec cinq joueurs maintenant une moyenne d’au moins 10 points par match, la production vient de partout et pas seulement de Ludovick Tournier et Jérémy Lalonde Hines. Les nouveaux-venus Randy Tshizanga, Pape-Aliou Diouf et Lenny Kouakou Manset ont un important mot à dire. Si tout le monde reste en santé et qu’on gagne en constance défensivement et aux rebonds, une cinquième finale en six ans est possible pour l’équipe possédant probablement le meilleur groupe de tireurs de la D1.
Les Nomades de Montmorency complètent le groupe d’équipes à 5-3. La formation de Marc-Olivier Beauchamp est une puissance offensive guidée par le vétéran Sean Sheldon Duff ainsi que le meneur Aurel Karl Ntahindurwa et Alexandre Fortin notamment. Benjamin Grahic, Mathis Beauchamp et Pablo Carvajal complètent le noyau. Carvajal est particulièrement intriguant, lui qui est très efficace malgré qu’il tire assez peu. Le verra-t-on prendre davantage de place en deuxième moitié de calendrier?
Cette équipe accorde cependant trop de points pour poser problème aux grosses équipes de la division. Les 97 points concédés à John Abbott le 1er novembre dernier et les 101 à St-Lambert en sont des preuves éloquentes. Bien que la formation lavalloise ait battu Ste-Foy plus tôt cette saison malgré seulement six points de Duff, elle doit encore affronter Brébeuf, St-Lambert, Vanier et Ahuntsic après les Fêtes. C’est là qu’on aura une meilleure idée du niveau des Nomades.
Les Griffons de l’Outaouais sont au 7e rang à 4-4. Deuxième au chapitre du pourcentage de tirs réussis (44,1%), l’équipe est cependant celle qui a décoché le moins de lancers au panier. Étant la formation qui a le pire ratio de revirements explique probablement cela. On sait où apporter des correctifs.
Avec des gains importants contre Brébeuf, Ahuntsic et Vanier, on a assurément les capacités de se hisser dans le groupe de tête. Pour cela il faudra néanmoins éviter d’échapper des matchs comme celui contre Édouard-Montpetit alors qu’on menait par 16 à mi-chemin au 3e quart avant de s’incliner en prolongation. Aussi, devrait-on voir plus de joueurs exécuter des tirs? Alexis Laforest est un excellent joueur, mais avec près de 27% des lancers au panier de son équipe et un bon groupe autour de lui, y gagnerait-on à diversifier?
Thetford aussi est à 4-4. Les Filons évoluent en montagne russe. Des victoires contre St-Lambert et Ste-Foy pour amorcer et terminer la première moitié de calendrier, mais également des revers contre Édouard-Montpetit et Dawson. Et comme les Griffons, on aurait peut-être avantage à diversifier la provenance des tirs. Jean-Cyrille Mbiaga est deuxième, un seul point derrière Édouard Gauthier au sommet des marqueurs de la ligue. Mais il est celui qui accapare la plus grande part des tentatives de son équipe avec plus de 30% des lancers décochés.
Les Blues de Dawson, finalistes au cours des trois dernières années et champions 2023, sont en train de se rebâtir après l’ère Christian Payawal. Après avoir vaincu Sherbrooke et Édouard-Montpetit à leurs deux premiers matchs, les hommes de Wayne Yearwood en ont perdu cinq de suite avant de finalement vaincre John Abbott le 30 novembre. N’empêche, l’équipe ne se fait pas complètement déclasser face aux meilleures formations.
Mais on devra améliorer grandement notre taux de réussite, car avec seulement 36,6% des tirs qui trouvent le fond du panier, ça devient difficile de maintenir le rythme contre les plus puissantes machines offensives. Isaiah Graham-Roache, Dieudonné Jr. Uzubahimana et Akijah Leith forment le noyau dur de l’équipe. On misera notamment sur l’expérience des deux premiers pour s’assurer de garder nos chances de causer des surprises d’ici la fin de la saison.
Les Islanders de John Abbott, les Volontaires de Sherbrooke et les Lynx d’Édouard-Montpetit ferment la marche avec un dossier de 2-6.
