Les Carabins de l’Université de Montréal représenteront le RSEQ au championnat canadien de volleyball universitaire féminin. Tandis que le Rouge et Or de l’Université Laval et le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke enverront leur équipe au tournoi masculin. À quoi peut-on s’attendre alors que le Québec n’a pas vu l’or depuis 11 ans chez les hommes et 19 chez les femmes?
Un Vert & Or aguerri et confiant
À tout seigneur, tout honneur, il faut débuter cette analyse avec l’équipe masculine du Vert & Or. Classée premier au pays depuis le début de la saison, l’équipe de Fethi Abed est sans aucun doute l’équipe à battre. Après une médaille de bronze canadienne en 2022 et une d’argent en 2023, la suite logique est évidemment la marche la plus haute. Et l’entraîneur-chef arrive à Kingston avec beaucoup de confiance.
« On aborde le tournoi match par match, mais on sait que si on se concentre sur notre jeu, on sera en contrôle et personne ne va nous battre. Tout le monde est prêt » – Fethi Abed
Abed a toutes les raisons d’afficher une telle assurance. Son équipe est formée d’un noyau solide qui évolue ensemble depuis le cégep. Ils ont obtenu une médaille de bronze au championnat canadien 2022 alors que la grande majorité du groupe était encore des recrues. Depuis ce temps, son Vert & Or a continué d’évoluer, amassant au passage l’expérience nécessaire pour se distinguer dans les moments importants.
D’ailleurs, le joueur par excellence au Québec cette saison, le passeur Jonathan Portelance mentionne aussi cette longue feuille de route avec ses coéquipiers pour expliquer les succès du Vert & Or. « Ça fait 4-5 ans qu’on joue ensemble. On est capable de se dire les vraies choses quand un gars n’est pas dans le match. »

« On a une forte personnalité, on sait gagner. L’expérience des gars fait qu’ils savent gérer les moments difficiles, les points importants », ajoute Abed, qui est à la tête du programme depuis août 2019.
Et au-delà de l’expérience, le Vert & Or a su développer sa profondeur. Le coach le dit : « Tout le monde joue. On a beaucoup de rotation. Et ça permet d’avoir toujours sur le terrain des gars qui sont prêts et qui peuvent jouer à haut niveau. »
Fethi Abed cite les cas de Jérémie Doyon et Zachary Moisan, mais aussi ceux des recrues Grégoire Mercier-Noël et Hugo Ouellet qui ont su s’intégrer rapidement grâce à l’ouverture des vétérans.
Pour Jonathan Portelance, c’est aussi ce qui permet de gérer les blessures et la fatigue qui surviennent immanquablement dans une saison. L’attaquant étoile Zachary Hollands y voit aussi une grande force de son équipe. « On est chanceux d’avoir autant de profondeur. Il va falloir utiliser tout l’effectif durant le tournoi. »
Le Vert & Or arrive donc comme grand favori en étant toujours invaincu cette saison. Y a-t-il un danger d’arriver trop confiants?

Fethi Abed est très conscient que ses équipiers se sont parfois mis à jouer à leur meilleur niveau un peu tard dans certains matchs. Mais il est convaincu que ce sera différent à Guelph. Un gymnase que les joueurs du Vert & Or connaissent bien pour y avoir joué de nombreux matchs dans le passé.
Portelance avoue que la séquence de matchs sans perdre pouvait être un enjeu durant la saison, mais que ce ne le sera pas au championnat national. « Ça a eu un très bon impact de se faire ramener sur terre pendant les séries contre Laval et Montréal. Devant les challenges, c’est là qu’on ressort notre meilleur jeu. Ça nous a permis de bien nous préparer. »
Zachary Hollands aussi y est allé de son analyse. « La finale contre Laval a exposé des lacunes sur lesquelles on a travaillé depuis. Le Rouge et Or a une équipe physique qui peut ressembler à celles de l’ouest. Mais les équipes du Québec sont plus techniques alors que celles de l’ouest sont très athlétiques en plus d’être physiques. Par contre, elles ont un peu plus de déchets dans leur jeu.

