La saison de volleyball universitaire féminin s’amorce en fin de semaine. Six des huit équipes du RSEQ seront en action dès vendredi soir et déjà on sait que chaque match aura un impact sur la course à une place en éliminatoires. Mais ce qui rend cette saison si spéciale, c’est qu’elle marquera la fin du parcours universitaire pour une panoplie de joueuses vedettes.

Les Sabrina Mayer, Charlène Robitaille, Victoria Iannotti, Olympe Desmedt et Emma Bergeron, toutes nommées sur la première équipe d’étoiles du RSEQ la saison dernière, en seront à leur dernier tour de piste. La volonté de quitter sur la plus haute note possible est donc présente chez de nombreuses leaders partout dans le circuit.

« On veut gagner le championnat canadien. Alain (Pelletier, l’entraîneur-chef) nous donne des objectifs élevés chaque jour pour qu’on continue de s’améliorer », nous confie la joueuse par excellence au RSEQ l’an passé, Sabrina Mayer. L’attaquante des Citadins a vécu de grandes premières avec ses coéquipières en 2022-2023. Une première finale provinciale, un premier championnat et une première présence au championnat canadien pour l’UQAM.

Sabrina Mayer / Crédit photo : Siuxy Sports

Elle souhaite évidemment revivre ces moments une dernière fois. « Je ne veux pas que ça finisse, mais je veux aussi prendre la saison comme une autre pour être certaine de me concentrer sur les bonnes choses, être avec mes coéquipières et vivre ma passion. Je souhaite transmettre cette passion et mon éthique de travail aux plus jeunes. Leur montrer ce que c’est faire partie des Citadins », ajoute celle qui a dominé la ligue au chapitre des attaques marquantes et des as au service.

Cette volonté de tout donner tout en pensant à passer le flambeau aux plus jeunes est aussi présente chez d’autres vétéranes du circuit.

Victoria Iannotti des Martlets de McGill est une des attaquantes les plus redoutées depuis plusieurs années et elle est reconnaissante de ce qu’elle a vécu au fil des années. « Au départ, mon but était de jouer universitaire. Ensuite, je voulais être de la cohorte qui allait remporter un championnat provincial. On l’a fait. Maintenant, on est plusieurs à être à la fin et on veut tout donner pour que cette dernière saison soit une belle expérience. En tant que capitaine, je veux aussi transmettre le niveau d’engagement que ça prend aux plus jeunes. »

C’est la même chose pour Emma Bergeron, passeuse chez le Vert & Or de Sherbrooke. « Je m’attends à une belle dernière saison. Je veux en profiter. On vise le championnat provincial et une place au championnat canadien. On a une bonne équipe avec beaucoup de profondeur et plusieurs très bonnes jeunes joueuses. Ça augure bien pour l’avenir. » Puis sur une note plus personnelle et avec le sourire, elle ajoute : « Je veux une bannière pour l’université, mais aussi ma casquette que je pourrai accrocher à côté de celles de mon chum (Sébastien Lapensée, membre de l’équipe championne du Vert & Or au cours des deux dernières années) ».

Chez Olympe Desmedt des Carabins de l’Université de Montréal, on sent aussi ce désir d’y aller à fond pour cette dernière campagne. « On vise les canadiens. Les finissantes de l’équipe l’ont déjà vécu. Mais ce sera intense, toutes les autres équipes vont être au même niveau, avec les mêmes grandes joueuses. Cette année, on veut avoir une mentalité de tout ou rien et je veux montrer l’exemple, ne jamais lâcher. »

Olympe Desmedt / Crédit photo : James Hajjar

Le Rouge et Or aussi sera certainement de la bataille avec une profondeur renouvelée. Et si on se fie aux propos de leur passeuse, les Patriotes de l’UQTR ont bien l’intention de s’inviter à la fête.

Pour Justine Raymond, attaquante étoile à l’Université Laval, la saison dernière a fait mal. « On a été très amères de ne pas réussir à participer aux séries éliminatoires l’an passé. Des mauvaises exécutions dans des moments importants qui au final nous ont coûté des victoires. Et puis, il y a eu des blessures qui ont modifié plusieurs choses. Cette année ce sera différent. »

Différent assurément pour Raymond, car celle qui a passé l’essentiel de son parcours au poste de centrale a été mutée en 2 durant la dernière saison. Elle évoluera désormais à temps plein dans ce rôle.