John Abbott est certainement l’équipe avec le potentiel offensif le plus dangereux du trio. Avec une victoire de 97-60 contre Montmorency et une autre de 73-70 en prolongation contre St-Lambert, l’équipe du West Island possède un tableau de chasse intéressant. Si son leader offensif Owen Mercier revient au jeu, cette équipe qui mise aussi sur Chris King, Ukiah Best et Félix Thériault, tous des joueurs du top 20 des pointeurs du circuit est capable de causer des problèmes.
Sherbrooke est à 2-6, mais pourrait très bien être à 5-3. Deux matchs se sont rendus en prolongation et on menait par 7 avec trois minutes à jouer contre Vanier lors du dernier match avant les Fêtes. Le garde de 6’6 Guillaume St-Pierre est excellent depuis le début de la saison avec sa moyenne de plus de 20 points par match. Puis Drissa Touré et Haymerick Vixama ont été particulièrement solides dans les derniers matchs. Les Volontaires seront à surveiller s’ils peuvent améliorer leur ratio de revirements et accorder moins de tirs.
Enfin, les Lynx d’Édouard-Montpetit forment possiblement l’équipe pour laquelle les attentes sont les moins élevées. Pourtant, on a fait preuve de beaucoup de caractère en effaçant un déficit de 16 points pour battre Outaouais en prolongation, puis on a offert tout un effort collectif dans un gain contre Thetford. Sans compter qu’on a donné du fil à retordre à Champlain St-Lambert face à qui on était encore à égalité avec moins de deux minutes à jouer. Les vétérans Angel Pierre-François et Patrice Augustin comptent sur l’émergence des Thomas Bouchard et Jahcob Rocan Kerr ainsi que l’arrivée de Maliko Tchamsi. Une équipe à ne pas prendre à la légère.
Les quatre premières équipes au classement à la fin du calendrier régulier chez les gars auront un accès direct en quarts-de-finale tandis que les équipes 5 à 12 s’affronteront dans des matchs de barrage. À voir comment la première moitié de saison s’est déroulée, il y a lieu de croire que rien ne sera joué peu importe la position à la fin. Ne manquez pas ça.
Champlain St-Lambert devra se méfier malgré l’excellent départ
Du côté féminin, les huit formations collégiales D1 auront aussi l’occasion de jouer au moins un match de barrage supplémentaire à la fin de la saison. Les deux premières équipes iront directement en 1/2 finales tandis que les équipes 5 à 8 s’affronteront pour savoir qui se qualifiera pour les 1/4 finales contre les équipes ayanet repectivement terminé troisième et quatrième.
Les Cavaliers de Champlain St-Lambert toujours dirigées par Georges Germanos sont en tête avec une fiche parfaite de 7-0 et un différentiel de +170. Seules les Cheetahs de Vanier lors du premier match de la saison ont réussi à s’en tirer avec un écart inférieur à 10 points. Mis à part aux lancers et au taux de réussite aux 3-points, les Cavs sont au sommet, ou presque, du circuit dans toutes les catégories statistiques.
La force de cette équipe repose sur une profondeur impressionnante. Ainsi, personne ne joue plus de 26 minutes par match en moyenne et neuf joueuses ont jusqu’à maintenant au moins 13 minutes de temps de jeu moyen. Malgré les départs des excellentes Candice Lienafa et Caitlin Frost, la formation de la rive-sud de Montréal mise sur des vétéranes aguerries en Anaïs Levasseur, Marilou St-Pierre, Sophie Elzina Rene, Camille Gaudreau et Ella Dunn pour prendre le relais. Il faudra cependant se souvenir de 2023 quand les Cavs semblaient voguer vers un championnat avant de s’incliner en 1/2 finale face à Dawson. Coach Georges va se charger de ça.
Les Géants de St-Jean n’ont joué que six matchs en première moitié de calendrier. Elles ne se sont inclinées qu’une seule fois, contre St-Lambert, mais sans leur meilleure joueuse offensive, Kayla Couturier. Ce sera très intéressant de voir le déroulement du second match entre les deux formations le 24 janvier prochain. L’équipe de Bernard Tanguay joue du basket défensif solide et est dominante au rebond en plus d’avoir les meilleures voleuses de balles, mais il faut augmenter l’efficacité aux tirs. Si on peut aller passer la barre des 35%, ce sera une lourde tâche que de vaincre cette équipe.