Je termine en soulignant une potentielle collision avec les Spartans de Trinity Western au deuxième tour. C’est qu’au cours des deux dernières saisons, ce sont chaque fois les Spartans qui ont été la seule équipe à vaincre le Vert & Or au championnat U Sports.
La réponse est unanime chez les membres du Vert & Or interrogés. « Un match à la fois! » Néanmoins, Hollands s’est permis d’ajouter ceci : « Les gars de Trinity ont besoin d’attacher leur ceinture si jamais on les croise dans le tournoi. On les laissera pas passer. »
Premier match : Jeudi 20h vs. Guelph
Le Rouge et Or inspiré par l’équipe de basket?
Quelques jours après le triomphe improbable de l’équipe masculine de basketball du Rouge et Or au championnat canadien, est-ce qu’on pourrait voir la formation de Gino Brousseau créer le même genre de surprise? Ce dernier tout comme son as attaquant Nicolas Fortin n’ont pas caché qu’il y avait certainement de quoi s’inspirer alors que l’équipe est classée 7e parmi les huit en lice.
Ce classement fait en sorte que les représentants de l’Université Laval se mesureront aux champions de la conférence de l’ouest, les Golden Bears de l’Université de l’Alberta. Une équipe menée par un trio de joueurs de 6’7, les attaquants Isaac Heslinga et Jacob Sargent ainsi que le central Billy Johnstone.
Nicolas Fortin n’a certainement aucun complexe face à eux. Il est l’attaquant avec la meilleure moyenne d’attaques marquantes par manche au Canada depuis deux ans. Et avec son coéquipier Max Losier, il forme un duo extrêmement dynamique et dangereux.

« On a hâte de jouer. Il y a beaucoup d’appréhension », me confie d’entrée de jeu le #7 qui en sera à ces derniers kills en tant que porte-couleur du Rouge et Or. « Notre niveau monte et on a atteint notre « peak » en finale contre Sherbrooke (perdue 2-0, mais en cinq manches à chaque fois).
Des propos repris par l’entraîneur-chef Gino Brousseau. « On va en crescendo. La mentalité est la bonne. On y est allé un objectif à la fois cette année et ça a presque fonctionné. On voulait l’avantage du terrain en demi-finale, ensuite gagner notre demi-finale et la finale. Sherbrooke a mieux négocié certains points importants et ils ont gagné, mais on a fait les bonnes choses. »
L’ancien membre de l’équipe nationale du Canada qui a également évolué au niveau professionnel en France et au Japon de 1990 à 2003 a parlé de la façon dont l’équipe a évolué durant la saison. « J’étais satisfait de notre première moitié de saison et pendant le temps des Fêtes, on est parti à Winnipeg pour un tournoi. Il y a eu quelques blessés dont Max Losier et ça a été une bonne occasion de faire jouer d’autres joueurs. Alors au lieu de travailler à peaufiner le système avec l’équipe partante, on a fait rouler l’effectif. Au final, ça nous a aidés. »
En effet, on a bien vu en éliminatoires l’implication des jeunes Tchouassi, Minville, Urbain et Addy qui sont venus compléter le travail des Girard, Dufour, Losier, Fortin, Bergeron et St-Aubin.
Brousseau ajoute qu’il y a eu un excellent travail de planification par le préparateur physique de l’équipe pour permettre à tout le monde d’arriver en forme en fin de saison. Le Rouge et Or est donc en santé et l’équipe a certainement les éléments pour offrir une opposition aux meilleures équipes au pays sur le plan physique.

« Ça fait longtemps qu’on n’a pas eu une équipe aussi physique et costaude à Laval », commente l’entraîneur-chef. « Maintenant, il y a aussi une question de style de jeu et certains peuvent convenir mieux au nôtre. Notre système est basé sur Losier et Fortin. On veut avoir de l’équilibre parce qu’on a de bons joueurs de centre, mais notre style ne va pas changer. Rendu où on en est, on doit se concentrer à bien exécuter et à être constants. Il va falloir gérer la pression du match. »
Pour Nicolas Fortin, qui a remis son mémoire de maîtrise en microbiologie-immunologie cet hiver, il faudra y aller le tout pour le tout. « On joue contre des équipes qu’on ne connaît pas. Il faut donner tout ce qu’on a, on ne se retiendra pas. Ça ne repose pas sur les épaules d’une seule personne alors il faudra jouer en équipe. »
« En-dehors du terrain, j’ai toujours du fun et j’aime garder tout le monde de bonne humeur avec mes niaiseries. Mais sur le terrain, je sais transformer ça en intensité. Ce sera important pour tout le monde que le « switch » se fasse. » – Nicolas Fortin, avant de monter dans l’autobus qui menait l’équipe à Kingston.
Premier match : Jeudi midi vs. Alberta
Les Carabins dans le moment présent
La dernière fois qu’une équipe du RSEQ est grimpée sur le podium national en volleyball universitaire féminin, c’était en 2015. Les Carabins dirigés par Olivier Trudel et menées par Katia Forcier et Marie-Alex Bélanger étaient revenus de Toronto avec une médaille de bronze. Elles sont retournées au championnat canadien cinq fois de suite après. McGill et l’UQAM ont aussi eu leur chance.
Comment Olivier Trudel saura-t-il préparer son équipe dans un contexte où toutes les conférences ont au moins deux équipes sur place, sauf le RSEQ?

