Crédit photo : Rouge et Or

Le Rouge et Or de l’Université Laval est roi et maître du football universitaire canadien. Champions en titres de la coupe Vanier, les hommes de Glen Constantin sont habités par l’esprit des gagnants. Un état difficile à cerner, mais qui différencie les grands joueurs et les grandes organisations. Est-ce que ça place de facto le Rouge et Or largement favori pour 2023?

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En entrevue, Glen Constantin a confié à Bulletinsportif que ce n’est pas le championnat acquis à l’automne 2022 qui va modifier la façon dont les adversaires vont regarder son équipe cette année. « Oui, nous avons gagné la coupe Vanier et pour ce groupe-ci, c’était la première fois. Mais au sein de notre organisation, notre culture tourne autour de la victoire depuis longtemps. On sait que ceux qui viennent nous affronter vont toujours être bien préparés et motivés. Ça ne changera pas parce qu’on a gagné l’an passé. »

Marc Fortier et Glen Constantin / Crédit : Mathieu Bélanger

Ce que ça prend pour gagner, le groupe d’entraîneurs du Rouge et Or connaît ça et le transmet quotidiennement à ses joueurs. Après une année 2021 qui avait laissé plusieurs observateurs – et même les entraîneurs de l’équipe – sur leur appétit, nous étions plusieurs à croire que les Carabins avaient une fenêtre ouverte pour surpasser le géant de Québec. Le Rouge et Or s’est assuré de la maintenir fermée. Du moins pour une année.

L’unité offensive de Justin Éthier était pratiquement sans faille. Un jeu efficace. Une attaque aérienne dévastatrice menée par le duo Desjardins-Mital. Une ligne qui n’a accordé que 9 sacs. Une diversité dans le choix de jeu et dans la distribution du ballon. À la fin de la saison, Kevin Mital a été auréolé du titre de joueur par excellence au Canada. Arnaud Desjardins fut nommé sur la première équipe d’étoiles au pays. Nathaniel Dumoulin-Duguay et Nicolas Guay ont aussi été choisis comme représentants du Rouge et Or sur la ligne offensive toute étoile canadienne.

Nicolas Guay a pris sa retraite pour se concentrer sur son avenir dans le génie civil. Le centre-arrière David Dallaire également a quitté l’équipe, pour passer chez les pros. Pour le reste, les joueurs étoiles sont de retour. Ceux qui quittent seront remplacés par d’autres non moins talentueux.

Selon Constantin lui-même, le transfert de Louisville, Maxime-Olivier Cabana fait très, très bien au camp. La bataille est belle pour les postes à prendre sur la ligne. Nicolas Genest, transfert de Sherbrooke, semble le favori pour ravir le poste de centre partant, mais Étienne Cloutier pourrait aussi très bien être le choix de Carl Brennan. Samuel Quévillon et Nicolas Masri-Fliss devraient aussi être du groupe de partants.

Parmi les nouveaux visages à surveiller dans le champ arrière, Angel Vital (Vanier) et Shawn Valentine (John-Abbott) pourraient palier le départ du vétéran Joanik Masse. Alex Duff, blessé, ne sera pas du premier match. Ceci dit, Kalenga Muganda est clairement et de loin le porteur numéro 1 de cette équipe lorsqu’il est en santé. Gabriel Leblond et Theodore Seaborn auront leur part de portée également.

Kalenga Muganda / Crédit : Mathieu Bélanger

Mathieu Bertrand, qui en plus d’avoir supervisé l’extraordinaire travail de recrutement du Rouge et Or, s’occupe des centre-arrières. Il se dit confiant de trouver une relève digne de ce nom à Dallaire. Je vais toutefois attendre de voir avant de me prononcer. Dallaire a été exceptionnel en 2022 et on ne trouve pas ce genre de joueur dans un sac surprise au dépanneur.

Le groupe de receveurs demeure très relevé. Mital, bien sûr, mais Édouard Arsenault et Frédéric Antoine sont extrêmement talentueux. Isaac Gaillardetz et Andrew Menzies ont connu un excellent camp. Et on a ajouté des gars comme Olivier Cool, Enzo Dihoulou et Nathan Lacasse à ce groupe. Arnaud Desjardins, Thomas Bolduc et le nouveau-venu Victor Charland ont amplement de bons joueurs à qui distribuer le ballon et pour quelques années encore.

Et j’ai beau nommer les trois pivots de l’équipe, cette équipe est celle d’Arnaud Desjardins. Le grand quart n’obttient pas toujours le crédit qui lui est dû pour les succès des siens. Et ça ne date pas d’hier. Alors qu’il avait battu le record pour le nombre de passes de touchés en une saison au collégial, il s’en est trouvé plusieurs pour mettre de l’avant les armes qu’il avait sous la main pour justifier ses prouesses. On l’a fait encore la saison dernière en clamant qu’il n’avait qu’à remettre la ballon à Mital.

Arnaud Desjardins et Kevin Mital / Crédit : Rouge et Or

Néanmoins, c’est à lui qu’on confie cette tâche. Rappelons-nous il y a deux ans quand il a pris la relève de Thomas Bolduc. Ce dernier est loin d’être un pied de céleri, mais force a été de constater que Desjardins a mieux su faire produire son groupe. Le calme, la précision de ses passes, sa lecture de jeu en font un joueur élite qui a autant son mot à dire dans les victoires que la ligne offensive ainsi que les Muganda et Mital.

