Crédit photo : Yves Longpré

La saison 2023-2024 s’est amorcée la semaine dernière chez les femmes. C’est maintenant au tour des hommes de sauter dans l’arène pour une saison de 16 matchs. Avec un Vert & Or de Sherbrooke qui n’aura perdu que son premier et son dernier match de la saison l’an passé, peut-on espérer un premier titre canadien pour une formation québécoise en 10 ans? Et quel sera le mot qu’auront à dire Laval et Montréal là-dedans?

Je ne surprendrai ni n’insulterai personne en commençant par déclarer que le Vert & Or sera l’équipe favorite du RSEQ pour ramener une troisième bannière consécutive en mars prochain. Finalistes du dernier championnat canadien et auteurs d’une fiche globale au RSEQ de 17-1, incluant les séries éliminatoires, avec 59 manches gagnées contre 15 perdues, les hommes de Fehti Abed ont établi un standard de très haut niveau.

Qui plus est, le noyau dur de l’équipe est pratiquement intact. Mis à part l’attaquant Sébastien Lapensée, tous les autres membres du six partant sont de retour. C’est donc dire que les membres de la première équipe d’étoiles du RSEQ, le passeur Jonathan Portelance qui a remporté les Jeux panaméricains avec l’équipe nationale NextGen cete été et l’attaquant de 2, Yoan David, continueront de terrasser les défenses adverses. L’attaquant Zachary Hollands, qui a aussi vécu l’aventure des Panams comme libéro, revient avec encore plus à offrir. Et les centraux Julien Vanier et Elliot Collard, qui ont terminé la saison 22-23 aux 3e et 5e rangs pour les blocs tout en étant premier et deuxième pour l’efficacité à l’attaque, ne donneront certainement aucun repos à leurs adversaires.

« Quand on a perdu en finale nationale l’an passé contre Trinity Western, c’était contre des gars qui ont fait partie du programme national », m’a expliqué Zachary Hollands en entrevue. « Cet été, ça m’a permis de voir de nouvelles façons de s’entrâiner et d’aborder des gros matchs. J’ai appris comment mieux se préparer pour chaque équipe et à respecter chaque adversaire. »

Zachary Hollands / Crédit photo : Yves Longpré

Ce sont certainement des choses que Hollands et Portelance pourront transposer cette saison puisque l’objectif du Vert & Or, après sa 3e position au national en 2022 et sa médaille d’argent l’an dernier, est maintenant le sommet de l’échiquier canadien. « On a des choses à travailler. Au service, on voudra développer plus d’outils autant au niveau de la puissance que de la stratégie et à l’attaque. Sur le plan tactique, il faut se préparer à travailler contre des blocs plus physiques comme ceux des équipes de l’ouest », ajoute celui qui a terminé septième du RSEQ pour les attaques marquantes par match au cours des deux dernières saisons.

La bataille pour le poste d’attaquant à prendre se fera entre le vétéran de troisième année Jérémie Doyon, qui fait la transition de joueur de 2 à celui de 4, et les recrues Hugo Ouellet et Grégoire Mercier-Noël.

« Hugo Ouellet sera à surveiller dans les prochaines années. C’est une grosse marche à monter entre le collégial et un poste de partant au niveau universitaire. Mais il s’améliore et il va nous apporter beaucoup », analyse Hollands. « Grégoire Mercier-Noël a été blessé à l’entraînement, mais il sera aussi un très bon joueur. »

« Il y a plusieurs recrues qui sont arrivées. Notre objectif est de les intégrer rapidement dans le noyau de l’équipe, autant socialement que sur le terrain. C’est important pour la profondeur de l’équipe, mais aussi pour l’avenir du programme. »

Avec un tel groupe de joueurs talentueux et expérimentés, quelles formations pourraient détrôner le Vert & Or?

Les Carabins de l’Université de Montréal ont été la seule équipe à gagner face à Sherbrooke lors de la saison régulière, lors du tout premier match de la saison. Ils se sont inclinés 3-0, 3-1 et 3-0 lors deux trois autres rencontres avant de les revoir en finale provinciale. Les Bleus avaient même pris les devants deux sets à un dans le premier match et 1-0 dans dans le deuxième avant de chaque fois voir les Sherbrookois revenir en force.

