Crédit photo : James Hajjar
La saison 2024 de football universitaire est à nos portes. Le 23 août prochain, la conférence québécoise lancera les hostilités alors que Sherbrooke sera au CEPSUM pour y affronter les champions en titre de la coupe Vanier. D’ici là, Bulletinsportif vous propose un portrait pré-saison des équipes en lice. On termine la tournée avec les champions en titre de la coupe Vanier, les Carabins de l’Université de Montréal.
Gagner un championnat canadien n’est certainement pas une mince affaire. Surtout lorsque sur votre chemin, il y a invariablement la plus grande dynastie au pays. Les Carabins ont cependant démontré en 2023 que de s’opposer aux meilleurs à chaque année est une excellente façon de se préparer pour le grand moment. Non seulement forment-ils un programme redoutable, ils ont maintenant remporté trois des quatre derniers championnats du RSEQ. Forment-ils la nouvelle dynastie?
Avec la très vaste majorité des joueurs du noyau dur de l’équipe de retour, tous les ingrédients sont en place. Du moins, c’est mon point de vue à l’orée de la saison. Les Carabins seront à nouveau champions du RSEQ. Reste à voir si une formation d’ailleurs au pays aura les outils pour les empêcher d’être les premiers depuis le Rouge et Or en 2012 et 2013 à gagner deux coupes Vanier consécutives. Mais attention rien n’est acquis.

« On a parlé de notre victoire tout l’hiver », me raconte l’entraîneur-chef Marco Iadeluca. « Maintenant, on ne veut plus en parler. 2024 est à reconquérir. C’est certain qu’on a tiré des leçons de l’an passé. On apprend dans les victoires comme dans les défaites. La plus grande différence, c’est la confiance. Et malgré le retour des gars, on n’a pas le sentiment du devoir accompli. C’est excitant. »
Quand on parle de l’épopée des Bleus de 2023, deux choses surgissent invariablement. La défensive ultra dominante qui n’a accordé aucun touché de tout son parcours éliminatoire et le quart-arrière Jonathan Sénécal, sacré joueur par excellence au Canada.
« On ne peut pas avoir le même objectif cette année. C’est vraiment exceptionnel ce qui a été accompli par notre défense la saison dernière », tempère Iadeluca. Cette défensive sera néanmoins encore très, très redoutable.
Avec le retour de l’ensemble des membres du front défensif, les lignes offensives du Rouge et Or, des Stingers, des Redbirds et du Vert & Or auront du gros pain sur la planche. C’est difficile d’imaginer que les Fontenard, Ojo, Maisonneuve et Nseka auront régressé durant la saison morte. Et que dire des secondeurs avec en tête le meilleur duo au pays en Harold Miessan et Nicky Farinaccio? Mohamed Elshal, Nicolas Roy, Charles-Eliot Bouliane et Samuel Leduc en plus. Ouf!
Miessan, qui a succédé à Farinaccio pour le titre de joueur défensif de l’année au Canada, a encore faim. « On n’est pas satisfaits et les entraîneurs font tout pour qu’on ne le soit pas. On essaie de toujours s’améliorer. Et depuis le jour où on a choisi de se joindre aux Carabins, on savait qu’on allait devoir compétitionner pour notre place. Le livre de jeu évolue chaque année alors, il faut évoluer aussi. Rien n’est acquis ici. »

La tertiaire est le seul endroit où des postes de partant sont à prendre avec les départs de Kaylyn Smith-St-Cyr et Bruno Lagacé, pas les moindres. Mais la relève est prête. Louis-Philippe Gauthier a fait montre de son talent en fin de saison et on n’a pas fini de voir les exploits de cet athlète ultra rapide. Yohan Lubin ou Guillaume Perrier devraient l’accompagner du côté court du terrain. Édouard Doyon devrait être à son poste de maraudeur.
Quant aux deux autres membres de la brigade partante, la bataille est ouverte et les coachs Denis Touchette et Antoine Pruneau auront l’embarras du choix avec du talent et de l’expérience à profusion. Marc-Sullivan Andzang, Jamyson Goudreau, Sergile Jr. Nyouvop pour ne nommer que ceux-là seront assurément de la partie. Et le pipeline s’est aussi rempli d’une foule de recrues de très haut niveau dont les Accoley et Allard de Limoilou, ainsi que Lapierre de St-Hyacinthe.
« On ne remplace pas des gars comme St-Cyr et Lagacé, mais on a beaucoup de profondeur et ça fera de la place à de nouveaux leaders pour la défense. Je ne suis pas inquiet », confie Miessan.
En attaque, les fans des Carabins profiteront de ce qui risque très fortement d’être la dernière saison universitaire de Jonathan Sénécal. Le récipiendaire du trophée Hec Crighton est encore plus fort et plus rapide, selon Marco Iadeluca. Rien de particulièrement rassurant pour ses adversaires.

