Crédit photo : James Hajjar
Une fin de semaine encore plus folle que la précédente. D’abord, le Vert & Or a évité l’humiliation d’une saison sans victoire, en surtemps contre les Redbirds. Puis, une victoire en prolongation des Carabins face au Rouge et Or au cours de laquelle les deux quart-arrières ont offert un spectacle extraordinaire. Néanmoins, un résultat insuffisant pour donner l’avantage à Montréal dans la course pour acueillir l’éventuel match de la coupe Dunsmore.
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Mes impressions
Vert & Or 30 – Redbirds 24
- Dans un match où Sherbrooke a perdu les services de deux joueurs importants de son attaque tôt dans le match (le quart Jérémy Fyfe et le receveur Marc-André Shaw), on a pu voir la recrue Samuel Goulet-Ménard profiter de son opportunité. Complétant 21 de ses 27 passes pour 193 verges et deux passes de touché, l’ancien des Volontaires de Sherbrooke a également ajouté un touché au sol.
- Sur leur 2e séquence offensive, les Redbirds sont sortis bredouilles alors qu’Alex Surprenant y est allé agressivement en choisissant de tenter le tout pour le tout avec le ballon à l’intérieur du 5 adverse. Mais à deux occasions, les demis défensifs du Vert & Or ont joué parfaitement leur couverture sur William Langlais. Deblois et Turbide ont tout à tour rabattu la passe. La défense a cependant fait le travail par la suite pour forcer un touché de sûreté. Deblois a aussi réussi un gros jeu sur Kabwe en fin de 2e quart pour empêcher un touché.
- Jérémy Fyfe a dû quitter la rencontre en fin de 2e quart après avoir été frappé à la tête par Philippe Trudel. Un jeu dangereux qui a été puni, qui a forcé Fyfe à sortir du terrain transporté par ses coéquipiers.
- Dès son entrée en scène, Samuel Goulet-Ménard a tenté une longue passe qui a bien failli être captée par Maxime Brousseau. Une preuve de la confiance du coordonnateur offensif envers son jeune joueur. Maxime Gauthier l’a dirigé chez les Volontaires durant son séjour au niveau collégial.
- La recrue Carl-Émile Dubois Farrar, complice de Goulet-Ménard chez les Volontaires, a montré de belles choses en captant trois passes pour 45 verges en plus d’attirer une punition pour interférence.
- Après trois quarts et demi où les deux équipes ont eu toutes les difficultés du monde à terminer leurs séquences avec des points, on est entré dans le dernier droit avec un pointage de 3-3. Mais par la suite, ça a été coup pour coup jusqu’à la fin.
- D’abord, c’est ELR qui a trouvé une façon de bâtir un touché. Sa course de 30 verges suivait immédiatement un jeu exceptionnel où il a réussi à rejoindre Félix Joly pour un gain de 24 verges après s’être sauvé de la pression des joueurs du Vert & Or. Puis, Goulet-Ménard a été impressionnant avec une exécution sans faille pour orchestrer une série offensive de 92 verges, aidé par son porteur de ballon Jonathan Martel-Joseph. C’était 10-10 avec moins d’une minute à jouer. Mais c’était loin d’être fini. Un long retour de botté de Brendan Ciccarello, puis deux courses de sa part ont mis la table pour permettre à ELR de rejoindre Darius Simmons dans la zone des buts. Un catch spectaculaire malgré l’interférence du joueur de Sherbrooke. 17-10 avec moins d’une minute à jouer. Sauf que Thomas Desrosiers a tout ramené à la case départ avec un retour de 115 verges sur le botté de reprise. Direction prolongation.
- Goulet-Ménard, tel un vétéran, a encore une fois été impérial pour mener l’attaque de Sherbrooke en prolongation. Il a chirurgicalement découpé la défense de McGill avant de rejoindre Kevin Morin, qui s’était évadé de la couverture des Redbirds. McGill a répliqué avec une passe de 3 verges d’ELR à Abdala Traoré. Finalement la différence est survenue quand Edward Boivin a réussi le sac sur le quart de McGill en plus de lui faire perdre le ballon qui a été récupéré par Jonathan Monger. Goulet-Ménard a ensuite rejoint le porteur de ballon Bruno Sénéchal sur une courte passe à contre-courant. Le #24 a détalé pour un touché de 23 verges pour concrétiser la première victoire de la saison et la première de la carrière d’entraîneur-chef de Kévin Régimbald.
- 8 sacs ont été réussis aux dépens d’Éloa Latendresse-Régimbald dans la rencontre. Ça donne un total de 35 en six rencontres, soit presque six par match. Un peu beaucoup trop. La pire performance à ce chapitre depuis 2002 au RSEQ a été de 36 sacs accordés en une saison. McGill en avait accordé 36 en huit matchs en 2008.