Cependant, l’équipe dirigée par Ghazi Guidara ne sera pas la même cette saison. En fait, seuls le passeur Maxime St-Denis ainsi que le central Pierre-Charles Latour-Bourgeois et l’attaquant Alexis Tournier seront de retour parmi les membres de la formation partante de la saison dernière.

Parmi le groupe des joueurs qui ont quitté, il faut évidemment mentionner le libéro Yassine Kassis, joueur par excellence au RSEQ la saison dernière et membre de la première équipe d’étoiles au Canada. Et il faut ajouter l’absence pour la saison de l’attaquant Guillaume Bisson, 6e au RSEQ la saison dernière pour les attaques marquantes par set, premier pour les as par set et 4e pour les points par set. Il a dû subir une opération à la hanche qui le tiendra à l’extérieur du terrain.

Alexis Tournier et Pierre-Charles Latour-Bourgeois / Crédit photo : James Hajjar

Ainsi, une large partie des succès de la formation montréalaise passera par l’attaquant Alexis Tournier. 7e du RSEQ pour les points par manche l’an passé, Tournier avait notamment inscrit un total de 30 points en huit manches en demi-finale face au Rouge et Or.

« C’est un nouveau cycle qui commence pour nous. Avec autant de nouveaux joueurs, il y a beaucoup à apprendre. C’est certain que je ressens une certaine pression parce que je veux gagner, mais je sais aussi que je vais avoir mes bonnes et mes moins bonnes journées », explique Tournier. « Mon leadership va continuer de s’exercer de la même façon. D’autres leaders vont venir prendre leur place. La chimie sera simplement différente. »

L’équipe veut s’assurer de tirer un maximum des 12 matchs hors-concours qu’elle a disputés en vue de la saison à venir. Rencontré une semaine avant le début de la saison, Tournier ne savait pas encore de quoi aurait l’air la formation partante pour le match de vendredi soir face à UNB. « En ce moment, on essaie de trouver notre chimie. Il y a beaucoup de nouveaux joueurs qui sont tous très bons. Mais c’est aussi une période d’adaptation pour tout le monde. »

Parmi les nouveaux-venus, notons Guillaume Samson, joueur par excellence au RSEQ et membre de la première équipe d’étoiles collégiale D1 au Québec et au Canada en 22-23.

Tournier ne s’empêche tout de même pas de voir grand pour l’année à venir : « Notre objectif en début de saison sera de bâtir l’esprit d’équipe. On va travailler à s’améliorer constamment tout au long de la saison pour être au sommet de nos capacités au bon moment. C’est clair qu’on vise le championnat. Maintenant, il s’agit de voir tout le travail à faire. »

Chez le Rouge et Or, qui a terminé troisième la saison dernière, le situation est beaucoup plus stable. Seul le central Hugo Henderson a quitté parmi le noyau qui formait l’équipe partante la saison dernière. Et quand on constate ce que plusieurs joueurs ont accompli sur le plan individuel en 22-23, il y a lieu de croire que le Rouge et Or ne sera pas une rpoie facile.

Le central Hugo Henderson ne sera pas de retour. Ainsi, en plus de Jonathan Girard, meilleur bloqueur au Canada l’an passé, on misera sur l’ancien de St-Jean Jonathan Addy. Ça fait un duo de centraux de 6’7.

Les attaquants Nicolas Fortin et Max Losier ont été des machines à kills la saison dernière. Ils ont terminé respectivement 1er et 4e au Canada pour le nombre d’attaques marquantes par manche. Le passeur de 6’6 Charles St-Aubin, nommé recrue de l’année au RSEQ et membre de l’équipe d’étoiles des recrues U Sports, ainsi que le libéro William Bergeron, premier au chapitre des récupérations défensives l’an dernier au pays, auront une année de plus derrière la cravate.

Nicolas Fortin / Crédit photo : Yan Doublet

Et que dire des recrues Xavier Desfossés, Terell Tchouassi et Anthony Urbain? Des attaquants très talentueux de 6’5 et 6’4 qui auront l’occasion de se battre pour un poste de réceptionneur/attaquant. Sans oublier le vétéran Patrick Minville.

