Crédit photo : James Hajjar

On l’avait mentionné avant le début de la saison, le classement au volleyball universitaire féminin en 2023-2024 allait être chaudement disputé. Après la première moitié de saison, ce qui devait s’avérer, s’avère. Au moment de partir en pause pour les Fêtes, l’écart entre la première et la sixième équipes au classement est de deux petits points.

Les Carabins de l’Université de Montréal sont en tête avec une fiche de 8-3. Cependant, l’équipe d’Olivier Trudel ne domine pas outre mesure ses adversaires. Les Carabins ont amorcé le calendrier automnal avec trois victoires à l’arrachée. D’abord en cinq manches contre Ottawa et l’UQAM, puis en quatre contre McGill, chacune ayant nécessité plus de 25 points pour l’emporter. Elles ont ensuite perdu trois matchs consécutifs. En trois manches contre le Vert & Or de Sherbrooke et les surprenantes Gee-Gees d’Ottawa et en cinq face à McGill.

Les Bleues ont retrouvé le chemin de la victoire au début du mois de novembre dans un drôle de match contre le Rouge et Or. Une victoire en cinq manches (25-21, 17-25, 29-31, 25-16, 15-4). Elles ont ensuite enchaîné avec quatre gains relativement faciles en trois matchs chacun face aux Patriotes de l’UQTR et aux Inuk de l’UQAC. Deux équipes qui éprouvent des difficultés et qui sont déjà virtuellement hors course.

D’ailleurs, la deuxième portion de la saison ne sera pas de tout repos puisqu’on affrontera qu’une seule fois chacune l’UQAC et l’UQTR. La fiche des Carabins face aux cinq autres équipes dans la lutte est de 4-3. Il faudra souhaiter que l’équipe soit en santé et en pleine possession de ses moyens pour maintenir la position de tête. Ceci dit, l’équipe est satisfaite de son début de saison.

« Ça a été beaucoup d’adaptation pour nous. Je pense qu’on a beaucoup appris en équipe. On n’a pas eu le choix avec un calendrier plutôt intense dès le début qu’il a fallu gérer et beaucoup de changements dans notre six pour gérer des blessures et apporter des nouveaux éléments importants sur le terrain »

– Olympe Desmedt, qui mène la ligue avec 3,77 attaques marquants par set joué en plus d’être 4e avec 2,94 réceptions défensives.

En effet, l’équipe a dû se débrouiller sans sa passeuse régulière Sarah McGlashan pour son dernier match contre les Patriotes. Sa soeur Brittany, la libéro partante n’était pas là non plus lors des deux derniers matchs. Chloé Galarneau-Haley manquait aussi à l’appel depuis le match contre Laval tandis que Desmedt n’était pas en mesure de jouer tous les sets en début de saison.

Desmedt ajoute : « On finit très bien en plus avec un dernier match qui aurait pu être plus compliqué. Mais ayant travaillé fort toute la semaine, Una au poste de passeuse était super et on a très bien exécuté nos forces. Bien sûr, il reste un long chemin et rien n’est joué du tout. On est satisfaite pour l’instant mais le gros reste à jouer jusqu’au dernier match. »

L’équipe montréalaise est très agressive au service avec la meilleure moyenne d’as par manche, mais également le plus haux taux d’erreurs. De plus, les Carabins sont deuxièmes pour annihiler les attaques adverses avec une efficacité de ,147 de leurs opposantes après 11 matchs. Elles devront cependant trouver une façon de réduire les erreurs à l’attaque pour augmenter leur pourcentage de réussite.

Suivent au classement les Martlets de McGill, le Vert & Or de Sherbrooke, le Rouge et Or de Laval et les Citadins de l’UQAM, toutes avec une fiche de 7-4. Mais il faut pouvoir décortiquer cette fiche différemment pour chaque équipe.

D’abord, malgré tout le respect que j’ai pour chaque équipe, force est de constater que l’UQTR et l’UQAC ne sont pas sont pas dans le coup. Sur 10 manches gagnées par l’UQTR, il y en a six contre l’UQAC. Les Patriotes ont cependant gagné trois manches en deux matchs contre Laval. Quant à l’UQAC, elle a gagné quatre manches, dont trois en deux matchs face aux Patriotes. Bref, on peut présumer que ces deux équipes ne gagneront pas souvent contre leurs six autres adversaires d’ici la fin de la saison. Bien que je leur souhaite certainement de créer des surprises.

Les Martlets de McGill ont connu un début de saison très intéressant. Outre les deux victoires contre l’UQTR et l’UQAC, elles ont maintenu une fiche de 5-4 contre leurs adversaires directes. Ainsi, l’équipe de Rachèle Béliveau compte au moins une victoire contre chacune d’entre elles. Néanmoins, elles ont aussi perdu contre tout le monde, sauf l’UQAM, qu’elles n’ont affronté qu’une fois dans un match en cinq sets.

