Crédit photo : James Hajjar

Carabins et Rouge et Or se mesuraient pour une dixième fois consécutive en finale de la coupe Dunsmore. Chaque fois qu’une des deux équipes avait gagné les deux affrontements en saison, elle avait aussi remporté la finale. On avait senti le Rouge et Or plus chancelant que les Carabins en saison et le match était joué au CEPSUM. Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour favoriser les Bleus. Malgré tout, ça n’a pas été simple.

L’élément marquant de la saison du Rouge et Or aura été l’accumulation des blessures. Un miroir de la situation des Carabins un an plus tôt. Et comme l’an passé, tout le monde, incluant Jean-William Rouleau, Cristophe Beaulieu et Isaac Gaillargetz, était de retour pour la grande finale et ça aura donné un match serré du début à la fin, marqué par l’excellence défensive.

Dans ces matchs, c’est souvent le nombre de revirements qui dicte le momentum. En moins de 8 minutes de jeu, on a eu un ballon échappé recouvré par le Rouge et Or et deux interceptions des Carabins, dont la deuxième que le joueur étoile Kaylyn St-Cyr a ramené pour le seul touché du match. Gros jeu, mais d’aussi loin derrière mon écran pouvais-je être pour le voir et le revoir, il m’a semblé facile à lire. Tel un lanceur au baseball qui soumettrait une balle à 83 milles à l’heure en plein centre du marbre à un frappeur de circuits. Est-ce que, comme l’a mentionné CA Sinotte lors du reportage, Kevin Mital aurait pu en faire plus pour créer une hésitation chez son couvreur?

Kaylyn St-Cyr / Crédit : James Hajjar

Le Rouge et Or a tout de même bien réagi avec une poussée de 77 verges qui les a menés jusqu’au 2 des Montréalais. Cependant, on a vu ce que le meilleur duo de secondeurs au Canada peut faire. Tour à tour Farinaccio et Miessan ont contrecarré les plans du Rouge et Or qui a été contraint de se contenter de trois points.

Laval a eu une autre occasion dès la séquence suivante quand la défensive a stoppé Montréal sur un 3e et court pour reprendre au 44 adverse. Mais une exécution difficile a empêché le Rouge et Or de profiter de sa situation. Le reste de la demie a été l’affaire des défensives. Montréal a ajouté deux points à la fin du deuxième quart quand Laval a dû concéder un touché de sûreté suite à des punitions qui les ont relégués en fond de grille. C’était 9-3 à la mi-temps et tout restait possible.

Au début du 3e quart, Arnaud Desjardins a subi une blessure quand il a été frappé par Gabriel Maisonneuve ce qui a forcé Glen Constantin à envoyer la recrue Victor Charland dans la mêlée. Mais Desjardins est revenu au jeu sur la possession suivante.

La troisième période a été un échange de dégagements, une bataille pour le positionnement. Sénécal a finalement réussi à faire bouger les choses à la fin de ce troisième quart en complétant quatre passes consécutives pour faire passer le ballon du 19 des Carabins au 22 de Laval. Mais Francis Bouchard a réussi à appliquer suffisamment de pression sur le pivot des locaux pour l’empêcher de compléter une passe destinée à William Legault dans la zone des buts. Boyer a tout de même été en mesure d’augmenter l’avance à 9 points et ainsi prendre deux possessions de priorité.

Avec la défensive des Carabins qui ne donnait rien de bon, la tâche commençait à être lourde et on a vu Laval forcer le jeu. Dès la première passe de Desjardins après le placement, il a dû se défaire de la pression et il a choisi de lancer le ballon vers Édouard Arsenault dans une double couverture. Le demi de coin Louis-Philippe Gauthier avait alors tout le loisir d’attaquer le ballon et il a réussi sa première interception au niveau universitaire à un moment bien choisi.

À sa possession suivante, le Rouge et Or a tenté une feinte sur un dégagement. Sauf que la passe tentée par François Giguère-Lacasse vers Étienne Delisle s’est retrouvée dans les mains de Kaylyn St-Cyr. Il y avait trois joueurs défensifs pour contrer le receveur visé. Marco Iadeluca avait laissé son personnel défensif sur le terrain plutôt que de déployer son unité de retour de dégagement. Le flair de l’entraîneur aura été payant avec 7 minutes à jouer.

Placement de Vincent Blanchard / Crédit : James Hajjar

Les Carabins ont été en mesure de gruger plus de quatre minutes au cadran avant de dégager. Laval aura été en mesure de marquer trois points sur un placement de 35 verges de Vincent Blanchard avant la fin du match. Mais le botté court qui a suivi n’a pas permis au Rouge et Or de récupérer le ballon et les Carabins ont finalement pu s’assurer de la victoire­.

On peut analyser ce match de bien des façons et évidemment l’allégeance de chacun peut teinter les perceptions. Cependant, il faut saluer le plan de match défensif des deux équipes. Quand ça fait trois fois qu’on se mesure dans une saison, il reste peu de secrets à déchiffrer et se fier sur l’exécution. La préparation était là et les joueurs ont appliqué les recettes à la lettre.

Ça s’est joué sur des détails. Des décisions ici, des pénalités là. Les Carabins ont su mieux gérer certaines situations. Le fait qu’ils avaient l’avance tout au long du match a sûrement aidé. Et il ne faudrait pas négliger l’avantage du terrain. Le bruit était constant et assourdissant.

Face aux Mustangs de Western, espérons que l’attaque des Carabins pourra respirer davantage. 203 verges de gains totaux ne permettront pas de l’emporter souvent. Mais il faut aussi comprendre que si la défensive montréalaise est dominante au point de pouvoir la considérer comme la meilleure au pays, celle du Rouge et Or est peut-être la deuxième.

Espérons que le garde Alassane Diouf sera en pleine santé. Après avoir raté le match contre Sherbrooke, il est entré dans le celui de la Dunsmore en deuxième demie seulement. Élu sur l’équipe d’étoiles du RSEQ, le garde de deuxième année est très important pour Sénécal et sa bande.

Enfin, comme à chaque fois, ce match signifie la fin de la carrière de plusieurs étudiants-athlètes qui auront mis tellement d’efforts pour combiner leur passion du sport et leurs études. Salut à eux et merci pour ces beaux moments que vous faites vivre à ceux qui vous suivent. Vous êtes des modèles importants.

Crédit photo : James Hajjar