Crédit photo : James Hajjar et Heywood Yu

Les Stingers, championnes canadiennes en hockey féminin. Les Carabins, au football et au flag-football. Le Rouge et Or, en basket masculin et en rugby féminin. Ça, ce sont les titres nationaux que les universités québécoises sont allés chercher en 2023-2024. Je viens de finir quatre semaines intenses à tenter de suivre des matchs de volley collégial en même temps que des courses de 60m, suivis de finales de basket et de hockey universitaire entremêlés de médailles en natation. Bienvenue dans ma folie.

Je suis parfois seul dans mon monde. Entre nous, le sport universitaire québécois reste une niche. Je crie sur tous les toits (souvent maladroitement) à quel point il faut s’y intéresser et que nos médias montréalais passent à côté d’une manne fantastique. Il demeure que pour le moment, nous ne sommes encore qu’une poignée à en faire notre source d’adrénaline. Et si mon entourage est ouvert et plein d’empathie pour ma passion, il demeure plus intrigué qu’investi.

Ma femme argumentera qu’elle est très investie quand elle s’occupe du souper pendant que je regarde deux matchs en même temps le dimanche. Elle vous dira aussi que des sons de trompettes, des cris et des sifflets, c’est pas exactement comme écouter Charlotte Cardin sur le Sonos. Elle pourrait aussi ajouter que sa patience est mise à l’épreuve quand je suis incapable de ne pas avoir un oeil sur mon téléphone qui retransmet un match de volley entre les Martlets et les Carabins plutôt que de me concentrer sur la partie d’UNO qui se joue au chalet que nous avons loué pour une fin de semaine avec la famille et des amis.

Depuis maintenant cinq ans, mon envie d’écrire sur le sport collégial et universitaire a complètement réveillé le monstre qui somnolait en moi. Ça a commencé avec une chronique sur une radio web lors d’un show qu’un ami avait lancé. J’ai ensuite décidé de créer un blogue parce que je parle beaucoup, mais j’écris mieux.

Mon premier texte en juin 2019 annonçait la décision de Jonathan Sénécal d’aller jouer au Connecticut dans la NCAA. Lu par… 85 personnes.

Bien que ces dernières années m’ont appris que je ne convertirai probablement pas grand monde à ma religion. Je serais certainement un gourou assez médiocre. Partager mon admiration pour les étudiants-athlètes et mon plaisir de me laisser envoûter par les moments que seul le sport peut offrir, c’est le véritable fondement de ma dévotion. J’aime ça, c’est tout. À vous de me suivre ou non.

Mais je pense que ma folie a quand même un peu de rationnel. Attendez, c’est peut-être un signe que je suis vraiment fou, par contre. Peu importe…

Regarder une dizaine de matchs de football collégial et universitaire par semaine pour rédiger des textes et préparer un podcast, c’est exigeant (un coach m’a déjà fait la remarque que je regardais probablement plus de film que lui). Surtout quand on a aussi une job à temps plein. Mais quand ce sont des milliers de personnes qui prennent le temps de lire ou d’écouter ce que j’écris ou ce que Jaysen, Pat, Will et Marc ont à dire. On se convainc que c’est pas si fou.

Et quand ça nous permet de voir Sénécal connaître une saison qui lui fait gagner le Hec Crighton et mener les Carabins à la coupe Vanier, c’est grisant. Quand ça permet de décrire les premiers pas de Justin Cloutier et de Jordan Lessard avec le Rouge et Or après les avoir vus dominer au football collégial, on a l’impression de les accompagner. Quand de nouveaux entraîneurs viennent rehausser le niveau d’un programme comme celui des Stingers en si peu de temps. Qu’on essaie de comprendre comment. C’est captivant.

Voir les chums de mes fils ou les enfants de mes amis et collègues s’épanouir aux plus hauts niveaux, ça donne un sentiment de fierté. Les suivre et mettre de la lumière sur leurs exploits, ça donne l’impression de contribuer ou du moins, c’est ma manière de les féliciter et de les remercier pour les beaux moments.