Menées par l’excellente Kenedie Haruna, qui est épaulée par les Mobokoli Mbengo et Cairo Henning, les Cheetahs de Vanier n’ont aucun complexe à avoir face à qui que ce soit. Défaites par 8 contre St-Lambert et par 6 contre St-Jean, les troupières de Coach François René n’ont cependant pas dominé leurs adversaires dans leurs six victoires comme on aurait pu s’y attendre. Mis à part les matchs contre Trois-Rivières et Dawson, on a eu droit à des rencontres assez serrées. On voudra voir d’autres joueuses se lever en deuxième moitié de saison pour offrir une meilleure profondeur et de la flexibilité aux entraîneurs.
Les Cougars de Champlain-Lennoxville forment la quatrième équipe du groupe de tête. Elles ont su gagner leurs matchs contre les équipes de bas de classement de façon convaincante et n’eût été d’un peu plus d’opportunisme en fin de match à la ligne des lancers francs face à Vanier, elles seraient peut-être troisièmes. Lily Langille et Shanayka Ismar sont les deux joueuses les plus productives offensivement, mais elles sont supportées par de nombreuses coéquipières dont Ingrid Khuong, Clara Fournier et Penelope Studhalter. Cette profondeur pourrait être un atout de taille plus la saison avancera.
Suivent Montmorency, Dawson, Ste-Foy et Trois-Rivières qui ont toutes des fiches négatives.
Si Montmorency est 5e, c’est que la formation a disputé seulement 6 matchs. Son différentiel de -63 peut laisser songeur. On devra rapidement trouver des solutions à l’attaque. Avec moins de 29% de réussite sur nos tirs, impossible d’espérer gagner avec régularité. Emmanuelle Laurent continue d’être la grande leader au niveau de la production pour cette équipe. Elinore Frimpong fait du très bon boulot pour diriger le jeu. Mais il faudra que d’autres joueuses concrétisent plus de chances.
Dawson est une équipe bien dirigée qui pourrait causer des soucis aux formations de tête en seconde moitié. Les Blues tirent souvent au panier et ont un taux de réussite au-dessus de la moyenne dans la division. Une conséquence de l’excellent travail au rebond offensif de Regan Cornford notamment. On voudra probablement augmenter notre efficacité aux 3-points cependant. Kathy Kersaint et Abigaël Levasseur dirigent bien l’attaque, Phania Désir peut s’avérer une option de choix comme elle l’a démontré avec ses 19 points et 17 rebonds contre St-Lambert et si Naïma Diawara peut revenir au jeu, les Blues seront à surveiller.
Ste-Foy a finalement gagné un premier match lors de son tout dernier duel avant les Fêtes en défaisant Trois-Rivières 68-52. Mais avant ça, les Dynamiques avaient perdu leurs six premiers matchs dont cinq par une marge d’au moins 11 points. À leur décharge, l’équipe est jeune. Seules Kim Delaney et Océanne Paradis (qui n’a pris part qu’à trois rencontres) en sont à leur 3e année. Néanmoins, les joueuses de 2e année Léa-Rose Denis et Anaïs Trempe sont excellentes avec le ballon pointant respectivement au premier et sixième échelon des maruqueuses du circuit collégial D1. Mais la production complémentaire devra suivre si on veut arriver en éliminatoires avec des chances légitimes d’avancer. Ste-Foy ne marque que 52,4 points par match malgré la présence de ses deux surdouées. On ne tire pas assez souvent parce qu’on perd simplement trop de ballons autant au rebond que sur des revirements.
Enfin, les Diablos de Trois-Rivières. Elles ont gagné leur premier match de la saison après avoir connu une saison sans victoire en 23-24. Mais depuis, c’est difficile. Des défaites par de fortes marges. Le portrait n’est pas particulièrement reluisant quand on s’attarde aux statistiques. Les Diablos sont dernières ou avant-dernières dans tous les catégiries statistiques, sauf aux 3-points. Il faut cependant absolument souligner l’excellence de la recrue Emy Pinel qui détonne dans ce groupe à tous les niveaux. Maintenant, qui peut se lever pour l’épauler? C’est ce qu’on verra au retour des Fêtes.
Si vous ne l’avez pas vue ou entendue, je vous invite fortement à visiter la page YouTube de Bulletinsportif pour la chronique de Coach Gerry Neree sur le basket universitaire et collégial québécois.