Il faut cependant noter que les blessures ont aussi beaucoup affecté les Martlets. L’attaquante étoile Victoria Iannotti n’a pas joué avant le 5e match de la saison tandis que la centrale Meaghan Smith, meilleure bloqueuse du RSEQ l’an passé, a raté cinq parties. Sans parler du jeu de chaise musicale au poste de passeuse. Néanmoins, McGill a la meilleure moyenne d’attaques marquantes par manche et est deuxième au bloc.

« Je suis contente de notre première moitié de saison en général. C’était rough, on a joué presque toutes les grosses équipes deux fois. Et disons que la tâche était plus difficile avec nos nombreuses blessures. Victoria et Meaghan n’étaient pas là en début de saison, Audrey notre deuxième passeuse, a eu un problème au cou vers la fin, Charlotte et moi avons reçu deux grosses balles dans le visage au dernier match. Au moins nous sommes tombées en pause! »

– Charlène Robitaille

Tout ça fait dire qu’il faudra assurément considérer les Martlets de McGill comme une équipe très dangereuse en deuxième moitié de saison, si la malchance ne frappe pas trop. Avec Clara Poiré et Iannotti qui pointent aux 4e et 5e rangs des pointeuses et Charlène Robitaille qui est 10e en plus d’être 3e au bloc et 10e en réception défensive, tout y est dans cette équipe très expérimentée.

Le Vert & Or de Sherbrooke est aussi à 7-4, mais l’équipe maintenant dirigée par Claude Tremblay a perdu trois de ses quatre derniers matchs. Des revers face à l’UQAM, Ottawa et McGill qui ont fait dégringoler le Vert & Or de sa place au sommet. Après s’être inclinées contre Laval en lever de rideau, elles avaient gagné six matchs de suite.

Sherbrooke domine la ligue pour le pourcentage de réussite à l’attaque tout en menant au chapitre de la faible efficacité de ses opposantes. On voudra peut-être hausser le nombre de récupérations défensives par contre.

La centrale Gabrielle Minier et l’attaquante en 2 Jaël-Esther Telfort sont sans surprise les piliers de l’attaque pivotée par l’excellente Emma Bergeron. Mais l’arrivée de la transfert de l’UQTR Alissa Veilleux et de la recrue Britanie Maranda a contribué à offrir une plus grande variété d’armes à la passeuse étoile. En ajoutant à cela le travail effectué par Madeleine Ouellet-Lupien au contre (elle mène le circuit avec une moyenne de ,91 par manche), vous avez là une équipe complète.

« Ça reste quand même de l’adaptation. Britanie est une recrue alors qu’Alissa et moi on apprend aussi à jouer ensemble, mon style de passe reste très différent de celui de Rachel à l’UQTR », m’a expliqué Emma Bergeron tout en me faisant remarquer un aspect important.

« C’est fou comment il y a une parité dans la ligue. Tous les matchs sont importants, peu importe contre qui on joue. Tout le monde a des chances de se battre, mais on se rend rapidement compte que jouer à la maison est un avantage important. La majorité du top 5 a quasiment tout gagné ses matchs à la maison alors qu’à l’extérieur chez ces mêmes équipes là, c’est plus difficile. » – Emma Bergeron

À noter que les deux dernières défaites du Vert & Or l’ont été en cinq manches, à l’extérieur. Elles pourraient très bien trôner au sommet car elles ont le meilleur différentiel en termes de manches gagnées/perdues et de points pour/points contre. Elles seront au plus fort de la lutte jusqu’à la toute fin. Elles ont par ailleurs encore trois matchs à jouer contre l’UQAC et l’UQTR.

Actuellement quatrième au classement, le Rouge et Or de l’Université Laval a connu une première moitié de saison en dents de scie. Trois victoires suivies de trois défaites, puis une victoire, une défaite et trois victoires.

Les joueuses d’Olivier Faucher ont joué deux matchs contre l’UQTR, mais elles sont l’équipe du top 6 qui a connu le plus de difficultés contre elles en échappant trois manches. Le Rouge et Or est aussi la seule équipe à avoir infligé un 3-0 à Sherbrooke et à l’UQAM. Mais l’équipe a aussi subi des revers de 0-3 contre Sherbrooke et l’UQAM.

Le Rouge et Or n’est pas particulièrement bien positionné au niveau des statistiques collectives. Elles sont notamment 3e derrière l’UQTR et Ottawa pour le plus grand nombre d’erreurs à l’attaque par manche. Individuellement toutefois, Justine Raymond est tout simplement phénoménale. Elle attaque avec beaucoup de puissance à partir de sa nouvelle position, en 2. Elle est 4e du circuit pour le nombre d’attaques marquantes par manche, 10e pour les as, 5e pour les blocs et 3e au total pour les points derrière Olympe Desmedt de Montréal et Audrey Odigie d’Ottawa.