Puis les saisons avancent, les matchs prennent de l’importance, l’intensité grimpe, les rivalités se durcissent. Au football, au soccer, au hockey, au basket, au volley. Mais aussi, en cross-country, en athlétisme, au golf, en natation. Les grandes performances se succèdent, les histoires derrière s’éclaircissent. On finit par s’attacher à ceux et celles qui les accomplissent et on a envie de les suivre encore et encore.

La gang de filles des Stingers de Concordia qui jouent pour Julie Chu et Caroline Ouellette forment possiblement la meilleure équipe de hockey universitaire jamais assemblée. Sans la malchance de 2023 où elles ont échappé la finale à deux secondes de la fin de la troisième période, leur conquête d’hier aurait été la troisième consécutive. Voir évoluer les Rosalie Bégin-Cyr, Emmy Fecteau, Émilie Lussier, Jessymaude Drapeau, Léonie Philbert, Megan Bureau-Gagnon, Zoé Thibault, Chloé Gendreau, c’est extraordinaire. Et quand par la suite, on voit l’intérêt des équipes de la LPHF envers elles, on ne peut faire autrement que de se dire que c’est vrai qu’elles sont excellentes et qu’elles méritent qu’on parle de leurs exploits.

Tout comme l’épopée des Carabins qui terminent troisièmes au Canada après avoir subi une râclée de 10-4 en finale du RSEQ. Elles se relèvent pour éliminer l’équipe classée deuxième au pays en 1/4 finale du championnat canadien avant de perdre en tirs de barrage en demi-finale. Puis elles font preuve d’une force de caractère surhumaine pour vaincre la fatigue et aller marquer un but à 25 secondes de la fin du match contre Waterloo avant de gagner à leur tour en tirs de barrage pour mettre la main sur le bronze.

L’équipe de volleyball masculine du Vert & Or a perdu en grande finale canadienne pour la deuxième fois de suite, pas plus tard que dimanche soir. Une grande, grande équipe. Des gars qui jouent ensemble depuis des années et qui ont formé à l’université de Sherbrooke un groupe solide, confiant et surtout spectaculaire. Une médaille de bronze aux canadiens en 2022 quand la majorité des joueurs étaient encore des recrues. Puis l’argent dans une défaite en trois manches en 2023. Maintenant l’argent encore, mais cette fois de façon si crève-coeur, 15-13 au 5e. Comment ne pas ressentir leur déception et en même temps se projeter dans un an et les imaginer soulever enfin cette bannière en mordant dans leur médaille?

Pendant ce temps, on voyait le Rouge et Or devoir se battre contre les éventuels champions sans leur as attaquant Nicolas Fortin, réduit au silence par un virus. L’attaquant le plus productif au Canada au cours des deux dernières années, à sa dernière saison universitaire et à sa première occasion sur la scène nationale. Un formidable étudiant-athlète qui excelle aussi sur les bancs d’école. Il a déposé cette année son mémoire de maîtrise en microbiologie-immunologie.

Et je ne peux pas parler de volley sans répéter pour la Xème fois l’honneur et le plaisir que j’ai eu à voir les Mayer, Gagné, Pineault, Iannotti, Robitaille, Trottier, Poiré, Bergeron, Telfort, Veilleux, Desmedt, Cloutier, Kayser-Tourigny, Djordjevic, Raymond, Lamarche, Ross-Tremblay, St-Amand se battre match après match depuis des années pour en arriver à la saison qu’on vient de vivre au Québec. Le volleyball féminin au ici est très vivant et ce n’est pas fini. Dubuc-Ventura, Généreux, Dubreuil, Racine, Deschenaux, Waskiewikz, Méthot, Charette, Menye s’en viennent prendre le relais.