- J’aimerais tellement voir plus de spectateurs aux matchs de McGill. 1612, c’est trop peu il me semble. Un si beau stade et une belle communauté étudiante devraient attirer davantage de monde. Victoire ou défaite, une occasion de se rassembler un vendredi soir pour partager une bière et encourager son équipe, il me semble que ça devrait faire partie intégrale de la vie universitaire. Et ça aiderait assurément le recrutement.
Rouge et Or 31 – Carabins 32
- La rivalité entre les Carabins et le Rouge et Or est de très loin la meilleure de tout le sport canadien. « Change my mind », comme dirait l’autre. Mais certains médias montréalais oublient encore d’en parler le lundi matin. Ceux-ci rendent un très mauvais service aux amateurs de sport.
- Les deux quart-arrières ont offert la meilleure performance de leur carrière dans un match les opposant. Au total, Arnaud Desjardins et Jonathan Sénécal ont complété 62 des 76 passes qu’il ont tentées (81,6%) pour 708 verges, 6 passes de touché et aucune interception. Un très grand duel.
- SVP, et j’en suis, qu’on ne parle plus jamais des difficultés de Jonathan Sénécal à mettre de gros chiffres au tableau face à des grosses défensives. JONATHAN SÉNÉCAL EST LE MEILLEUR JOUEUR DE FOOTBALL AU CANADA.
- Et ça n’enlève rien au grand Arnaud Desjardins. J’adore ce quart qui exécute avec un doigté et une constance au sein d’un système très bien huilé. Il est simplement excellent et quiconque croit que n’importe qui pourrait faire de même à sa place est sérieusement dans le champ.
- Le match maintenant. Les circonstances ont créé une fin de match complètement folle. Les Carabins avaient besoin de gagner par deux points ou plus pour se donner l’avantage du terrain dans l’éventualité d’une 11e finale de conférence consécutive. Les décisions prises par les entraîneurs n’auraient pas été les mêmes en fin de match sans cela.
- Sénécal a amorcé le match avec énormément de confiance, bougeant avec des intentions claires et distribuant des passes précises et puissantes. Ses feintes ont fait mordre la défensive et ses courses étaient bien scriptées. Aucune défense au Canada ne peut le stopper lorsqu’il est en contrôle de la sorte.
- La protection offerte à Arnaud Desjardins par le quintet de la ligne offensive a été impeccable pendant la vaste majorité du match. Dans un environnement aussi bruyant que celui du CEPSUM, maintenir la bonne cohésion des gros bonhommes relève du grand art.
- Desjardins est néanmoins capable de bouger. La passe qu’il a complétée à Isaac Gauillardetz alors qu’il avait les talons dans sa zone des buts sur un 2e essai et 10 a été à l’origine d’une séquence de 109 verges et demi qui a créé l’égalité 7-7 en fin de première demie. Du beau travail pour sortir de sa pochette alors que la pression des Carabins s’amenait et aller se protéger derrière d’autres bloqueurs avant de décocher sa passe. Sans ce jeu, le Rouge et Or aurait tiré de l’arrière 9-0 à la place de ramener le match à niveau.
- Les Carabins, eux, n’ont pas été en mesure d’exécuter ce même genre de jeu. Avec une minute à faire à la demie et un premier essai à leur ligne de 1 suite à des pénalités pour rudesse, on a plutôt accordé un touché de sûreté. Thomas Gosselin a rabattu Glodi Halafu dans sa zone des buts. Puis après avec 4 secondes au cadran, Benjamin Nadon a bloqué le botté de dégagement de Philippe Boyer qu’a récupéré Maxime Saucier-Lafond pour le ramener dans la zone des buts. 16-7 en faveur Laval à la pause. Trois minutes qui ont grandement changé la donne.
- Le Rouge et Or a perdu les services du rapide secondeur Christopher St-Hilaire au milieu du 2e quart.
- Début du 3e quart, Alexandre Levac, le bloqueur à gauche est pris en défaut pour rudesse et au lieu de se retrouver en situation de 3e essai et une verge et une occasion de tenter la faufilade en zone ennemie, les Carabins ont dû demander à Philippe Boyer de dégager. Encore une fois, l’indiscipline a coûté cher. On en était déjà à plus de 100 verges de punition à ce moment du match.
- La défensive de Montréal a cependant gardé son sang froid. Des sacs opportuns sur deux séquences consécutives par Montas et Miessan ont entraîné des dégagements. Par la suite, Montréal a marqué des points en réplique à chaque fois. Un placement de 18 verges de Boyer et un touché sur une passe de 16 verges à Justin Langlais qui a été suivi d’un converti de deux points par Chabot en début de 4e quart. Une décision justifiée par le besoin de l’emporter par plus d’un point. Malheureusement, on a perdu les services de Christophe Montas sur la séquence qui a précédé le touché. Une très, très lourde perte pour les Carabins.