En défensive, si imperfection il y avait l’an passé, c’est peut-être là qu’elle était.

La ligne menée par celui que je considère comme le meilleur au Canada à cette position, Jean-William Rouleau, a terminé 3e au pays pour les verges accordées au sol, un rang derrière Montréal et 6e avec 20 sacs. William Quenneville a accompagné Rouleau sur l’équipe d’étoiles du RSEQ. L’ailier Yanis Chihat a terminé son parcours universitaire.

Jean-William Rouleau / Crédit : Rouge et Or

Christophe Lévesque, recrue en provenance de Champlain-Lennoxville, fait très bien selon les dires de Glen Constantin. Le gaillard de 6’5 et 275 livres a été dominant toute la dernière saison au niveau collégial et ce n’est pas surprenant de le voir exceller déjà au prochain niveau. L’ailier défensif Jacob Jinchereau, de Grasset, a aussi été une très grosse prise de Bertrand et sa bande cet hiver.

Chez les secondeurs, le colosse Alec Poirier manquera certainement au milieu de la défense. Sa présence en a fait réfléchir plus d’un au fil des années. Cependant, même si la place est à prendre, je serais surpris si Justin Cloutier, joueur défensif par excellence au niveau collégial au cours des deux dernières saisons, n’avait pas rapidement sa chance lorsqu’il sera remis de sa blessure à un pied.

Un autre des Cougars de Champlain-Lennoxville, Christophe St-Hilaire s’est démarqué aux yeux de l’entraîneur-chef. Charles-Alexandre Jacques sera certainement partant, lui qui a connu un grand match de la coupe Vanier en 2022.

Avant l’arrivée de Cloutier, cette brigade sera correcte, sans plus. On verra une fois que le prodige de Limoilou aura fait son entrée.

La tertiaire devrait nous permettre de voir un beau mélange de vétérans et de recrues. Maxym Lavallée revient pour une last ride, comme le mentionne avec fierté son père sur les réseaux sociaux. Le demi défensif tout étoile sera le meneur incontesté du groupe. En compagnie de Félix Petit et Christophe Beaulieu, ils formeront un noyau solide. Pas spectaculaire, mais qui abat le boulot. Arnaud Laporte, Thomas Landry et Anton Haie seront aussi du lot.

Là où on aura les yeux tournés, c’est au poste de demi de coin. Jordan Lessard, joueur défensif par excellence en D2 avec John Abbott l’an passé, et Emil Barthélémy, d’Édouard-Montpetit, sont bien placés dans la course à la titularisation. Deux athlètes de 6’2 qui donneront du fil à retordre aux meilleurs receveurs éloignés du circuit plus tôt que tard.

Les unités spéciales seront une autre facette où il sera difficile de battre Laval. Vincent Blanchard est un botteur très solide. Son efficacité autant sur les placements que les dégagements et les bottés d’envoi lui ont valu une nomination sur l’équipe d’étoiles du RSEQ. Hâte de voir si le pied puissant de la recrue de Limoilou Felipe Forteza sera utilisé cette saison.

Alex Duff a agi comme principal retourneur en 2022. Olivier Cool qui a fait la pluie et le beau temps à Montmorency depuis deux ans sera certainement testé éventuellement.

Alors?, le Rouge et Or est-il détrônable? Sur papier, il est évident à mes yeux que les Carabins auront leur chance. Et puis, les gros programmes ailleurs au Canada ne sont pas à prendre à la légère non plus. Donc, froidement, il faut répondre que oui, le Rouge et Or pourrait être déboulonné de son socle à la fin de la saison 2023.

Mais jusqu’à preuve du contraire, il faut les considérer comme favoris. Parce qu’ils sont gagné, parce que la majorité de leurs joueurs étoiles sont de retour et que le talent leur sort par les oreilles. Aussi parce qu’ils sont encore le meilleur groupe d’entraîneurs au Canada. Un groupe qui pourrait prendre en charge une équipe de la LCF demain matin. Alors qui peut leur causer le plus de soucis?

Outre les Carabins qui ont certainement autant de talent qu’eux, il y a d’abord le Rouge et Or lui-même. Je ne suis pas inquiet à savoir s’ils vont arriver avec un trop plein de confiance ou non. Ce sera bien géré. Mais est-ce que des distractions pourraient survenir?

Pour le moment le cas de Kevin Mital ne cause pas de vagues. De l’aveu de Constantin, c’est quelque chose dont on aurait aimé se passer, mais ça n’a pas dérangé la préparation. « Kevin a adressé la question avec ses coéquipiers. Il l’a fait de son propre chef et on est passé à autre chose. C’est la seule fois où on en a parlé », m’a-t-il confié.

On verra au 7 septembre et après. Au moment où Mital devra se présenter à la Cour municipale pour enregistrer son plaidoyer de culpabilité. La réaction de l’université, les questions des médias, les réseaux sociaux. Pour le moment, il ne sert à rien de spéculer et bien que je veuille bien condamner la violence, je souhaite sincèrement que Mital puisse en tirer la leçon qui lui revient et qu’il puisse profiter du reste de ce qui sera vraisemblablement sa dernière saison au niveau universitaire. Il mérite certainement plus de fleurs que de pots pour sa carrière, selon ce que j’en sais.

Pour voir ou revoir l’épisode du podcast Bulletinsportif sur la saison de football universitaire à venir, c’est ici…