D’ailleurs, surveillez Anthony Urbain. Non seulement est-il un excellent joueur de volleyball (équipe d’étoiles du RSEQ), mais cet étudiant en médecine a aussi reçu le prix Coup de coeur au dernier gala de Volleyball Québec pour ses réalisations ainsi que son implication bénévole auprès des jeunes.

Bref, ce groupe aura certainement son mot à dire avant que ne soit donnée la bannière de champions provinciaux.

Le vétéran Nicolas Fortin, qui en sera à sa dernière année, n’hésite pas à parler de championnat provincial et canadien, mais il insiste pour dire qu’il y a des étapes avant de penser à la finalité. « Avec notre coach Gino Brousseau (NDLR : une véritable légende du volleyball canadien), on a établi nos cibles pour la saison. Et parmi elles, il y a notre façon de gérer nos entraînements pour s’assurer de rester en forme toute l’année et éviter les baisses de régime en fin de saison. »

« On veut être bon au bloc et en défense. On veut aussi être plus agressifs au service tout en évitant les erreurs », ajoute celui qui a été choisi sur la deuxième équipe d’étoiles U Sports en 2023.

Fortin maintient une moyenne de 4,55 attaques marquantes par manche depuis deux ans. Loin devant tout le monde au RSEQ. Et il aimerait bien garder son titre canadien encore une fois pour aider les siens à gagner. « Je veux d’abord être en mesure d’être en santé toute l’année. Oui, je veux encore être le meilleur au Canada pour les kills par set, mais je veux surtout finir avec un titre de champion et aller au championnat canadien. »

Pour se préparer à cette éventualité, l’équipe de Québec ira jouer quelques matchs hors-concours durant les Fêtes face à des rivaux ontariens, question de voir autre chose et s’habituer à un autre type de volleyball.

En plus des équipes de Sherbrooke, Montréal et Laval, la conférence québécoise inclut deux équipes des Maritimes, soit les formations des universités Dalhousie et du Nouveau-Brunswick. Depuis leur entrée dans le RSEQ en 2018-2019, aucune d’elle n’a fait mieux qu’une troisième place.

Chez les Tigers de Dalhousie, on retrouvera encore cette année l’attaquant étoile de 6’7 Michael Donovan, le central de 6’8 Lucas Condon-Oldreive (4e meilleur bloqueur du RSEQ en 22-23) et l’excellent libéro Owen Tran. Ils ont cependant perdu les services de leur passeur Quinton Dowling.

Tandis que les Reds de UNB seront menés par leur as attaquant originaire du Brésil Rafael Hilario. Emil Pederson, le joueur de 2 de 6’8, en sera à sa deuxième saison au niveau universitaire. La formation néo-brunswickoise sera toutefois privée de Garrett Dickson qui a terminé sa carrière. Et si on se fie aux matchs pré-saison, le rôle de passeur sera confié à Lucas Maffia, qui a passé les deux dernières saisons avec les Chargers de Camosun, champions canadiens au niveau collégial.

Donc, si on se fie aux propos entendus, le Rouge et Or semble être l’équipe la mieux positionnée pour déranger les champions en titre. Du moins en début de saison. D’ailleurs, Laval est l’équipe qui a soutiré le plus de manches à Sherbrooke en saison régulière.

« On n’a pas vu Laval en pré-saison. Mais ils perdent peu de joueurs, donc ils devraient être forts en début de saison. Et même si on a gagné tous nos matchs contre eux la saison dernière, il y en a eu plusieurs qui ont été très serrés. », analyse Zachary Hollands en faisant notamment référence aux deux premiers affrontements de la saison entre les deux équipes. Sherbrooke avait dû revenir de l’arrière pour l’emporter en cinq manches à chaque fois.

Pour Nicolas Fortin, le Vert & Or représente un défi stimulant. « Ils ont dominé l’an passé, mais on voit ça comme un beau challenge. Ça nous oblige à aller chercher au fond nous. »

Les hostilités s’amorcent ce vendredi alors que les formations des Maritimes sont en visite en terre québécoise. Dalhousie affronte Sherbrooke à 18h et une seconde fois samedi à 13h. L’horaire sera le même pour UNB qui sera au CEPSUM. Le Rouge et Or sera quant à lui au Nouveau-Brunswick la semaine prochaine.