Un vendredi midi très agréable entre les murs du CEPSUM où était réunie la crème du football universitaire québécois. Comme le veut la tradition, on a profité d’un dernier moment, 24 heures avant les hostilités, pour couronner les plus méritants lors d’une cérémonie animée par Charles-Antoine Sinotte. On en a aussi profité pour jaser un peu.
Sans surprise, Jonathan Sénécal, le quart-arrière des Carabins de l’Université de Montréal, a été auréolé du titre d’athlète par excellence pour la saison 2023. Dominant du début à la fin de l’année, il n’a pas eu de réelle compétition pour ce titre. On a vu cette saison le Sénécal dont tout le monde faisait l’éloge depuis longtemps. Capable de passer le ballon où il veut, de le distribuer à quiconque se libère et de courir allègrement quand l’occasion se présente. Le #12 des Bleus a amené son jeu à un autre niveau et il a démontré qu’il est maintenant dans une classe à part.
Mais au-delà des statistiques et de son jeu, on a vu éclore la personnalité d’un jeune homme en plein contrôle. Questionné à ce sujet, il répond : « Ce sont les circonstances qui font ça. Quand les choses ne vont pas à ton goût, c’est moins le moment de laisser aller ses émotions. Mais cette année, ça va bien, l’équipe est en santé. Et là, on est prêt pour jouer un gros match contre nos rivaux. »
Le vétéran en sera à sa troisième coupe Dunsmore et il sait à quoi s’attendre. « On se concentre sur nous et ce qu’on a à faire. La clé, ça va être d’exécuter. »
Sénécal n’a pas été le seul de son camp à retenir l’attention. Christopher Fontenard a été élu joueur de ligne par excellence tandis que le secondeur Harold Miessan a été récompensé du titre de joueur défensif de l’année.
Fontenard, plaqueur défensif, a terminé la saison avec 20 plaqués dont quatre pour perte et 2,5 sacs du quart. Il a eu un rôle clé dans les succès de la formation montréalaise qui a terminé au premier rang contre la course, comme contre la passe en plus d’être celle qui a réussi le plus de sacs. Pour Fontenard aussi le succès des Carabins à la Dunsmore passera par l’exécution. « On va simplement faire ce que nos entraîneurs nous demandent, s’assurer de respecter nos assignations. »
Harold Miessan a également été au centre des résultats défensifs des siens cette saison. Aux côtés de Nicky Farinaccio, il a formé un duo de choc. Il a mené son équipe avec 36 plaqués et ajouté deux interceptions. Miessan a été une menace à prendre en considération par tous les coordonnateurs offensifs adverses à chacun des matchs. Il le sera bien entendu samedi.
« Pour nous, c’est un match qu’on prépare exactement comme les autres matchs. Et on ne s’arrête pas à ce qui s’est produit dans le passé. Je suis prêt et j’ai hâte de jouer. »
Le Rouge et Or n’a pas été en reste côté honneurs individuels. L’équipe a raflé tout ce qui était remis aux recrues en plus d’avoir le joueur le plus utile sur les unités spéciales.
Le titre de recrue par excellence a été remis au secondeur Justin Cloutier. Il a d’ailleurs expliqué cet honneur par sa résilience alors qu’il avait subi une blessure durant l’été qui lui a fait rater le début de la campagne. « Je suis resté impliqué et quand j’ai pu enfin revenir, j’ai simplement joué au football. » Le double récipiendaire du titre de joueur défensif par excellence en division collégiale D1 a terminé deuxième de son équipe avec 28,5 plaqués.
La recrue offensive a été le joueur de ligne offensive Maxime-Olivier Cabana et la recrue défensive, le demi de coin Jordan Lessard.
Cabana arrivait d’un passage par les États-Unis et il s’est rapidement fait une place de choix parmi le groupe dirigé par Carl Brennan. Partant à six reprises, ses services ont été très bien accueillis avec les absences de plusieurs joueurs de ligne en saison.
Jordan Lessard a rempli un rôle de premier ordre en agissant comme demi de coin du côté court du terrain dès sa première campagne. Le produit des Islanders de John Abbott a mené le RSEQ avec 4 interceptions.
Sur les unités spéciales, Vincent Blanchard a été le meilleur en 2023. Le botteur du Rouge et Or a été régulier comme une horloge en réussissant 18 de ses 19 tentatives de placement et ses 22 convertis. En plus de sa moyenne de 41,1 verges sur ses dégagements, il a terminé premier du circuit avec une moyenne de 59,3 verges par botté d’envoi.
Le vétéran botteur avait du feu dans les yeux en répondant à mes questions après la cérémonie. On sent qu’il a hâte et qu’il est prêt. Questionné sur les séquelles que peuvent avoir laissé les résultats du dernier match entre Montréal et Laval, il s’empresse de réagir : « Ça ne fait que nous servir de motivation. On sait que ça va être un bon match. On a tout ce qu’il faut pour gagner. »
L’entraîneur de l’année est Marco Iadeluca des Carabins. Le pilote des Bleus est fier de sa troupe, mais il sait que le travail est loin d’être terminé. « On est content de jouer à Montréal. Disputer ce match devant 18 000 personnes à Québec ou 5 000 à Montréal, ça fait une différence de 23 000 en notre faveur. Les deux équipes se connaissent très bien et c’est à recommencer chaque fois. On ne peut pas se fier à ce qui s’est passé à notre dernier match contre eux. L’an passé, on s’était fait battre solidement à Québec avant d’y retourner pour la finale et ça avait donné le match que vous avez vu. Ça ne veut rien dire. »
Son vis-à-vis Glen Constantin va malgré tout utiliser ce que son équipe a vécue lors du dernier duel entre les deux pour peaufiner sa stratégie. « De notre côté, on s’est retrouvé avec tellement de blessés qu’on a dû utiliser des secondeurs sur la ligne et on était incapable de contenir Sénécal. Ce ne sera pas la même chose demain. Mais ce match-là nous a quand même permis de voir des choses qu’ils faisaient et de se préparer en conséquence. De toute façon, Montréal ne joue pas de façon compliquée. Ils vont nous lancer quelques balles courbes, c’est sûr, mais c’est surtout leur exécution qui est excellente. »
Quand on se retrouve en finale provinciale à 20 reprises, est-ce qu’on a tendance à prendre les choses pour acquises? Constantin ne s’est pas caché pour dire qu’à certains moments ça a déjà été le cas. Mais cette année était différente. « Ma femme me trouvait plus nerveux qu’à l’habitude avant notre demi-finale de la semaine dernière contre Concordia. Disons que je préfère quand on n’a pas besoin d’aller en prolongation. Mais on fait ce métier-là pour les émotions que ça procure et j’adore encore ça. Ça permet d’apprendre à gérer les moments d’adversité. Et nos gars vont avoir à le faire parce que c’est souvent ce qui fait la différence. »
Enfin, notons le prix remis à l’assistant-entraîneur de l’année. Il a été remis à Emilie Pfeiffer Badoux, des Stingers de Concordia. Elle est la première femme à le recevoir. Assistante sur les unités spéciales depuis deux ans, elle a la pleine reconnaissance de ses pairs de par son dévouement et ses connaissances. Elle déploit autant d’énergie que les entraîneurs à temps plein tout en travaillant comme policière à la Ville de Montréal.