Néanmoins, il y a certaines choses que j’ai hâte de voir. D’abord, est-ce que Sénécal aura encore une fois besoin d’être le meilleur porteur de ballon de son équipe? En 2023 il a porté le ballon 34 fois alors que personne d’autre ne l’a fait plus de 28 fois. Pour y arriver, ça prendra des joueurs en santé. Glody Halafu, Lucas Dembélé et Redval Keita ont relativement bien fait, mais on voudra peut-être trouver un joueur pour soutenir un plus gros lot de travail. Est-ce qu’un des trois sera ce joueur? Est-ce qu’un des nouveaux-venus Grégory Mulenda St-Pierre (Grasset) ou Noah Terrell-Larochelle (Garneau) peut le faire? À moins que Lyshawn Dubois, Rémi Lambert ou Jamaal Louis profitent d’une opportunité. Bref, ce sera un élément à surveiller. Beaucoup de profondeur, mais y a-t-il un alpha dans ce groupe?
Le groupe de receveurs sera encore une fois mené par les vétérans Carl Chabot qui a choisi de revenir pour une dernière, Hassane Dosso, William Legault et Alexandre Jones Dudley. Si la santé peut être de leur côté, ce quatuor a déjà fait toutes ses preuves. Mais j’ai hâte de voir si un jeune comme Simon Larose aura fait les progrès nécessaires pour se voir offrir une chance d’être une des cibles favorites de Sénécal. Et il ne faut surtout pas oublier Iraghi Muganda, un athlète de haut niveau. Car, en l’absence de Dosso, on semble peiner à dénicher le joueur qui réussit à étirer avec régularité les défenses adverses.

La ligne à l’attaque partante sera grosso modo la même, sauf pour le bloqueur à droite avec le départ de Ming Xi Cui. Varenz Janvier, qui a été souvent utilisé lorsque des blessures sont survenues aux joueurs de ligne à l’intérieur ne sera pas de retour lui non plus. Ce sera intéressant de voir qui complétera le quatuor formé des Levac, Diouf, Lachance et Lévesque. Est-ce qu’on pourrait voir une recrue comme Gabriel Naud-Gagné? Un vétéran comme Mustapha Fall? Matisse St-Germain et Vincent Simard, deux solides taupins de 6’7 et 6’6 seront aussi à suivre à mon avis.
Hâte de voir aussi à qui on donnera le rôle de second à Sénécal. Rakim Canal-Charles avait ce mandat, mais donnera-t-on une chance aux nouveaux-venus Esteban Bedoya (Grasset/Montmorency) ou Antoine O’Doherty Lincourt (Champlain-Lennoxville) de se faire valoir? Ce dernier aurait impressionné certains coéquipiers au camp. Un très bon gestionnaire de match capable de faire un peu de tout.
William Legault, dont ce sera la dernière saison universitaire, n’hésite pas à parler d’un groupe spécial. « On est tous très proches. Ce sera particulier parce qu’il y a plusieurs gars dont c’est la dernière saison. Mais on n’en parle pas entre nous. On le sait. Ce n’est pas pour ça qu’on veut gagner. On l’a vécu et on veut le revivre, c’est tout. On doit travailler encore plus fort parce que ce sera difficile de répéter. »
Même chose du côté de Harold Miessan dont les probabilités de le voir évoluer dans la LCF en 2025 sont élevées. « On reste comme on est. Je me concentre uniquement à aider l’équipe à performer. Il m’est arrivé dans le passé à mettre l’emphase sur mes propres affaires et ça n’a pas été ma meilleure saison. Je veux qu’on sorte de chaque match avec une fiche de 1-0 pour nous. On peut faire quelque chose de gros, mais on ne veut pas se perdre là-dedans. »
Donc, oui, les Carabins partent favoris. Largement? Je vais me permettre de dire oui. Sauf qu’on sait que tout est affaire de détails et que bien des impondérables vont venir affecter la saison, les joueurs et les entraîneurs.
Bonne saison!
Merci, toujours intéressant de vous lire.
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