Crédit photo : Mathieu Bélanger

L’équipe masculine de basketball du Rouge et Or de l’Université Laval a causé une des plus grandes surprises de l’histoire du sport universitaire canadien, dimanche soir. Leur victoire de 77-71 contre Queen’s en finale du tournoi 8 Ultime, devant leurs partisans à l’amphithéâtre Desjardins du PEPS, restera gravé longtemps dans les mémoires. Mais elle est surtout la cerise sur le gâteau d’une organisation sportive extraordinaire.

L’équipe de Nathan Grant avait amorcé la saison 2023-2024 avec en poche sa place parmi le top 8 canadien du basket masculin, à titre d’équipe hôtesse. Et bien que l’équipe avait sur papier tout ce qu’il fallait pour batailler avec l’UQAM, Concordia et Bishop’s pour le titre québécois, elle a connu une saison difficile. Rien pour donner confiance aux observateurs.

L’équipe comptait dans ses rangs le joueur par excellence du RSEQ en 22-23, Sidney Tremblay-Lacombe et son accolyte Steeve Joseph pour transporter le ballon. Un duo de garde qui n’a rien à envier à personne. Avant le début de la saison, un des meilleurs au rebond au Canada, Haris Elezovic a transféré à Laval après avoir gradué de McGill. Restait à voir qui allait les compléter. Saydou Sall, l’ailier de 6’7, avait été très solide la saison dernière avec plus de 12 points par match tandis qu’Ismaël Diouf, 6’9, venait de connaître une bonne saison recrue.

L’utilisation et la production de Tremblay-Lacombe, Sall et du centre Brandon Massimo Maniani Wembe ont diminué de façon importante cette saison par rapport à l’an dernier. Dans son article après le match, Richard Boutin du Journal de Québec rapportait que Nathan Grant avait préparé son équipe toute la saison pour le championnat national en donnant du temps de jeu à des recrues. Ainsi, on a pu voir éclore un Willem Mwanza, recrue de l’année au RSEQ, mais aussi les anciens de Thetford Jayden Larosilière et Ousmane Diawara.

Ceci dit, je ne m’attendais clairement pas à voir Ismaël Diouf exploser de la sorte. C’est un bon joueur certes, mais sa contribution offensive était complémentaire en saison. En fin de semaine, il a été magistral. 10 points et 12 rebonds lors du match 1/4 finale contre l’équipe classée #1. 19 points, 11 rebonds 3 tirs bloqués en demi-finale. Et la touche finale, 26 points, 12 rebonds et 4 blocs en finale. L’ancien des Géants de St-Jean en division 2 est aujourd’hui champion national et possède un titre de joueur par excellence.

Ismaël Diouf avec le dunk en finale contre Queen’s / Crédit photo : Mathieu Bélanger

Et que dire de Larosilière? 24 minutes de jeu contre les Vikes de Victoria, 28 contre Dalhousie et 29 contre Queen’s. Sa moyenne en saison? 7,2.

Joseph a inscrit 17, 16 et 24 points tandis que Tremblay-Lacombe en a ajouté 14, 14 et 10. Et Elezovic a aussi fait de l’excellent travail sous les paniers avec 8, 13 et 12 rebonds en plus d’inscrire 20 points en demi-finale.

Bref, une grande victoire d’équipe. Une démonstration aussi que le basketball universitaire québécois a ce qu’il faut pour gagner. Oui, c’est une histoire d’équipe cendrillon. 6-10 en saison après un départ de 2-8. Une défaite par 10 contre Concordia en 1/2 finale provinciale. Mais c’est aussi la preuve qu’à ce niveau, c’est souvent une question de détails. Quatre fois, le Rouge et Or s’est incliné par trois points ou moins en saison régulière. L’équipe menait pas un point au début du 4e quart contre Concordia.

Pendant ce temps, les Citadins de l’UQAM terminaient 5e pour la deuxième année de suite. Chaque fois, après avoir perdu au premier tour, ils sont allés gagner les deux suivants pour aller chercher la finale consolation. Les champions du RSEQ ont un fiche de 4-2 au cours des deux dernières années face aux meilleures équipes au Canada.

Et on ne saura jamais ce qui serait arrivé si les Stingers, qui ont terminé au sommet du classement, avaient pu compter sur leur meilleur joueur Sami Jahan en finale provinciale. Ce sont peut-être eux qu’on verra au sommet du basket canadien l’an prochain.

Cette victoire est aussi celle d’une organisation dont toute la communauté sportive québécoise doit être extrêmement fière. La victoire d’un modèle d’affaires qui fonctionne depuis longtemps et qui mériterait certainement d’être calqué par plusieurs autres institutions.

Les installations du PEPS n’ont pas leur égal. Un amphithéâtre qui peut accueillir les plus grands matchs de basket et de volley et contenir une foule de plus de 3000 personnes avec un éclairage qui permet une diffusion de haute qualité. La foule a assurément été un facteur majeur dans l’énergie déployés par le Rouge et Or en fin de semaine.

Et cette foule n’était pas au rendez-vous uniquement pour ce grand moment du sport universitaire québécois. On a vu des salles complètes à plusieurs reprises cette saison et l’an passé, notamment lors des matchs de volleyball.

C’est la même chose pour le stade Telus. Les matchs de football n’ont plus besoin d’être annoncés en grande pompe. Tout le monde sait que c’est un rendez-vous quand l’équipe la plus titrés de l’histoire du football universitaire canadien y joue. Mais quand on attire 3 600 personnes un mercredi soir frette et humide de novembre pour un match de rugby, c’est qu’on a quelque chose entre les mains.

Foule au 1er match du championnat canadien de rugby / Crédit photo : Gilles Lépine

Chaque année, Julie Dionne et son équipe organisent un événement des championnats canadiens universitaires. 8 Ulitime, mais aussi soccer féminin, natation, coupe Vanier, etc. Il y en a pour tous les goûts. Et surtout, c’est absolument toujours bien fait. U Sports reconnaît la qualité du travail effectué par l’organisation du Rouge et Or à tous les niveaux. On leur confie l’organisation d’événements avec confiance.

Le Rouge et Or a ses détracteurs. Les rivalités y sont pour quelque chose, soit. Mais à la fin, il faut reconnaître l’excellence.

En athlétisme, l’équipe féminine a remporté les six dernières bannières chez les femmes et les 10 dernières chez les hommes. En basket, les filles ont gagné quatre des cinq derniers titres québécois et elles viennent d’ajouter une 3e place au national en fin de semaine. Au football, ce sont 15 des 20 derniers championnats qui leur appartiennent. Au golf, le Rouge et Or a remporté six des sept derniers titres provinciaux chez les femmes et chez les hommes, on en avait remporté 20 de suite avant que Bishop’s vienne stopper la séquence cet automne. En rugby féminin, le Rouge et Or est double champion canadien en titre. En soccer féminin, Laval a gagné son sixième titre au cours des neuf dernières années en 2023. Et en volleyball masculin, de 1982 à 2019, le Rouge et Or a accumulé 34 bannières de champion du Québec.

Tous ces succès font de l’Université Laval un fleuron du sport québécois, une fierté locale et un vecteur d’enthousiasme économique bien réel. Il est entendu que toutes les universités ne placeront pas le sport au sommet de leurs priorités. Mais, quand on y regarde de près, je pense que quelques recteurs, conseils d’administration, donateurs et autres dirigeants auraient intérêt à trouver des façons de faciliter le déploiement de ressources pour développer le sport chez eux.

C’est tout un outil de marketing.