« Le championnat canadien ne doit pas être vu comme une continuité de la saison, mais comme un tournoi parallèle », nous dit-il en entrevue téléphonique pendant que ses joueuses s’échauffe en vue d’un entraînement au gymnase de l’université McMaster à Hamilton. « C’est une bonification de la saison. 98% de notre énergie se dépense pour gagner le championnat au Québec et on est très content d’avoir battu une excellente équipe de Sherbrooke en finale. »
Trudel, détenteur d’un doctorat en psychologie sportive, et à la tête de l’équipe féminine de volleyball de l’Université de Montréal depuis 20 ans, suggère à ses équipières d’utiliser la fébrilité qui les habite en vue des matchs à venir. « Elles doivent suivre leurs coachs qui ont ensemble 16 expériences de championnats canadiens. Elles sont bien préparées. »
La joueuse par excellence au RSEQ en 23-24, Olympe Desmedt sera assurément une actrice clé des succès des Carabins face aux Pandas de l’Alberta. Et elle dégage une entière confiance envers ses entraîneurs. « Il y a eu beaucoup de vidéo pour établir le plan de match. De notre côté, on se concentre sur nous et on se prépare comme si c’était n’importe quel autre match. »
« On a l’avantage de pouvoir jouer différents styles de jeu. On voudra jouer vite et nous concentrer sur nos premiers contacts pour profiter au maximum de toutes les options en attaque » – Olympe Desmedt, joueuse par excellence du RSEQ
Pour l’entraîneur Trudel, il sera important d’imposer le rythme. « Avec notre style défensif, on veut mettre de la pression sur l’attaque de l’Alberta. Elles sont physiques, encore plus que nous. »
Au centre, l’équipe albertaine mise sur deux jeunes joueuses en Allie Moore (6’2) et Ronnie Dickson (6’3). Les attaquantes Leila Johnston (6’1) et Abby Guezen (6’3) sont également très grandes. Et leur as est Lauryn Tremblay (5’11). Elle a été élue sur la première équipe d’étoiles de Canada West. La passeuse Justine Kolody mesure quant à elle 5’10. À noter que les Pandas ont dans leurs rangs une Québécoise, ancienne des Cavaliers de Bois-de-Boulogne, la recrue de 6’3 Naomie Sinclair.

Desmedt et ses coéquipières ne se laisseront certainement pas déranger par la grandeur de leurs adversaires. Mesurant elle-même 5’11, elle aura à ses côtés les Una Zubac (6’3), Milica Djordjevic (6’2), Myriam Tourigny-Kaiser (6’2), Florence Cloutier (6’0) et Sarah McGlashan (5’10).
Djordjevic, tout comme Desmedt, a été élue sur la première équipe d’étoiles du RSEQ cette saison. Elle est 3e au pays pour le nombre d’as par set. Et Tourigny-Kaiser est 3e au Canada pour le taux de réussite à l’attaque. Et il ne faudrait certainement pas oublier Brittany McGlashan, la libéro, 15e au U Sports pour les récupérations défensives par manche. Bref, rien à envier à qui que ce soit.
La #14 conclut ainsi notre entretien : « On va garder nos routines secrètes et notre musique habituelle. Il y a trois entraînements prévus pour nous habituer au terrain. Les demi-finales et finales nous ont préparées à l’adversité. Alors on a confiance. Suffit de rester dans le moment présent. »
Premier match : Vendredi 14h vs. Alberta
P.S. Notez que tous les matchs seront webdiffusés en français sur la page de Radio-Canada.ca ainsi que disponibles via l’application Tou.tv. Le volet masculin sera décrit et analysé par l’excellent duo Danny Brown-Gilles Lépine que vous pouvez entendre lors des matchs du R&O durant la saison.
Crédits photos pour l’image de couverture :
- Max Losier / Yan Doublet
- Yoan David / Yves Longpré
- Florence Cloutier / James Hajjar