Les Patriotes de l’UQTR faisaient face à une équipe littéralement parfaite en finale du hockey universitaire canadien. Ils auront tout donné, bien entendu. Mais au-delà de la défaite qui peut faire mal, il y a l’histoire de gars qui ont fait le choix des études supérieures avant celui du hockey pro. Aller chercher un diplôme en terminant sa carrière sportive ou avant de tenter sa chance en Europe ou peut-être même vers la LNH. Simon Lafrance a été le meilleur joueur universitaire au Canada en 22-23 et le meilleure buteur cette année encore. Il a participé au camp de l’Avalanche du Colorado avant cette saison. Ça ajoute tellement de substance quand ensuite on suit sa saison et qu’on lui souhaite un autre championnat. Mais si McGill avait gagné en demi-finale contre l’UQTR, c’est à Alexis Shank, William Rouleau et Brandon Frattaroli qu’on aurait souhaité la victoire avec autant d’ardeur.

On a parlé amplement de la victoire du Rouge et Or au basket masculin, mais pendant ce temps, les filles de l’université Laval connaissaient une saison quasi-parfaite. Une seule défaite et une médaille de bronze canadienne pour Léa-Sophie Verret et les siennes. Et les gars de l’UQAM, un autre groupe de joueurs remplis de talent, puis ceux de Concordia qui sont passés si près d’être du championnat canadien.

Il faut aussi avoir jeté un oeil sur la saison de soccer. Les Carabins qui ont année après année une équipe masculine dominante qui a participé à quatre des cinq dernières finales canadiennes. Puis, chez les filles, le Rouge et Or et les Carabins qui se battent autant sur la scène provinciale que nationale pour déterminer laquelle des deux équipes est la plus grande.

Et n’oublions surtout pas l’athlétisme et la natation. Des sports qu’on admire et qu’on adore regarder lors des Jeux olympiques. Chaque année, nos universités contribuent à former des athlètes qui se retrouveront parmi l’élite mondiale. Audrey Leduc et Jean-Simon Desgagnés qui ont encore connu de grandes saisons avec des performances historiques. Le travail et l’acharnement dont ils font preuve pour grapiller les millièmes de seconde qui font d’eux des champions et de futurs olympiens sont phénoménaux.

Et que dire des organisations qui permettent à tout ce beau monde de performer? L’Université Laval qui organise chaque année au moins un championnat canadien. Cette année, c’est en rugby féminin (où on a attiré 3000 personnes un mercredi soir de novembre) et en basket masculin que les fans de ces équipes ont pu voir leurs favoris gagner chez eux. L’Université McGill qui a reçu les meilleurs nageurs au pays la semaine dernière et qui a vu son équipe masculine terminer troisième et Pablo Collin grimper deux fois sur la plus haute marche du podium. Et bien sûr, toutes les institutions qui investissent pour offrir les meilleures conditions possibles à ceux et celles qui les font rayonner.

Enfin, les coachs. Votre dévouement et la qualité de votre travail est méconnu en-dehors des milieux dans lesquels vous oeuvrez. Chapeau à Julie, Caroline, Isabelle, Marc-Étienne, David, Olivier, Gino, Fethi, Guillaume, Nathan, Mario, Marco, Pat, Nadège, David et tous les autres!

Imaginez, j’effleure à peine ce qui se passe au niveau collégial dans ce texte. Mais j’ai suivi avec le plus d’assiduité possible le parcours des Cavaliers, des Géants, des Blues, des Nomades, des Dynamiques et des Aigles au basket. Celui des Nordiques, des Lynx, des Élans, des Titans, des Griffons et des Volontaires au volley. Et bien entendu, les Phénix, le Notre-Dame, les Cheetahs, les Spartiates, les Faucons, les Diablos et les Lauréats au football. Et ce n’est pas terminé, le Boomerang, les Lions, les Filons, les Islanders, les Cougars viennent de débuter leurs séries éliminatoires au hockey et on va continuer d’en parler avec Tristan, Denzel et Léa dans le podcast.

Ok, je suis fou. Mais qui a dit qu’il fallait être équilibré pour être heureux?

P.S. Je tiens absolument à envoyer des fleurs à Danny Brown, Gilles Lépine et David Brosseau pour leur travail de description et d’analyse en volleyball et en hockey sur les ondes de Radio-Canada.ca en fin de semaine dernière. Du travail de pro avec quelques (parfois bons) jeux de mots. Bravo messieurs!