Rachel St-Amand de son côté n’a pas hésité à annoncer que les objectifs de sa formation, les Patriotes de l’UQTR, étaient de grimper au classement. « Dans les dernières années, le programme se bâtissait et nos objectifs étaient réalistes. Maintenant, les choses sont placées et on est prête pour le prochaine niveau. C’est motivant de jouer avec le sentiment de pouvoir gagner. »

Et parlant de programme qui se bâtit, le circuit universitaire de volleyball québécois comptera une nouvelle équipe dans ses rangs. En effet, l’Inuk de l’UQAC fait son entrée en division 1.

Bien que l’attaquante Élodie Rousselle soit bien consciente de la marche qu’il y aura à monter, elle mentionne que son équipe se concentrera sur elle-même et ses objectifs. « Ce sera spécial de jouer contre des filles qu’on a regardées et qu’on admire. Mais on veut se concentrer sur nous. On veut s’améliorer et surtout ne laisser la place à aucun sentiment négatif ou de défaitisme. On n’arrive pas là avec un sentiment d’infériorité. »

Rousselle ajoute : « L’université a mis beaucoup d’efforts pour améliorer notre encadrement, faire de la publicité et revaloriser le sport. Si ça peut inciter des filles du collégial comme celles de Jonquière en D1 à rester dans la région ou à d’autres de venir étudier ici, ce sera un bel accomplissement. L’ambiance qui est en train de se créer ici entre les différents programmes sportifs qui vont s’encourager entre eux est vraiment belle. »

Photo tirée de la page Facebook de l’Inuk de l’UQAC

2022-2023 aura été une saison haute en couleurs.

Les Citadins de l’UQAM ont mis la main sur un premier titre provincial dans l’histoire du programme. Elles ont vaincu au passage le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke qui s’était taillé une place en 1/2 finale en toute fin de calendrier avant de gagner face aux championnes en titre, les Martlets de McGill. Ces dernières avaient d’ailleurs eu besoin d’une manche ultime lors du 3e match de leur demi-finale contre Montréal pour s’assurer une place en finale. Un des matchs les plus enlevants de la saison, tous sports confondus.

La prochaine s’annonce tout aussi palpitante. On devrait nous offrir beaucoup de beaux moments. Le niveau est très élevé et la parité sera encore très grande.

Pour les Citadins, cinq des six joueuses partantes seront de retour. Outre Sabrina Mayer, la recrue par excellence Anica Pineault, la passeuse étoile Noémie Gagné, l’attaquante Laura Côté-Collin et la centrale Erlande Dacilia feront encore partie du noyau. La centrale Sarah-Jade Goulet n’y sera plus cependant, tout comme la libéro Ariane Pelosse-Brunelle ainsi que l’attaquante Gabrielle Cloutier. Une occasion à saisir pour des jeunes comme Justine Dubreuil et Juliette Gosselin notamment. Car en effet, si la formation partante n’a pas trop bougé, la profondeur de l’équipe a changé.

Cependant, le plus gros changement à l’UQAM se situe sur le banc. Entraîneur adjoint chez les Citadins depuis 2015, Alain Pelletier a pris la relève de Claude Tremblay qui a quitté après la dernière saison, pour finalement aller joindre les rangs du Vert & Or. À noter aussi la présence de Gabrielle Archambault dans le personnel. L’ancienne joueuse étoile des Citadins, qui a passé la dernière année en Europe chez les pros, a certainement été à la base de la culture gagnante que le programme a bâti dans les dernières années. Sa présence et son leadership seront certainement fort appréciés.

« On voit beaucoup de positif avec la prise en charge de l’équipe par Alain », m’a confié Sabrina Mayer, qui a laissé son titre de capitaine à Pineault. « On connaît nos rôles, tout est clair et il y a beaucoup de répétitions à l’entraînement. C’est un coach très organisé, cartésien. Et l’arrivée de plusieurs nouvelles joueuses nous oblige à réapprendre à jouer ensemble. Mais on travaille fort parce qu’on a besoin de s’améliorer encore pour aller gagner le championnat canadien », raconte l’attaquante étoile.