Il y a assurément des points d’amélioration auxquels on voudra s’attarder durant la pause pour revenir en force et s’assurer de rester dans le top 4. Mais si on reste sur les sensations de la grosse victoire en trois manches contre l’UQAM pour clore la première moitié de la saison, il y a de quoi s’inspirer.

L’UQAM est la quatrième équipe avec une fiche de 7-4. Les championnes en titre sont passées de la deuxième à la cinquième place avec ce cuisant revers de 25-17, 25-16 et 25-20 au PEPS vendredi dernier. Une performance difficile disons-le pour la troupe d’Alain Pelletier qui a laissé ses partisans sur leur faim depuis le début de la saison. Quatre des sept victoires ont été acquises contre l’UQAC et l’UQTR.

Au-delà de ce match en particulier, on ne sent pas la constance qui caractérisait cette équipe la saison dernière. L’UQAM a perdu son seul match contre Montréal et son seul match contre McGill. Chaque fois en cinq manches cependant. Ça a été difficile contre Sherbrooke aussi avec une défaite en quatre sets et une victoire en cinq, mais au cours duquel il a fallu revenir d’un déficit de deux manches à zéro.

Globalement, l’équipe fait tout de même un bon travail offensivement notamment grâce au jeu au centre. L’UQAM maintient la 2e moyenne d’efficacité à l’attaque en gardant au minimum les erreurs. La recrue Juliette Gosselin est très talentueuse et amène une belle option à la passeuse Noémie Gagné. Erlande Dacilia, l’autre centrale est aussi solide avec sa moyenne de 2,22 points par set. Anica Pineault, en 2, maintient sa production de l’an dernier (3,21 vs 3,18). C’est cependant à l’aile que la production offensive a baissé cette saison en comparaison avec 22-23. La joueuse par excellence Sabrina Mayer demeure la joueuse la plus dangereuse de la formation uqamienne, mais sa moyenne de points est passée de 4,3 à 3,4 par manche. Tandis que la moyenne de Laura Côté-Collin est passée de 2,47 à 2,01.

Mais je ne suis pas inquiet pour Mayer. Elle a une passion forte pour son sport et son équipe ainsi qu’un grand désir de vaincre. Si elle redevient la meilleure joueuse du RSEQ, l’UQAM sera difficile à battre en deuxième moitié de saison.

On a besoin de retrouver ses repères en défensive par contre. La saison dernière, les Citadins ont mené le circuit québécois avec 2,26 blocs par manche. Elles sont actuellement 6e avec 1,52. L’équipe était deuxième avec 14,7 récupérations défensives en 22-23, elle est 7e cette saison avec 12,24. Et à cela s’ajoutent le pire différentiel as/erreur au service avec -1,6 par manche. Montréal et Sherbrooke suivent à ce chapitre avec -1,1 et -1.

Six des dix derniers matchs au calendrier seront au Centre sportif de l’UQAM. Espérons pour les Citadins, qu’elles pourront tirer profit de cet avantage alors qu’elles ont gagné trois de leurs quatre matchs devant leurs partisans.

La sixième équipe qui s’est frayée un chemin dans la bataille est celle du Gris et Grenat d’Ottawa. L’attaquante Audrey Odigie est certainement une des principales raisons des succès de la formation ontarienne. La joueuse de deuxième année mène le RSEQ avec 4,25 points par manche, est deuxième avec 3,66 attaques marquantes et 8e pour les as. Sa coéquipière, la passeuse Maxim Langevin a aussi connu une solide amélioration passant de 0,08 as à 0,56 par manche et de 7,43 passes décisives à 9,51 en 23-24.

Avec des victoires contre Montréal, McGill et Sherbrooke, les représentantes de la capitale fédérale n’ont pas volé leur place tout près des autres puissances de la ligue. Il leur reste deux matchs contre l’UQTR et un contre l’UQAC, mais également deux face à l’UQAM et Sherbrooke. Néanmoins, si elles trouvent une façon de réduire considérablement les erreurs à l’attaque, les Gee-Gees pourraient continuer de brasser la soupe et pourquoi pas se faufiler en éliminatoires du RSEQ pour la première fois depuis leur entrée en 2016-2017?

Pour le moment, tout le monde est en pause question de terminer la session en se concentrant sur les travaux et les examens. Les vacances feront certainement du bien mentalement et physiquement. Mais la bataille reprendra vite malgré tout. Le mardi 9 janvier, le Rouge et Or sera à Ottawa, puis le vendredi suivant, McGill sera à Sherbrooke, les Carabins à l’UQAM et l’UQTR en visite à Québec.

Encore énormément d’action à venir au retour des Fêtes en volleyball féminin. Voilà une promesse qu’il sera facile à tenir pour 2024.