- Le receveur des Carabins Justin Langlais a d’ailleurs connu le meilleur match de sa carrière. Au cours des trois dernière saisons, l’étudiant en médecine n’a disputé que 10 matchs réussissant 12 réceptions. Cette saison, il avait capté une passe à son seul match (contre Laval). Samedi, il a terminé la rencontre avec 5 réceptions pour 74 verges et un touché.
- On parle beaucoup d’Olivier Cool depuis le début de la saison, mais Guillaume Cauchon est troisième pour le nombre de réception par match et 6e pour les verges par rencontre parmi les receveurs du RSEQ. Deux catégories menées par Cool.
- Avec un peu plus de 10 minutes à faire, le ballon au 50 des Carabins et une situation de 3e et 2, le Rouge et Or a tenté de surprendre les locaux avec une feinte de dégagement. C’est François Giguère-Lacasse qui a reçu la remise avant de filer vers sa droite et de remettre à Anton Haie qui croisait dans l’autre direction. Sauf que Haie n’a pas maîtrisé le ballon et le jeu a échoué. Sans dégât toutefois. Grâce à Justin Cloutier qui a contenu deux courses pour forcer le dégagement.
- Parce que le jeu au sol traditionnel ne fonctionnait pas, les Carabins ont dû être créatifs pour trouver des façons de gruger du temps au cadran tout en gagnant des premiers jeux. Enrique Jaimes Leclair et Lucas Berthet Dembélé, les deux joueurs les plus explosifs de l’offensive montréalaise, ont réussi trois énormes jeux pour traverser 92 verges. Leclair a transformé une courte passe en un gain de 21 verges, puis Dembélé a été en mesure de se débarrasser de plaqués de Justin Cloutier et d’Arnaud Laporte pour se sauver sur 48 verges. Et enfin le receveur de 19 ans, Enrique Jaimes Leclair a réussi un des catchs les plus spectaculaires de la saison, toutes catégories confondues au Canada pour donner les devants par 9 aux Bleus avec 2:05 à jouer. Arnaud Laporte ne pouvait faire plus en couverture.
- Sauf que le Rouge et Or n’avait pas dit son dernier mot encore une fois en fin de demie. Arnaud Desjardins a été magistral en complétant cinq passes consécutives, deux à Cauchon, une à Cool, une à Mathieu Roy et une dernière de 26 verges à Cool qui s’est étiré de tout son long pour le touché. 84 verges en une minute. Olivier Cool a ensuite capté une autre passe pour réussir le converti de deux points qui plaçait le pointage 25-24. On avait pourtant tous cru que la tentative avait raté, mais un temps d’arrêt demandé tout juste avant la levée du ballon a permis de reprendre l’essai.
- Mathieu Roy est bon à chaque match. Le porteur de ballon du Rouge et Or est un couteau suisse et est systématiquement au centre de longues séquences offensives pour son équipe.
- Tirant de l’arrière 25-24, le Rouge et Or pouvait en rester là pour assurer son avantage sur les Carabins au classement. Mais après avoir forcé un dégagement des Carabins, Glen Constantin a choisi d’y aller pour le placement et la victoire sur le dernier jeu du match. Émile Choquet a cependant raté sa tentative de 42 verges. Louis Drolet aurait pu choisir de sortir le ballon de la zone des buts et assurer la victoire aux Carabins, mais il a plutôt mis le genou au sol pour amener le match en prolongation et donner une chance aux siens de prendre le dessus au classement général. Glen Constantin a mentionné aux journalistes sur place après le match qu’il ne voulait pas sortir de là en mouton, mais y aller avec une attitude de loup pour justifier sa décision.
- Les Carabins ont marqué sur leur première tentative en prolongation grâce à un superbe jeu de Carl Chabot qui a traversé le terrain et devancé Francis Bouchard avant de capter la passe de Sénécal qui avait étiré le jeu à son maximum avant de décocher.
- Les Carabins avaient leur sort entre leurs mains à ce moment. Avec un 2e essai à la ligne de 24, Arnaud Desjardins a lancé une passe imprécise à Guillaume Cauchon. Mais les arbitres ont sanctionné Louis-Philippe Gauthier qui a frappé tardivement Cauchon. Une punition de 15 verges qui plaçait le ballon au 9 avec un premier essai plutôt qu’au 24 avec un 3e essai. Puis sur le jeu suivant, Jeremiah Ojo a fait perdre le ballon à Arnaud Desjardins, mais il a été recouvré par le Rouge et Or. Desjardins a ensuite rejoint Gaillardetz dans la zone des buts. On a tenté le converti de deux points pour tenter d’aller chercher la victoire, mais Angel Vital a été stoppé à la porte des buts. Victoire Carabins, mais le Rouge et Or garde la priorité au classement en vertu du nombre de points accordés inférieur de 40 points au total des Carabins.
- Tout un match… encore une fois. Ces deux équipes offrent un spectacle inégalé à chaque fois au grand dam de la santé de leurs partisans.