Les finalistes, les Martlets de McGill, ont aussi pris part au championnat canadien. Championne du RSEQ la saison précédente, la troupe de Rachèle Béliveau formera encore une des équipes les plus redoutables. Charlène Robitaille, Victoria Ianotti, Audrey Trottier, Clara Poiré, Rachel Leduc et Meaghan Smith n’ont certainement pas régressé cet été. Ça fait longtemps qu’elles jouent ensemble et elles savent comment gagner.

La prolifique attaquante Victoria Iannotti explique quand même que tout est à recommencer à chaque année. « On a perdu Catherine Vercheval notre libéro et on intègre trois nouvelles recrues qui amènent une belle énergie. C’est une nouvelle équipe chaque année parce que chaque joueuse évolue. Il faut constamment chercher à mieux se comprendre entre nous. Il faut faire attention à ne pas penser que ça va être facile parce qu’on se connaît. Il faut continuer à travailler pour gagner en constance. »

Victoria Iannotti / Crédit photo : Matt Garies – McGill Athletics

Ce sera intéressant dans le cas des Carabins dirigés par Olivier Trudel. De nouveaux visages devront chausser de grands souliers avec les départs des Gabrielle Fortin et Maude Babin notamment ainsi que celui de la deuxième passeuse Alexane Derome. « Laurence Huard et Naomie Babii font très bien et elles se démarquent à l’entraînement. Mais ça reste à voir qui commencera la saison. Il reste que ça évolue tout le temps et plus il y a de joueuses qui peuvent faire le travail, mieux ce sera », nous raconte Olympe Desmedt, seule autre attaquante du RSEQ à part Mayer et Ianotti avec une moyenne supérieure à trois attaques marquantes par set depuis deux ans..

Fait à noter, les Carabins ont terminé au troisième rang la saison dernière, mais elles ont remporté plus de sets et en ont perdu moins que quiconque dans le circuit universitaire du RSEQ avec 46 manches gagnées contre 23 perdues.

Les soeurs Sarah (passeuse) et Brittany (libéro) McGlashan seront aussi de retour. Sarah a terminé deuxième pour le nombre de passes décisives par set la saison dernière alors que Britanny a été la championne en défense avec une moyenne de 3,52 récupérations par manche. L’attaquante Florence Cloutier ainsi que les centrales Myriam Kayser-Tourigny et Milica Djordjevic feront également partie du noyau. Et n’oublions pas la recrue Charlotte Gallant, une solide bloqueuse au niveau collégial avec les Lynx d’Édouard-Montpetit.

Le Vert & Or de Sherbrooke, qui a terminé au 4e rang la saison dernière, a aussi un nouvel entraîneur-chef à sa tête. Claude Tremblay est ainsi passé de l’UQAM à Sherbrooke durant l’entre-saison pour succéder au duo Annie Martin-Annie Lévesque.

« Après le départ des Annie, Sylvain Croteau, le responsable des sports, est venu nous rencontrer pour savoir ce qu’on cherchait comme type d’entraîneur. On a mentionné qu’on voulait quelqu’un d’expérience et qu’on voulait gagner. Claude était un choix logique », nous raconte Emma Bergeron. Elle ajoute : « L’approche d’un homme et d’une femme n’est pas la même. On voulait quelqu’un avec de la drive qui allait nous pousser vers nos objectifs. Avant, on était dans le moment présent et on voulait toujours garder une attitude positive et c’était très bien. Maintenant, on veut regarder plus loin. »

Emma Bergeron / Crédit photo : Yves Longpré

La vétérane croit certainement aux chances de son équipe. Mentionnant la grande profondeur de l’équipe, elle nous fait aussi remarquer qu’en plus du retour des Jaël-Esther Telfort, Gabrielle Minier et Jade Barrette, le Vert & Or pourra miser sur l’arrivée d’Alissa Veilleux qui a transféré des Patriotes de l’UQTR. Veilleux a été une des meilleures attaquantes du RSEQ au cours des deux dernières saisons.

En ajoutant à ce noyau des recrues de talent comme Maëlle Tournier, Britanie Maranda et Elle-Marie Filion, il y aura effectivement de quoi espérer de grande choses malgré les départs de Catherine Lavigne, Camille Thériault et de la grande Marianne Boucher.

En ce qui concerne l’arrivée de la passeuse Elle-Marie Filion, Bergeron veut l’aider à évoluer. « Bien sûr que je veux jouer le plus possible, mais je veux aussi la voir sur le terrain pour qu’elle puisse apprendre. Oui, j’ai des choses à lui transmettre, mais j’apprends aussi beaucoup d’elle. »

Chez le Rouge et Or de l’Université Laval, Olivier Faucher a sous la main un groupe talentueux avec Justine Raymond, Éloïse Ross-Tremblay, qui en sera aussi à sa dernière saison, et la capitaine Béatrice Lamarche en tête de lice. Les attaquantes recevront toutefois leurs passes de Marie-Justine Couture plutôt que d’Émie Gaboury. « Depuis le mois de mai, on a travaillé en musculation et la reprise des entraînements réguliers s’est fait au début du mois d’août avec un nouveau groupe », nous explique la joueuse étoile Justine Raymond.

Justine Raymond / Crédit photo : Mathieu Bélanger

Celle qui a été la deuxième meilleure marqueuse du RSEQ derrière Sabrina Mayer avec une moyenne de 3,90 points par manche en 2022-2023 aime bien ce qu’elle voit à l’entraînement. « Le système de jeu est mieux défini cette année. L’an passé, on avait des schémas plus standards, mais cette année on va amener plus de créativité. Notre équipe n’est pas la plus physique alors on met beaucoup d’emphase sur notre défensive. C’est quelque chose pour lequel Laval était reconnu dans le passé. C’est important pour nous. »

À Trois-Rivières, Marie-Christine Mondor devra composer avec le départ de son attaquante vedette Alissa Veilleux pour Sherbrooke. Mais la passeuse Rachel St-Amand est confiante malgré cela. « L’ambiance est bonne et les recrues sont motivées. Il y a de belles surprises au camp mais ça reste à voir qui sera sur l’équipe partante. On a une bonne profondeur cette année et on a plus de grandes joueuses maintenant. Ça va nous aider. »

L’attaquante Laurence Flamand sera de retour, mais pour une demi-saison seulement. Ophélie Pageau a terminé son parcours. Mais on s’attend à de belles choses de la part de recrues comme Audréanne Couturier et Émilie Deblois. Puis les vétéranes Amélie Filion et Ariane Marois seront de retour.

Rachel St-Amand / Crédit photo : Simon Lahaye

Pour l’UQAC, tout est à bâtir, mais le nouvel entraîneur-chef Ghyslain Bergeron misera sur les soeurs Élodie et Lorianne Rousselle, Mélina Gagnon, Mégan Simard et Chrystell Bergeron en plus de sept recrues. À noter que l’attaquante Laurie-Ann Wells a quitté l’UQAC pour aller joindre les rangs des Citadins de l’UQAM.

Bergeron a décidé de partir de la base avec son programme et ce sera intéressant de voir le développement de cette formation. Élodie Rousselle a d’ailleurs bien aimé son approche : « Il a vraiment cherché à nous connaître et il nous a essayées à différentes positions pour vraiment voir où chacune des filles pourra le mieux aider l’équipe, peu importe où on jouait avant. »

Ça commence donc ce vendredi et je ne saurais assez insister sur le plaisir que vous aurez à assister à un match cette saison. Un si beau sport pratiqué à haut niveau par autant d’équipes ambitieuses, c’est du bonbon assuré. Et avant de célébrer la fin de cette grande génération du volleyball féminin québécois, il faudra en apprécier chaque moment restant.

Et je vous invite également à regarder ce qui se passe du côté collégial D1. L’affrontement entre Jonquière et Édouard-Montpetit ce vendredi soir promet de grandes choses avec notamment Florence Lapointe et Ann-Sophie Charette pour les Gaillards et Oriane Racine ainsi que Sophie Descheneaux pour les Lynx.

Bonne saison!